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Une intervention à voix multiples au Lycée polyvalent Louise Michel, à Gisors, dans l’Eure, le 22 mai 2018

dimanche 17 juin 2018, par François-Xavier Ricard

La proviseure-adjointe et trois professeurs d’histoire-géographie, Clémence, Guillaume et Virgile, nous accueillent aux environs de 9 heures. Nous sommes cinq : Abdelati Laoufi, Brahim Senouci, Sali Saouchi, trois amis porteurs, au-delà de leurs mémoires individuelles, des mémoires de leurs familles et du peuple algérien pendant la guerre d’Algérie, ainsi que deux anciens appelés 4acg : Michel Berthélémy et François-Xavier Ricard.

Le matin, une bonne cinquantaine de lycéennes et lycéens nous rejoignent, une classe de Première, une classe de Terminale. L’après-midi, nous rencontrerons deux autres classes, également Première et Terminale.

Nous présentons la 4acg, les circonstances de sa création, ses objectifs, ses activités. Nous nous présentons chacun en quelques mots, trop brièvement sans doute pour, d’entrée de jeu, offrir nous-mêmes quelque matière aux questions des élèves.
Les questions ne nous surprennent pas, nous en avons une certaine habitude, mais nous sentons bien que, pour celle ou celui qui la pose, la question est importante, et que notre façon de répondre, nos mots, seront importants. Cela donne à nos échanges un rythme posé, où nous prenons le temps de réfléchir, de nous distribuer la parole, de solliciter une autre question. Ils sont tous attentifs, plusieurs prennent des notes, et quelques-uns s’attarderont, après les échanges collectifs, avec tel ou tel d’entre nous pour prolonger la discussion.

Les questions s’adressent tantôt à nous cinq, tantôt aux anciens appelés, tantôt à ceux qui, pendant leur enfance et/ou leur adolescence, ont vécu cette guerre au sein du peuple algérien. « Avez-vous subi des traumatismes ? », « Etiez-vous d’accord pour aller en Algérie ? », « Y a-t-il eu dans votre famille quelqu’un qui était combattant du FLN ? », « Quelles étaient les relations entre Français et Algériens ? », « Comment ça s’est passé pour vous (anciens appelés) quand vous êtes revenus d’Algérie ? », « On dit que beaucoup n’ont pas parlé, pourquoi ? », « Est-ce que les Algériens ont du ressentiment ou de la haine vis-à-vis de la France et des Français », « Quelles sont les traces de cette guerre dans la jeunesse algérienne d’aujourd’hui », « Qu’est-ce que vous pensez de de Gaulle ? » Un dialogue s’engage aussi au sujet de la place des Kabyles et de la langue berbère dans l’histoire et dans la société algérienne d’aujourd’hui. Ce ne sont que quelques exemples.

Une quinzaine de lycéennes et lycéens ont rédigé ensuite une brève évaluation. Ils ne sont pas assez nombreux pour que cela soit représentatif des réactions de plus de cent élèves. Mais elles sont au moins éclairantes et utiles. Outre les mots « merci », « enrichissant », « intéressant », « émouvant », « courageux de nous parler », qui reviennent plusieurs fois, je retiens juste quelques brèves phrases.
  « Nous avons pu entendre les témoignages de personnes possédant différents points de vue de cette guerre ».
  « On a parfois du mal à se rendre compte du désastre de la guerre jusqu’à ce que cela nous touche personnellement »,
  « … voir sous un autre angle la guerre d’Algérie, en ne se fiant pas seulement aux manuels, mais en s’appuyant sur des témoignages ».
  « Ce sont ces mémoires des deux ennemis du passé qui font l’histoire ».
  « J’ai aimé entendre chacune de vos anecdotes, j’ai aimé ce côté « brut » que vous ne cachiez pas ».
  « J’aimerais, plus tard, pouvoir moi aussi dégager une idée de paix et de progrès humain autour de moi ».
  « Je vous admire, anciens combattants, anciens enfants des deux camps devenus frères »,
  « Pour moi, c’est très important que l’on garde une trace de notre passé », « Nous comprenons plus le contexte avec des points de vue différents », « Les mémoires du passé sont très importantes ».
  « Cela nous a permis de voir les contrastes entre l’histoire de nos manuels scolaires et le vécu réel des personnes pendant la guerre ».
  « Pour pouvoir continuer à vivre le présent, il faut que nous soyons conscients du passé, que cet héritage continue à se transmettre ».
  « Mieux comprendre un monde dans lequel nous n’avons pas vécu ».
  « Le fait que vous continuez à vous « battre » en aidant certaines associations nous permet aussi de réagir sur notre propre position sur le monde actuel ».
  « Avoir des récits ailleurs que dans un manuel fait prendre conscience de la violence et der la réalité de la guerre ».
  « Il y a certaines choses qui ne sont pas dites dans nos cours ».
  « MERCI, je suis votre amie ».

On pense déjà à l’année prochaine : le professeur de philosophie, venu en « auditeur libre », semble tout prêt à collaborer avec ses collègues d’histoire pour aider les élèves, et les intervenants, l’année prochaine, à élargie le champ des réflexions.

Et, au-delà, l’idée a été lancée d’un projet de jumelage entre le lycée de Gisors et un lycée algérien.

Rendez-vous au printemps 2019 !

François-Xavier Ricard

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