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Le dernier message de Henri Alleg aux jeunes Algériens

lundi 17 février 2014, par Michel Berthelemy

En ouverture de la grande semaine anticoloniale et antiraciste qui se déroule à Paris et en région parisienne jusqu’à fin février, un hommage a été rendu, le 3 février, à Henri Alleg, disparu le 17 juillet dernier, et à son épouse, en présence de leurs enfants et de nombreuses personnalités.
Le Centre culturel Algérien de Paris nous a autorisé à reproduire sur notre site l’ultime message de Henri Alleg aux jeunes Algériens, publié dans le numéro de janvier/février/mars de Kalila, la revue du Centre. Que ses responsables en soient ici remerciés.

"Nous avons commémoré, il y a quelques mois, le cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie. Qu’est-ce que cinquante ans pour une jeune fille ou un homme qui n’a pas encore fêté ses quinze, ou même ses vingt-cinq ans ? Que savent-ils de l’histoire de l’Algérie durant ces années-là ? Peu de choses en vérité, sinon ce que leurs aînés ont pu leur dire sur ce qu’aura coûté de souffrances, de sang et de larmes à leur famille, et d’une façon plus générale au pays tout entier, l’extraordinaire combat mené pour l’indépendance. Un combat resté légendaire pour tous les peuples du monde qui doivent encore se battre pour conquérir leur droit à la liberté. Et c’est sans doute les plus âgés, qui ont vécu assez longtemps pour avoir connu le temps de l’esclavage colonial et les années cruelles de lutte pour s’en libérer,qui en parleront les premiers, pour répondre aux problèmes qui les assaillent encore après cinquante ans d’indépendance.

Quel message pourrait-on leur adresser aujourd’hui ? Je pense que ce message recouperait celui qui s’exprimait au lendemain même de la conquête de l’indépendance : l’espérance, après en avoir fini avec le régime de la servitude, du racisme et de l’inégalité coloniale, était d’en finir également avec tout ce que le régime représentait au plan économique. L’espérance était de pouvoir s’éduquer, d’en finir avec l’ignorance, avec le chômage, avec cette impossibilité pour les jeunes d’acquérir un métier et un poste dans son pays, et le plus souvent d’être contraint à l’exil pour vivre et faire vivre les siens.

Vivre bien sûr, mais pas n’importe comment. Vivre dans un pays à la gestion duquel on n’est pas étranger, auquel chacune ou chacun participe. Bref, dans un pays où la tolérance et la démocratie fassent partie du quotidien.
Je n’irai pas plus loin. Mais je crois que la plupart des jeunes d’Algérie, quels que soient leur sexe, leur origine, leurs conceptions politique, philosophique ou religieuse, feraient leurs les grandes idées d’un tel message.

En tout cas, c’est ce qu’avec beaucoup d’Algériens et d’amis de l’Algérie, je souhaiterais."

Henri Alleg

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