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« Oublier Camus » un essai d’Olivier Gloag

lundi 2 octobre 2023, par Gérard C. Webmestre

Relire Camus, pour mieux déconstruire un mythe

Par Benjamin Caraco et Nonfiction — 26 septembre 2023

Analysant les écrits et les prises de position du prix Nobel de littérature, un essai d’Olivier Gloag met en lumière ses ambiguïtés et son attachement à l’Algérie française.

Dans Oublier Camus (paru le 15 septembre 2023), Olivier Gloag, professeur associé de français et de culture francophone à l’université de Caroline du Nord à Asheville et déjà auteur d’Albert Camus : A Very Short Introduction (Oxford University Press, février 2020), s’attache à déconstruire le mythe qui entoure le prix Nobel de littérature 1957, en particulier concernant ses engagements politiques lors de la guerre d’Algérie.

Comme l’écrit l’essayiste américain Fredric Jameson dans sa préface, les « critiques visent moins Albert Camus que sa canonisation mainstream ; et, par-dessus le marché, la canonisation de son image plutôt que de son œuvre ».

Albert Camus est en effet l’objet de nombreuses appropriations contemporaines et la diversité des bords politiques de ses admirateurs a de quoi surprendre. Dans son essai, Olivier Gloag souligne l’ambiguïté des positions politiques de l’auteur né il y a 110 ans en Algérie française et estime que « se réclamer de Camus constitue une façon de revendiquer un humanisme aussi vague qu’ostentatoire ». Ainsi, le consensus autour de l’écrivain, envisagé comme « un saint laïque, un humaniste, un philosophe, un militant “anticolonisatiste”, un résistant de la première heure, un homme épris de justice et opposé à la peine de mort, un grand écrivain », « s’accorde avec une France qui tient à faire oublier son passé impérial et à ignorer son présent néolibéral ».

L’histoire de l’Algérie française voit ainsi s’opposer deux camps aux conceptions antagonistes de la colonisation du pays : ceux en faveur d’un « contrôle indirect » par la métropole incarné par Napoléon III, Georges Clemenceau ou Maurice Viollette ; et ceux qui souhaitent un « contrôle absolu des Algériens », soit la majorité des Français d’Algérie. Pour Olivier Gloag, l’auteur de L’Étranger se range, avec quelques fluctuations, parmi les premiers, qui envisagent donc une participation des Algériens, mais considèrent que leur nation doit rester néanmoins dans le giron du colonisateur : « Camus n’a jamais su résoudre cette contradiction entre l’humanisme républicain et le colonialisme. Pourtant, le voici aujourd’hui consacré emblème d’une synthèse impossible. »

Son œuvre littéraire, à commencer par son roman le plus connu (L’Étranger), témoigne d’un « déni de l’Arabe en tant qu’être humain », voire d’une certaine « indifférence » à son égard. Ses personnages arabes ne sont guère décrits et ne parlent pas, ou peu. Pour Olivier Gloag, Albert Camus est le « dernier grand écrivain colonial […] à rebours de l’histoire », d’autant qu’il privilégie le thème du rapport à une nature idéalisée. L’universitaire estime même que, dans La Peste, la maladie éponyme ne renvoie pas à « l’Allemagne ou [aux] Allemands, [mais à] la résistance du peuple algérien à l’occupation française ».

Suite sur :
https://www.slate.fr/story/253931/relire-albert-camus-deconstruire-mythe-ambiguites-algerie-olivier-gloag-la-fabrique

 

Oublier Camus

Olivier Gloag

15,00€

Sortie ? : 15 septembre 2023

160 pages

ISBN ? : 9782358722629

https://lafabrique.fr/oublier-camus/

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