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Idir : ce n’est pas seulement le chanteur qui disparaît, mais un homme de dialogue et de paix

dimanche 3 mai 2020, par Michel Berthelemy

Grande figure de la chanson kabyle et internationale, auteur notamment du succès planétaire A Vava Inouva, Idir est mort le samedi 2 mai à Paris, à l’âge de 70 ans.

Fils de berger, né le 25 octobre 1949 à Aït Lahcène, un village de Kabylie, Idir, de son vrai nom Hamid Cheriet, fait figure de héros pour la communauté kabyle, dont il n’a eu de cesse de défendre l’identité et la culture.
Alors qu’il se destinait à être géologue, un passage en 1973 sur Radio Alger change le cours de sa vie : il remplace au pied levé la chanteuse Nouara, et sa chanson en langue berbère A Vava Inouva fait le tour du monde à son insu pendant qu’il fait son service militaire. « Je suis arrivé au moment où il fallait, avec les chansons qu’il fallait », racontait en 2013 à l’Agence France-Presse Idir, imprégné dès son enfance par les chants qui rythmaient tous les moments de la vie quotidienne.

Quand il s’installe à Paris en 1975, il avait terminé son service militaire, ses études (DEA de géologie), alors pourquoi pas quitter ce pays « avec un seul parti, un seul journal, où l’on nous envoyait des profs pour nous enseigner les fondements du marxisme et faire de nous de parfaits petits révolutionnaires », raconte-t-il. « Je suis venu enregistrer un 33-tours avec A Vava Inouva, qui a bien fonctionné, et j’ai commencé à envisager de rester ici puisque la chanson m’avait choisi, mais toujours avec une valise prête à partir dans ma tête. »

« J’ai tout aimé des manifestations populaires en Algérie »

Il disparaît de la scène pendant dix ans de 1981 à 1991, mais sa carrière est ensuite relancée. En 1999, il publie l’album Identités, sur lequel il chante avec Manu Chao, Dan Ar Braz, Maxime Le Forestier, Gnawa Diffusion, Zebda, Gilles Servat, Geoffrey Oryema et l’Orchestre national de Barbès. En 2007, il avait publié l’album La France des couleurs, en pleine campagne pour l’élection présidentielle française marquée par des débats sur l’immigration et l’identité.
Après une absence d’une trentaine d’années, le baladin kabyle a présenté en tournée son album Ici et ailleurs, composé en majorité de duos, en 2017.
Dans une interview au Journal du dimanche, en avril 2019, il évoquait les manifestations populaires en Algérie et le départ d’Abdelaziz Bouteflika :
« J’ai tout aimé de ces manifestations : l’intelligence de cette jeunesse, son humour, sa détermination à rester pacifique (...) J’avoue avoir vécu ces instants de grâce depuis le 22 février comme des bouffées d’oxygène. Atteint d’une fibrose pulmonaire, je sais de quoi je parle. De toute façon, nous sommes condamnés à réussir. Continuons donc à réfléchir en termes de nation algérienne vers le progrès. Si nous restons unis, rien ni personne ne pourra nous défaire ».
Pour le président algérien Abdelmadjid Tebboune, Idir était « une icône de l’art algérien. Avec sa disparition, l’Algérie perd un de des monuments ».

Pour notre part, nous n’oublierons pas Idir, l’homme qui prônait et militait pour le dialogue entre les cultures. Sur scène, sa générosité faisait merveille. Il communiait avec le public, on lisait sur son visage le bonheur de partager un moment de fraternité et de paix. Merci, Idir !

https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2020/05/03/le-chanteur-idir-l-un-des-principaux-ambassadeurs-de-la-chanson-kabyle-est-mort_6038485_3382.html

Et ci-dessous, un duo en langues bretonne et kabyle

Avava Inouva - Ma zadig me, interprétée en kabyle et en breton par Perynn Bleunven et Karim Belkadi, sur France 3, en 2019 (les 4 premières minutes sur la video)


Idir - A vava Inouva - paroles kabyle et français

A Vava Inova (Mon Petit Papa)

Txilek elli yi n taburt a Vava Inouva
Je t’en prie père Inouba ouvre-moi la porte
Ccencen tizebgatin-im a yelli Ghriba
O fille Ghriba fais tinter tes bracelets
Ugadegh lwahc elghaba a Vava Inouva
Je crains l’ogre de la forêt père Inouba
Ugadegh ula d nekkini a yelli Ghriba
O fille Ghriba je le crains aussi.

Amghar yedel deg wbernus
Le vieux enroulé dans son burnous
Di tesga la yezzizin
A l’écart se chauffe
Mmis yethebbir i lqut
Son fils soucieux de gagne pain
Ussan deg wqarru-s tezzin
Passe en revue les jours du lendemain
Tislit zdeffir uzetta
La bru derrière le métier à tisser
Tessallay tijebbadin
Sans cesse remonte les tendeurs
Arrac ezzin d i tamghart
Les enfants autour de la vieille
A sen teghar tiqdimin
S’instruisent des choses d’antan

Txilek elli yi n taburt a Vava Inouva
Je t’en prie père Inouba ouvre-moi la porte
Ccencen tizebgatin-im a yelli Ghriba
O fille Ghriba fais tinter tes bracelets
Ugadegh lwahc elghaba a Vava Inouva
Je crains l’ogre de la forêt père Inouba
Ugadegh ula d nekkini a yelli Ghriba
O fille Ghriba je le crains aussi

Tuggi kecment yehlulen
La neige s’est entassée contre la porte
Tajmaât tettsargu tafsut
L’"ihlulen" bout dans la marmite
Aggur d yetran hejben
La tajmaât rêve déjà au printemps
Ma d aqejmur n tassaft
La lune et les étoiles demeurent claustrées
Idegger akken idenyen
La bûche de chêne remplace les claies
Mlalen d aït waxxam
La famille rassemblée
I tmacahut ad slen
Prête l’oreille au conte

Txilek elli yi n taburt a Vava Inouva
Je t’en prie père Inouba ouvre-moi la porte
Ccencen tizebgatin-im a yelli Ghriba
O fille Ghriba fais tinter tes bracelets
Ugadegh lwahc elghaba a Vava Inouva
Je crains l’ogre de la forêt père Inouba
Ugadegh ula d nekkini a yelli Ghriba
O fille Ghriba je le crains aussi

pour le plaisir, un dialogue parlé et chanté entre Idir et Johnny Clegg

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