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La décennie noire : une mémoire qui refait surface
lundi 9 septembre 2024, par
Dans une série de 4 épisodes, France-Culture évoque la « décennie noire », ces dix années de guerre civile (de 1992 à 2000) qui ont déchiré l’Algérie et fait entre 100 000 et 200 000 victimes. Une tragédie dont l’évocation et le souvenir sont pourtant interdits en Algérie, à la suite de lois « d’amnistie » et de « réconciliation nationale » votées en 2005.
Cette initiative de France-Culture lève un peu le voile sur cette période très sombre de l’histoire de l’Algérie, qui a laissé de profonds traumatismes tant individuels que collectifs.
Dans un ouvrage récent, Houris (Gallimard, 2024), Kamel Daoud aborde frontalement ce sujet sensible. Nous y reviendrons dans un prochain article.
Petit rappel historique
Au début des années 1990, les islamistes remportent les élections législatives et l’armée réagit en organisant un coup d’Etat le 11 janvier 1992. Les éléments les plus radicaux des islamistes s’arment et prennent le maquis, commence alors une guerre civile qui durera une dizaine d’années, jusqu’en 2002. Il s’agit de l’un des épisodes les plus sanglants de l’histoire récente de l’Algérie, on estime qu’il y a entre 150 000 et 200 000 morts, des milliers de disparus, et cette guerre civile laisse en héritage de nombreux traumatismes (massacres, exactions..) tant à l’échelle des familles que de la nation toute entière.
À cause des lois d’amnistie et de “réconciliation nationale”qui empêchent tout débat ou regard critique sur le sujet, les familles ne peuvent pas réclamer vérité et justice. Il existe toutefois des fictions, des livres et des films, qui essaient de raviver cette mémoire et surtout de la transmettre, comme le dernier ouvrage de Kamel Daoud, Houris (Gallimard), monologue d’une femme qui raconte à son enfant à naitre les traumatismes de la décennie noire.
Pourquoi les lois d’amnistie - notamment la Charte pour la réconciliation nationale votée en 2005 – ont-elles verrouillé la mémoire sur cette période ? Pourquoi est-elle absente des programmes scolaires ? Dans quelle mesure est-il possible d’en débattre ? Quel espoir pour les familles d’obtenir un jour vérité et justice ?
Pour tenter de répondre à ces questions, participent à l’émission :
– Karima Dirèche historienne, directrice de recherche au CNRS rattachée à la Maison méditerranéenne des sciences de l’Homme d’Aix-en-Provence
– Laetitia Bucaille professeure de sociologie politique à l’Inalco, et chercheuse au Centre d’études en sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques (CESSMA) et de l’Institut universitaire de France
– Amina Damerdji Romancière, chercheuse.
Ecouter l’émission :
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/cultures-monde/la-decennie-noire-une-memoire-qui-refait-surface-6133098