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Interventions au lycée Rabelais de Meudon le 12 décembre 2024

mercredi 18 décembre 2024, par Michel Berthélémy , Christian Travers

A l’invitation de l’ONACVG (Office National des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre) et à l’initiative de deux professeurs d’histoire, Madame Stéphanie Duquesne et Monsieur Adrien Mathieu, nous avons été invités à intervenir au lycée Rabelais de Meudon le 12 décembre 2024 devant une classe de seconde et une classe de terminale.

Nous, c’étaient Madame Lalia Ducos qui représentait les indépendantistes, Jean-Paul Ducos, les Pieds-noirs, Serge Carel, les harkis, et moi-même, Chistian Travers, les appelés.

Après de très brèves introductions du proviseur et d’un élève, la parole fut donnée à Emma Coutin (référente régionale mémoire à l’ONAVG) qui a indiqué l’intérêt de la diversité des témoignages pour évoquer la complexité de cette guerre, puis aux témoins selon le formatage usuel de l’ONACVG : intervention de chacun des témoins de 10 à 15 minutes, afin qu’ils présentent leur vécu et leur ressenti, suivis d’une séance de questions des élèves et des réponses des témoins.

Interventions au lycée Rabelais de Meudon

Lalia Ducos :
Elle est née à Cherchell d’une mère plus instruite que la majorité des filles de son âge et d’un père qui n’est pas allé à l’école. Il n’a dû son alphabétisation qu’à son travail personnel. Elle a elle-même fait partie des 4,5 % de musulman d’Algérie qui ont bénéficié de l’école. Élève brillante à l’école élémentaire il lui a fallu bénéficier de la détermination de ses parents pour qu’elle ne soit pas envoyée dans une école ménagère, ce qui était la coutume pour les jeunes Algériennes. Arrivée au lycée de Blida, elle a découvert les deux mondes qui vivaient côte à côte. La pauvreté des Arabes qui étaient méprisés et la richesse et l’arrogance de certains Pieds-noirs.
Son père a été emprisonné en raison de ses liens avec le FLN. Lorsqu’elle a été témoin d’un attentat meurtrier fomenté par des ultras Algériens ses parents l’ont envoyée en France afin de poursuivre ses études.

Jean-Paul Ducos :
Il est né à Montagnac dans un village de 7000 habitants dont 1000 Pieds-noirs. Sa mère descendait d’une famille d’émigrés espagnols et son père était directeur d’un haras. Il prônait la devise républicaine : liberté, égalité, fraternité. Il rappelle qu’en Algérie 3 % des colons et des sociétés financières possédaient 80 % des terres. Mis à part les riches colons, il rappelle également que les Pieds-noirs avaient un revenu inférieur de 20 % à ceux qui vivaient en métropole. Son père, soucieux d’intégration, l’avait inscrit à l‘école coranique et chez lui, les petits musulmans étaient bienvenus.
Après des études au lycée de Tlemcen il découvre à son arrivée à l’université d’Alger des étudiants Pieds-noir radicaux et politisés. Alors qu’il était jusque-là intéressé seulement par le foot, les maths et les filles, il découvre le livre d’Aimé Césaire « Discours sur le colonialisme » qui lui ouvre les yeux et il milite au sein du CEALD (Comité d’Études d’action Laïque et Démocratique) qui s’oppose à l’émergence de l’OAS.
Poursuivant ses études en France il découvre l’UEMA (Union des étudiants Musulmans Algériens) avant de revenir en Algérie où il enseigne les mathématiques à l’université d’Alger et… épouse la militante indépendantiste Lalia

Serge Carel :
C’est la première fois que cet ancien harki intervient dans un établissement scolaire, mais il est assez connu, au point même que des journalistes l’ont qualifié de « harki qui murmure à l’oreille de Macron »…Son grand-père et son père ont participé aux guerres françaises, l’un en 14/18 et l’autre en 39/45. Ses frères ont combattu en Indochine. Pour lui, son engagement et sa fidélité ne pouvaient s’exercer qu’en faveur de la France.
Son père était garde forestier et il a fréquenté l’école française jusqu’à l’âge de 14 ans et aussi l’école coranique.
Au moment de la guerre, il a été invité à participer à une réunion organisée par le FLN où l’on incitait les jeunes de son âge à rejoindre le maquis. Impossible option pour lui de trahir les Français et la France. Il s’est donc engagé comme harki où comme d’autres il fut souvent placé aux avant-postes dans les combats avant d’être en charge de renseignements et de traductions.
Après le cessez-le-feu l’enfer a commencé : massacres, tortures et abandon par l’armée française. Très vite il a été repéré puis emprisonné. Deux ans enfermés à 40 dans un cabanon rouge du sang des torturés et des morts. Ceux-ci creusant leur tombe, parfois jetés dans l’oued abandonnés aux chacals… et j’en passe. Grâce à une complicité et dans des conditions rocambolesques il a pu s’enfuir, faire soigner son état lamentable après avoir rejoint sa famille et finalement obtenir de faux papiers lui permettant de gagner la France. Le nom qu’il porte n’est pas celui de son origine et il est fier d’exhiber ses décorations : officier de l’ordre de la Légion d’honneur, médaille militaire, croix de guerre, croix du combattant volontaire… et j’en oublie sans doute.

Christian Travers :
Dont le parcours est un peu connu au sein de l’association et n’a pas besoin d’être relaté.

Parmi les questions des élèves, j’ai noté :

Pourquoi êtes-vous devenu harki ? Pouvez-vous nous en dire plus ?
Pourquoi êtes-vous allé combattre en Algérie alors que vous saviez que la lutte des Algériens était légitime ?
Chacun de vous a-t-il un message à transmettre à la nouvelle génération que nous représentons ?

Christian Travers

Édité par Gérard C

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