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La désobéissance civile, honorée à Perpignan, honnie à Poitiers

vendredi 30 septembre 2022, par Michel Berthelemy

Tandis que le préfet de la Vienne a sommé la ville et la métropole de Poitiers de retirer leurs subventions à un « village des alternatives » organisé par l’association Alternatiba les 17 et 18 septembre, le préfet des Pyrénées orientales entérine la décision du maire de Perpignan, Louis Alliot, de baptiser un square de la ville du nom de Pierre Sergent, ancien membre de l’OAS et soutien des généraux putschistes d’avril 1961 en Algérie.

Le groupe Alternatiba est un mouvement citoyen pour le climat et la justice sociale qui alerte depuis 2013 sur le dérèglement climatique, tout en promouvant des solutions et alternatives concrètes. Ce groupe se proposait d’organiser à Poitiers, dans le cadre d’un « Village des alternatives », une formation à la désobéissance civile non-violente.
Pour le préfet de la Vienne, une formation à la désobéissance civile non-violente serait « incompatible avec le contrat d’engagement républicain » introduit par la loi du 24 août 2021 « confortant le respect des principes de la République », dite « loi séparatisme ». Depuis le 1er janvier 2022, toutes les associations qui souhaitent bénéficier d’un soutien financier ou matériel d’une collectivité publique, ou disposer d’un agrément leur permettant d’agir selon leur objet (éducation populaire, défense de l’environnement, lutte contre la corruption…) doivent donc signer ce contrat qui les oblige et restreint leur liberté d’action.
Cette condamnation de toute désobéissance civile non-violente confine à une interdiction pure et simple de toute liberté d’expression allant à l’encontre d’une ligne de pensée officielle, seule reconnue légitime. Une telle position condamne a posteriori ceux qui, pendant la guerre d’Algérie, ont refusé d’aller combattre les indépendantistes algériens. Elle condamne aussi les propos de notre ex-présidente d’honneur, Simone de Bollardière, quand elle allait dans les écoles prôner le droit à la désobéissance dès que les consignes ou les ordres pourraient heurter la conscience individuelle.

L’ancien terroriste a désormais son square
Quant au préfet des Pyrénées orientales, en entérinant la décision du maire RN de Perpignan de baptiser un square de sa ville du nom de Pierre Sergent, ne participe-t-il pas à une forme de réhabilitation d’un ancien terroriste, dont la désobéissance civile a revêtu un caractère autrement plus grave que celle des jeunes de Poitiers. Faut-il rappeler que Pierre Sergent a quitté l’armée française en avril 1961 pour se rallier à la tentative de putsch des généraux Challe, Zeller, Salan et Jouhaud et rejoindre ensuite l’OAS et participer à des attentats qui lui valurent d’être condamné à mort avant d’être amnistié en 1968 après sept années de clandestinité ?

Ces deux décisions préfectorales ont-elles un point commun ? Difficile à première vue de l’affirmer. On aimerait cependant être sûrs qu’elles ne convergent pas vers une certaine forme d’ordre social, ou moral, empêchant toute pensée contraire à la vérité officielle. En la matière, le climat ambiant ne nous incite pas vraiment à un optimisme débridé…

Plus de détails

https://jadopteunprojet.com/decouvrez-les-projets/detail/un-village-des-alternatives-a-poitiers-17-et-18-septembre-2022/

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