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Festival des décolonisations à l’Université Paris-VIII : collégiens, lycéens, universitaires et la 4ACG

jeudi 23 mai 2019, par Stanislas Hutin

Le 13 mai 2019, la 4acg a été invitée à participer au « Festival des Décolonisations » qui s’est déroulé dans l’amphithéâtre de l’Université Paris-VIII (Saint Denis).

L’intention de ce Festival était de rassembler les élèves de différents établissements du secondaire autour de thématiques communes : les mémoires de l’esclavage, de la colonisation et des mouvements d’indépendance. La journée a été consacrée à la restitution de travaux menés tout au long de l’année scolaire par des élèves de différents collèges et lycées.

Le lieu, l’Université Paris-VIII, et l’accompagnement de l’historien Tramor Quemeneur, ont permis de donner une coloration universitaire à ce projet. Cet aspect tenait particulièrement à cœur aux initiateurs, professeurs d’histoire et de littérature, conscients que les choix et les possibilités d’orientation de leurs élèves peuvent parfois les tenir à l’écart de l’enseignement supérieur. Une telle initiative pouvait le rendre plus accessible à leurs yeux et susciter éventuellement des vocations.

Bernard Sarrazin et Stanislas Hutin ont présenté la 4acg et leurs témoignages ont été soumis à un feu roulant de questions posées par des élèves que leurs propres recherches effectuées durant l’année sur les thèmes du festival, rendaient particulièrement motivés.

Puis ont été restitués ces travaux, dont de remarquables créations audiovisuelles

 une saisissante production du collège Henri Barbusse « Reg’arts Dionysiens » (lien ci-dessous). « A partir d’un travail d’écriture rimée, les élèves parlent de Saint Denis et arpentent l’histoire coloniale dont leurs familles sont issues, pour en tirer de quoi penser leur présent ». Ils évoquent les grands résistants historiques au système. Ce film particulièrement attachant n’est pas diffusé comme il le mériterait, mais il est possible de se le procurer auprès de son initiateur, scsoliman gmail.com
https://www.lejsd.com/content/regarts-dionysiens-fait-slamer-lhistoire
 une rencontre entre des élèves du collège Jean Lurçat et Wilfried N’Sondé auteur du roman « Un Océan, deux mers, trois continents » (Actes Sud 2018) qui, à partir du commerce triangulaire dans le royaume du Congo, permet de comprendre le fonctionnement des premiers empires coloniaux.
 une représentation, par le Lycée Denis Diderot, inspirée d’extraits de romans évoquant la guerre d’Algérie.
 
On peut assimiler cette journée à un événement pédagogique remarquable dans son principe même : des enseignants convaincus du potentiel créatif de leurs élèves et qui savent le stimuler dans la complémentarité de leurs disciplines, et dans sa réalisation, par la pertinence et l’actualité des sujets traités ainsi, que par la qualité des productions.
 
Il nous paraît utile de vous restituer l’historique de cette action pédagogique exemplaire sur l’enseignement du fait colonial
 
Historique du projet
par les enseignants

Ce projet est issu d’une expérience menée l’an dernier dans notre collège : nous avions organisé un Concours sur l’étude des sociétés coloniales.

Nous avons constaté que l’enseignement du fait colonial du point de vue programmatique était relativement limité dans le secondaire : en histoire, la période des conquêtes de l’empire colonial français est rapidement étudiée en classe de quatrième, et la décolonisation fait l’objet de simples études de cas en classe de troisième (Algérie ou Indochine, au choix). La question des inégalités ou des statuts juridiques n’est pas abordée dans le cadre de l’enseignement moral et civique ; la littérature anticoloniale n’est pas citée dans les programmes, frustration de la part des élèves comme des enseignants, ce qui semble être le cas de toutes les “questions socialement vives” dans le domaine historique (Cf. les travaux de Laurence de Cock, Dans la classe de l’homme blanc : L’enseignement du fait colonial des années 1980 à nos jours, Presses universitaires de Lyon, 2018, et de Marie-Albane de Suremain, Sophie Dulucq, David Lambert, Enseigner les colonisations et les décolonisations, Canopé, 2016.). Ou encore les documents d’accompagnement du programme de français.

Cet aspect limitatif de l’enseignement ne permet pas une étude globale du fait colonial et peut en être l’objet
Le projet a pris la forme d’un concours lors duquel des groupes de deux à quatre élèves — le plus souvent trois — ont travaillé autour du thème : « Avoir 14 ans dans un pays colonisé ». La production attendue était multiple : chaque groupe a produit un récit de fiction au sein duquel devait évoluer un ou plusieurs personnages de 14 ans inscrits dans un contexte colonial. Ils devaient ainsi mettre en évidence la diversité des acteurs, mais aussi des mécanismes de dominations et de résistances en situation coloniale. Ce récit devait s’adosser sur un corpus de documents numériques sélectionnés et présentés sur un panneau d’exposition virtuel. Les documents choisis devaient être en lien avec le récit, permettant de le justifier ou d’accompagner sa compréhension.

Cinquante élèves de quatrième ont ainsi travaillé durant une semaine sur une thématique liée à la colonisation avant de présenter leurs productions respectives devant un jury composé de personnalités extérieures au collège : chercheurs, élus, personnes du milieu associatif.

Stanislas Hutin

à lire également, sur ce sujet : https://histoirecoloniale.net/Une-experience-de-l-enseignement-du-fait-colonial-au-college.html

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