Témoignages au Lycée Emilie de Breteuil à Montigny-le-Bretonneux

C’est à l’initiative de Paul Nouaille, professeur d’histoire et géographie qui m’avait sollicité, que j’ai pu organiser le 17 mai 2023 cette intervention dans ce grand lycée de la banlieue ouest de Paris.

J’avais pu rassembler pour ces témoignages :

– Rahim Rezigat, ancien militant du FLN, incarcéré dans les camps du Larzac et de Thol, rescapé du 17 octobre 1961, puis insoumis

– Messaoud Guerfi, président d’une association de harkis, qui a pris cet engagement pour rester près de sa famille dont le père avait été assassiné par le FLN et qui n’a jamais porté une arme,

– Georges Morin, ancien européen d’Algérie et président de Coup de soleil.
Malheureusement ce dernier, sous antibiotiques et très fatigué, n’a pu intervenir, et j’ai pu ainsi jouer le rôle d’ancien appelé et tenter d’emprunter le costume de l’ancien pied noir.

Deux classes de terminale de la spécialité HGGSP (Histoire géographie, Géopolitique, Sciences Politiques) étaient rassemblées dans une belle salle polyvalente. La proviseure adjointe, Madame Le Coz, nous a chaleureusement accueillis et plusieurs professeurs intéressés par le thème ont également assisté à la rencontre.
Le professeur avait souhaité que nos interventions liminaires soient aussi courtes que possible, car avec ses élèves il avait préparé une série importante de questions.
Pour cette raison et aussi parce que dans des comptes rendus précédents les parcours de chacun des intervenants a déjà été évoqué je me limiterai ici à seulement reprendre les questions posées que j’ai pu noter sans toutefois pouvoir le faire complètement, bien occupé à écouter et à réfléchir aux réponses qu’il y avait lieu de faire :

– Quelle était la composition des pieds noirs d’Algérie, le nombre de colons était-il important ? Parlez-nous de la vie là-bas ?

– Monsieur Guerfi, vous avez été harki. Votre engagement a-t-il été volontaire ?

– ?Monsieur Travers, compte tenu des convictions que vous aviez exprimées contre cette guerre, quels étaient vos rapports avec votre hiérarchie militaire ?

Et avec vos camarades de combat qui ne partageaient pas votre opinion ?

– Pouvez-vous en dire plus sur la façon dont vous avez vécu pendant 27 mois en Algérie ?

– Avez-vous été témoin de tortures ? Avez-vous tué ?

– Monsieur Guerfi, comme Harki avez-vous pu ou auriez-vous pu rejoindre le maquis, au moment de votre engagement et après ? Vous êtes-vous senti délaissé au moment de votre arrivée en France ? Comprenez-vous que des Algériens aient souvent un sentiment de rancœur, encore aujourd’hui, envers les harkis ? Comment avez-vous pu vous reconstruire en France ?

– Approuvez-vous le terme de guerre qui qualifie depuis 1999 cette période de l’histoire franco-algérienne ?

– Que pensez-vous de l’actuel régime politique algérien ?

– Monsieur Guerfi et Monsieur Rezigat, pour vous faire parler, vous avez l’un et l’autre subi des exactions, des tortures. En êtes-vous restés traumatisés ? Pourquoi vous a-t-on torturé et comment ?

– Monsieur Rezigat, au moment des premiers attentats et pendant la guerre vous avez toujours été en France. Comment étiez-vous informé de ce qui se passait en Algérie ? Pourquoi et comment avez-vous rejoint des militants du FLN ? Pourquoi avez-vous rejoint le FLN plutôt que le MNA ?

– Le combat mené par le FLN était-il le meilleur moyen pour obtenir l’indépendance ?

Échanges très riches donc, relatés ici de façon lacunaire, mais qui révèlent qu’avec des élèves très motivés (attention soutenue, prises de notes chez la majorité d’entre eux) et une préparation minutieuse les questions des élèves pendant près de deux heures permettent de brosser un tableau assez complet de cette histoire douloureuse dont l’impact et l’intérêt restent aujourd’hui très forts chez la génération montante.

Christian Travers