Commémorations : des trous de mémoire ?

par Michel Berthelemy

L’actualité nous dicte depuis quelque temps l’agenda des mémoires. Hommages rendus dans le Var aux soldats venus d’Afrique pour nous délivrer de l’emprise nazie. Ces derniers méritent en effet d’être largement honorés et de conserver une place dans nos mémoires.
Mais les discours officiels ont aussi des trous de mémoire. Personnellement, et pour l’honneur du peuple français, j’aurais aimé que ce vieil Algérien que j’ai vu molesté, bousculé et insulté par nous, militaires français de 1961 dans la région de Sétif, soit aussi honoré. Il portait sur sa pauvre veste usée, élimée, une décoration : La Croix de la valeur militaire pour sa participation, justement, à la libération de la France. Il se croyait protégé par elle. Il était trop naïf.
J’aurais aimé aussi que les discours fassent état du massacre de Thiaroye. Ces « tirailleurs sénégalais » qui, à leur retour au pays en 1944, certains blessés ou mutilés, ont été abattus à l’automitrailleuse par les militaires français pour le simple motif qu’ils réclamaient les indemnités qui leur étaient dues. Ils avaient combattu, exposés en première ligne. Ils pouvaient espérer un minimum de reconnaissance.
Mais c’est sans doute trop demander aux spécialistes de la mémoire...