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Guerre d’Algérie en Lorraine : un documentaire sur les grandes oubliées de l’indépendance

samedi 23 mars 2024, par Gérard C. Webmestre , Michel Berthelemy

Par Philippe Marque. Le Républicain Lorrain. 16 mars 2024

Depuis la Lorraine, des immigrées algériennes ont participé à la lutte pour l’indépendance de leur pays. « Aucune rue ne portera ton nom » est un documentaire retraçant l’histoire de ces grandes oubliées. Et un hommage de Nadia Salem à sa mère Fifi. Il a été projeté gratuitement le 20 mars au cinéma Klub de Metz

Nadia Salem, la réalisatrice d’Aucune rue ne portera ton nom. Photo Miguel Antune

Elles s’appellent Yamina, Houria, Nouara et Louisa. Ces quatre femmes font partie de la première génération d’Algériennes, arrivées en Lorraine au milieu des années 50, en pleine guerre d’Algérie. Dans un documentaire, elles racontent le rôle qu’elles ont joué - à leurs risques et périls et parfois sans réellement en prendre conscience - dans ce conflit en soutenant à leur manière le FLN (Front de libération nationale) pour mener à bien sa quête de l’indépendance. Elles ont caché de l’argent ou des armes et reçu des réunions clandestines. « Les hommes étaient tout de suite repérés », se justifie l’une d’elles pour expliquer son engagement. « C’est une goutte d’eau par rapport à ce qu’ils ont fait à Alger », ajoute une autre. Nouara, en possession de documents compromettants, raconte son arrestation, qui lui a valu quatre mois d’emprisonnement.

« Aucune rue ne portera ton nom », le très joli titre de ce reportage tourné essentiellement en Moselle, raconte leur histoire et en filigrane celle d’une cinquième, décédée en 2014. Fifi Salem est la mère de la réalisatrice, Nadia Salem. À la différence des autres, elle s’est battue pour être reconnue comme agent de liaison par le FLN. « J’ai voulu lui rendre hommage. Il s’est passé plein de choses en France durant la guerre d’Algérie mais les gens ne le savent pas. Les femmes sont l’angle mort de cette guerre. Le récit national algérien les a totalement occultées. Elles ont été invisibilisées », explique la réalisatrice. Elle s’est appuyée sur la thèse sur l’immigration algérienne en Moselle et Sarre de l’historien franco-allemand Lucas Hardt.

Faire œuvre utile 

Originaire de Metz, cette journaliste free-lance vit désormais à Paris. Elle a eu l’idée de ce travail en 2019, après le hirak, cette série de manifestations populaires et pacifiques qui ont eu lieu pendant plusieurs mois en Algérie et en France contre le pouvoir, accusé d’avoir confisqué l’indépendance aux Algériens. C’est sur ces images que s’ouvre le documentaire : « Je me suis demandé ce que ma mère penserait de cette colère. » Nadia Salem estime qu’il est temps aujourd’hui de réhabiliter ces femmes. Deux sont d’ailleurs décédées depuis le tournage en 2022 : « J’espère que ce documentaire va faire œuvre utile. » La société française est-elle plus apte à l’accepter aujourd’hui ? « On sent que cette histoire reste toujours sensible , a du mal à passer chez certains. Tout le monde a eu des blessures. Il faut les dépasser pour faire société. »

La terrible nuit des paras

Plusieurs membres du collectif Juillet 61 messin l’entourent. Celui-ci s’est créé en 2016, pour les 55 ans de la nuit des paras. Un événement longtemps passé sous silence. À l’origine : une attaque par des membres du FLN d’une boîte de nuit à Montigny. Elle sera suivie d’une descente de centaines de parachutistes à Metz. Elle fera quatre morts : deux paras, un barman et un Algérien. Et des dizaines de blessés. « Nous avons demandé la pose d’une plaque au Pontiffroy, quartier où vivaient pas mal d’immigrés algériens, et le nom d’une rue à Montigny pour commémorer cette nuit, mais cela n’a jamais été suivi d’effets. Je ne crois pas que le nom de ces indépendantistes algériennes sera rapidement donné à une rue », regrette Selima Saadi, présidente de ce collectif. En attendant, elles ont au moins leur documentaire.

« Aucune rue ne portera ton nom », le 14 avril à 15 h salle du Chapitre à Woippy. Entrées libres.

Source Le Républicain Lorrain :

https://www.republicain-lorrain.fr/defense-guerre-conflit/2024/03/16/guerre-d-algerie-un-documentaire-sur-les-grandes-oubliees-de-l-independance

Collectif messin Juillet 61

https://collectifjuillet61.wixsite.com/juillet1961

"Aucune rue ne portera ton nom", c’est le documentaire de Nadia Salem, en hommage aux femmes algériennes arrivées à Metz dans les années 50

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