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Un regard neuf sur la guerre d’Algérie, par une nouvelle génération d’historiens

vendredi 6 mars 2015, par Michel Berthélémy

L’historiographie de la guerre d’indépendance algérienne se renouvelle sans cesse. Plus d’un demi-siècle après les accords d’Evian, de nouveaux historiens et historiennes prennent la relève de leurs aînés. Algériens ou Français, ils s’invitent dans les salons du livre, animent des colloques, se « coltinent » au grand public et alimentent le corpus « guerre d’Algérie ».

En ce début 2015, un peu plus d’une vingtaine d’entre eux remettent en perspective nombre de sujets. Tous issus de la nouvelle génération, ils ont été réunis par Aissa Kadri, Moula Bouaziz et Tramor Quemeneur sous la direction desquels ils apportent de nouveaux éclairages sur la compréhension de la guerre.

Pour Aïssa Kadri, ces jeunes chercheurs « privilégient des approches qui explorent davantage les racines et les dimensions internationales du plus sanglant des conflits de décolonisation ». Y sont passés au crible de l’examen historien « le rôle de la Hongrie, de l’Italie, d’Israël et de la Croix- Rouge ».

Au rang des réflexions qui nourrissent le livre, certaines études s’intéressent, sous forme de monographies, aux événements d’une région, d’une ville ou d’un village. Leurs auteurs portent ainsi un regard plus localisé et territorialisé sur le conflit et le contexte qui l’a précédé.

Entre autres thèmes abordés, on trouvera l’action politique en milieu rural, les Aurès, la Kabylie avec la Wilaya III, la manifestation du 14 juillet 1953 à Paris, etc.

L’ouvrage fait la part belle à l’approfondissement de certaines thématiques : la justice dans la guerre, avec Sylvie Thénault ; la torture, avec Raphaëlle Branche ; la répression de mai 1945, analysée par Jean-Pierre Peyroulou ; la Fédération de France du FLN, scrutée par Linda Amiri ; la vie politique algérienne en situation coloniale, par Malika Rahal ; ou encore les insoumissions, refus d’obéissance et désertions de soldats français pendant la guerre d’Algérie, vus par Tramor Quemeneur. Sans oublier, bien sûr, la photographie et ses usages pendant la guerre, par Marie Chominot, et la vie culturelle de l’immigration algérienne pendant la guerre, par Naïma Yahi.

Pour le professeur Aïssa Kadri, l’un des trois « directeurs » de l’ouvrage, « on est là face à une dynamique de recherche, d’analyse et d’interprétation, portée par une jeune génération d’universitaires et de chercheurs qui, sans se démarquer de la génération précédente, la renouvelle en grande partie ». Il est vrai, en effet, qu’à la différence de leurs aînés, les historiens de la nouvelle génération, dont les signataires du présent ouvrage, apparaissent plus distanciés, et d’une certaine manière moins impliqués dans les enjeux politiques et mémoriels.

Aissa Kadri résume ainsi le gain de cette moisson collective : « Le résultat en est plus que probant et témoigne réellement tout à la fois de la nouveauté des interrogations mais aussi d’un approfondissement des questions sur lesquelles on pensait que l’essentiel avait été dit. Sans bouleverser les connaissances sur la guerre, ces travaux apportent de nouveaux éclairages sur la compréhension de celle-ci à travers aussi bien le temps long que le temps particulier ».

La guerre d’Algérie revisitée
ouvrage collectif sous la direction de Aïssa Kadri, Tramor Quemeneur et Moula Bouaziz
éditions Karthala, 2015

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