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Une précurseure : Lalla Fatma N’Soumer, résistante à la colonisation

lundi 5 octobre 2020, par Danièle Malley Champeaux , Marlène Tuininga

Dès 1830, la France a cherché à coloniser l’Algérie. « 1830 », c’est aussi l’année de naissance d’une femme kabyle, Fatma N’Soumer à qui on donnera plus tard le nom honorifique de ‘Lalla’. Lalla a 20 ans, quand à la tête d’une armée d’insurgés, elle gagne une bataille contre l’armée française près d’un village qui désormais porte son nom Soumer. Elle est morte dans une prison française à l’âge de 33 ans.

Lalla Fatma N’Soumer (1830 – 1863) une Kabyle ayant résisté à la conquête de l’Algérie par la France dans les années 1850.

L’école coranique

Lalla Fatma N’SoumerLalla Fatma N’Soumer naît en 1830 en Haute Kabylie, dans le village de Werja (actuel Abi Youcef ou At Bu Yusek en kabyle, situé au nord de l’Algérie). Elle a quatre frères aînés et son père est le chef d’une école coranique. L’année de sa naissance, trois ans après le début de la Guerre d’Alger, la France lance une violente campagne de colonisation de l’Algérie. D’abord dirigée contre Alger, elle s’étend rapidement au reste du pays et en particulier à la Kabylie. Fatma grandit dans ce contexte et développe une profonde aversion pour les colonisateurs.

Les récits racontent que le père de Fatma cherche à la marier alors qu’elle s’y refuse. Finalement mariée à son cousin, Fatma se refuse à lui et se cloitre dans sa chambre, se consacrant à la prière, jusqu’à ce que la famille la renvoie chez ses parents. A la mort de son père, Fatma rejoint son frère Si Tayeb à Soumer, où il dirige une école coranique. Elle y prend alors le nom de Fatma N’Soumer et assiste son frère pour la direction de l’école, se consacrant particulièrement aux enfants et aux pauvres et acquérant une excellente réputation. Appartenant à la confrérie Rahmaniya, confrérie musulmane soufie, elle semble avoir été considérée comme une sorte de prophétesse.

La lutte contre les troupes françaises

Lorsque les troupes légionnaires françaises pénètrent dans la région du Djurdjura (chaîne montagneuse au nord de la Kabylie), Mohammed Lamjad ben Abdelmalek, dit le Cherif Boubaghla, initie un grand mouvement de révolte populaire kabyle. Lalla Fatma N’Soumer s’y joint immédiatement, d’abord en récoltant les denrées utiles pour les insurgés, puis en prenant activement part à la défense du pays. Sans manier d’armes elle-même, elle exhorte, rallie et inspire les troupes, qu’elle mène au combat. Elle participe à la stratégie et accède jusqu’à des assemblées réservées aux hommes, gagnant le titre de Lalla, titre honorifique réservé aux femmes en raison de leur âge ou de leur rang. En 1854, à la mort du Chérif Boubaghla, elle poursuit la lutte et remporte plusieurs victoires.

Les Français demandent alors des renforts et, en 1857, les insurgés kabyles se retrouvent face à une armée de 35 000 hommes. Fatma appelle ses troupes à se battre jusqu’au bout pour protéger la liberté du pays, mais perd la bataille. Le 27 juillet 1857, elle est arrêtée et emprisonnée, puis placée en résidence surveillée. Le mouvement ne survit pas à cette capture et la campagne de Djurdjura s’achève avec l’arrestation de Fatma.

Lalla Fatma N’Soumer meurt en captivité à l’âge de 33 ans, en 1863.

Source :
https://histoireparlesfemmes.com/2016/01/05/lalla-fatma-nsoumer-resistante-a-la-colonisation/

Liens utiles

Malha Benbrahim, Documents sur Fadhma N’Soumeur (1830-1861)
La résistance kabyle menée par une femme
Fatma N’Soumer
La fiche Wikipédia de Lalla Fatma N’Soumer