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Palestine. Depuis 1967, Israël gomme la « ligne verte »

lundi 13 juin 2022, par Gérard C. Webmestre , Michel Berthelemy

La ligne d’armistice a délimité une frontière officieuse entre les belligérants arabes et israéliens entre 1949 et 1967. Après la guerre de juin 1967, Israël, qui a notamment annexé Jérusalem-Est et occupé la Cisjordanie, a cherché à effacer cette « ligne verte ». Sauf pour les Palestiniens sous occupation.

Orient XXI - Baudouin Loos > 4 juin 2022

Que reste-t-il de la Ligne verte en 2022 ? Tout dépend du point de vue. Pour la communauté internationale, ce tracé demeure une référence majeure. Il dessine en effet une base territoriale estimée raisonnable à partir de laquelle il serait loisible de fonder un éventuel accord de paix entre l’État d’Israël et un (encore très hypothétique) État palestinien. Les diplomates au fait de la question ont déjà esquissé maintes projections cartographiées, et il est le plus souvent admis que des modifications de frontières — les plus mineures possibles — s’avéreraient nécessaires, Israël entendant conserver des colonies populeuses situées sur ou juste à l’est de la Ligne et acceptant en échange de concéder aux Palestiniens, dans une même proportion, quelques kilomètres carrés de terres situés dans les frontières de 1949.

Au sein du camp palestinien, le temps et un certain réalisme ont effectué leur travail. L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a renoncé depuis 1988 à revendiquer la totalité de la Palestine du mandat britannique (1920-1948) pour se contenter d’exiger l’autodétermination sur les territoires palestiniens non occupés par Israël avant la guerre de 1967 (la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est). L’organisation palestinienne envisage également favorablement de consentir à des ajustements territoriaux dûment négociés. Quant au Hamas islamiste, dont la charte promeut toujours l’établissement d’un État palestinien sur toute la Palestine, on sait que ses chefs, depuis les années 1990, ont fait des déclarations claires sur une possible « trêve à longue échéance » avec « l’ennemi sioniste » pour autant qu’un État palestinien dans les frontières d’avant le conflit de 1967 soit proclamé.

Un effacement entamé dès 1967

Ces préliminaires pourraient donner à penser que la Ligne verte jouit encore d’un grand crédit auprès des populations concernées. Il n’en est rien côté israélien, en tout cas. Vraiment ? Si on ne peut nier à Benjamin Nétanyahou l’ambition de faire disparaître la Ligne verte, cette volonté israélienne remonte à bien plus longtemps. Elle prend en réalité sa source dès 1967, à la conquête des territoires palestiniens annexés entre 1948 et 1967 par la Jordanie pour la Cisjordanie et Jérusalem-Est, et administrée par l’Égypte pour la bande de Gaza. On sait maintenant que le gouvernement israélien a tenu deux séances, les 18 octobre et 12 novembre 1967, au terme desquelles il a été décidé de ne plus se servir de cartes situant la Ligne verte, et de garder cette décision officielle confidentielle.

Le journaliste israélien indépendant Meron Rapoport en faisait le constat ce 1er avril 2022 : « L’un des projets centraux de l’ère Nétanyahou1 était l’effacement de la Ligne verte, l’expansion et la normalisation des colonies juives en Cisjordanie, et la création d’une "paix économique" avec et pour les Palestiniens. Bien entendu, la politique de Nétanyahou n’a pas apporté la paix, mais la Ligne verte a certainement été effacée ».

Vraiment ? Si on ne peut nier à Benjamin Nétanyahou l’ambition de faire disparaître la Ligne verte, cette volonté israélienne remonte à bien plus longtemps. Elle prend en réalité sa source dès 1967, à la conquête des territoires palestiniens annexés entre 1948 et 1967 par la Jordanie pour la Cisjordanie et Jérusalem-Est, et administrée par l’Égypte pour la bande de Gaza. On sait maintenant que le gouvernement israélien a tenu deux séances, les 18 octobre et 12 novembre 1967, au terme desquelles il a été décidé de ne plus se servir de cartes situant la Ligne verte, et de garder cette décision officielle confidentielle.

L’ONG israélienne Akovot, qui défend les droits humains à partir d’un travail en profondeur sur les archives, écrit sur ce moment :
« Le mercredi 18 octobre 1967, le ministre du travail Yigal Allon propose une résolution au Comité ministériel de la sécurité, à savoir qu’Israël n’imprimerait plus la Ligne verte — la ligne d’armistice de 1949 — sur ses cartes officielles. À la place, la frontière indiquée sur la carte serait la ligne où l’armée s’est déployée à la fin de la guerre de 1967. (…) Publier une nouvelle carte selon les lignes d’armistice [de 1949], a déclaré Allon, ne refléterait pas la réalité politique et serait interprété comme signifiant que nous considérons toujours ces lignes comme une possibilité éventuelle. »

Le facteur déterminant de la colonisation

À l’époque, les considérations qui motivaient les dirigeants israéliens, parmi lesquels les travaillistes dominaient largement, étaient d’ordre sécuritaire. Le « miracle » de la victoire de juin 1967 — même si l’état-major israélien avait peu douté de ce succès fulgurant — devait à leurs yeux permettre de consolider des frontières jusque-là considérées comme indéfendables dans la partie centrale d’Israël. Par exemple, à hauteur de la ville palestinienne de Qalqilya, sur la Ligne, la mer Méditerranée se trouve à seulement 12 kilomètres, un tableau que le ministre israélien des affaires étrangères Abba Eban décrivait en 1969 comme la « frontière d’Auschwitz », une référence apocalyptique qui frappait les imaginations

article complet : https://orientxxi.info/magazine/palestine-depuis-1967-israel-gomme-la-ligne-verte,5660


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Messages

  • Le fait d’avoir justifié en 48, 49 et 50 la création d’n Etat colonial, la conquête illégitime de territoires, l’expulsion d’environ 800 000 Palestiniens et leur remplacement par des sionistes (le génocide soft d’un peuple), la violation de toutes
    les résolutions de l’ONU concernant la Naqba, en particulier du droit au retour dont la-non application condamne des centaines de milliers de Palestiniens, innocents des relations criminelles du monde chrétien et des juifs, à l’exil et à la misère.
    Ce laisser-faire, puis le deux poids, deux mesures justifient aujourd’hui la colonisation bientôt totale de la Palestine. Et cerise sur le gâteau, Israël se permet de vendre aujourd’hui aux Européens les richesses gazières qui ne lui appartiennent pas mais qui sont la propriété des Palestiniens de 1918 qu’ils soient musulmans, chrétiens ou juifs.

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