Accueil > Actualité, presse, autres associations > Réconcilier les mémoires plurielles

A Bordeaux, Boulevard des Potes :

Réconcilier les mémoires plurielles

samedi 29 décembre 2012, par Anne Doussin

13 décembre 2012 Rencontre au Boulevard des Potes à Bordeaux. Soirée sur la réconciliation des mémoires : anciens appelés en Algérie et indépendance de l’Algérie.

Bordeaux...
Boulevard des potes : Association de lutte contre les discriminations et d’éducation populaire, sise dans un vieux quartier populaire et multiculturel de la ville,

AOCE (Apéros d’origines contrôlées) de l’égalité en Aquitaine : une manifestation sociétale culturelle et participative du 16 novembre au 13 décembre 2012.

Algérie, 50 ans des indépendances, réconcilier les mémoires plurielles : colloque de clôture de ce mois de manifestation le 13 décembre, à laquelle la 4acg participait.

Ce colloque s’inscrivait à la fois dans le cinquantenaire des indépendances africaines ( dont l’Algérie) et le contexte des révolutions arabes actuelles, à l’avenir indéfini.

Ahmed serraj, directeur du boulevard des potes, Ben Salama, JM Tixier

Le documentaire « Une histoire algérienne » du journaliste réalisateur algérien Ben Salama, présent, ouvrait la soirée. Jean-Marie Tixier, maitre e conférence en littérature et cinéma, animait ensuite le débat. Le film porte un regard intime avec une rigueur historique sur les histoires des différentes populations de l’Algérie et leurs souffrances, si différentes mais toutes vécues avec intensité. « ...ne pas pouvoir arriver à la paix si chacun ne peut reconnaître et prendre en compte la souffrance des autres camps . » ( Ben Salama).

Laetitia Bucaille, maître de conférences en sociologie, a travaillé sur cette question : comment, un conflit terminé, les combattants ont-ils cheminé par rapport à leur ancien ennemi ?

En ce qui concerne l’Algérie, elle a centré son étude sur les combattants OAS et FLN à travers leur engagement volontaire, et inscrits dans le contexte colonial.Actuellement, pour le pouvoir algérien, la guerre d4algérie est un réservoir de légitimité. Le gouvernement veut imposer le mythe du peuple héros, comme élément fédérateur. Il donc important pour lui d’avoir toujours un ennemi « colonial » ( ravivé par le projet de loi française de 2005) . régne donc un contexte de surenchère politique : il s’agit d’être le plus anticolonialiste possible, le plus nationaliste possible, car ceci est « rentable » . La pension d’un ancien moudjahidin équivaut à sept fois le Smic .

Dans les discours individuels, les algériens mettent en avant l’héroïsme (la résistance à la torture par exemple) . Il y a une concurrence dans les récits des exploits, le nombre d’anciens combattants est en constante augmentation. Ils tiennent à leur statut de héros, ce qui renforce la thèse du pouvoir sur l’unanimité du peuple algérien. Ni le gouvernement ni les algériens ne sont donc demandeurs d’excuses françaises.

Les violences du FLN sont valorisées, car toujours affirmées comme nécessaires, justifiées, et inférieures à celles des français .

Les membres de l’OAS arrivés en France se trouvent en porte-à-faux avec le pays qui les a accueillis. Leur colère est davantage dirigée contre l’état français que contre les algériens. Ils vivent dans ce paradoxe : des positionnements idéologiques fortement opposés entre eux et le peuple algérien et en même temps des relations interpersonnelles amicales.

Dans l’assistance, un africain resitue le débat dans le cadre des indépendances africaines. La France a laissé ses colonies qui n’avaient pas été préparées à assumer leur souveraineté politique et économique . Des accords de coopérations militaires, économiques et culturelles ont été signés entre ces pays et la France. Dans ces états, ce sont des hommes formés par la France pour servir la France qui ont pris les rênes. Forme de néo-colonialisme...

Marie Poinsot, rédactrice en chef de la revue « Hommes et Migrations », nous parle de l’émigration algérienne de 1954 à 1962. Considérée par les algériens, il s’agit bien d’émigration, et que nous appelons nous français d’immigration. Pendant le conflit, elle a doublé pour atteindre 400 000 émigrés. La France pensait alors que les algériens venus par le regroupement familial et la demande de main-d’œuvre pendant les trente glorieuses retournerait ensuite en Algérie.

Actuellement, on estime à trois millions le nombre de personnes partageant une communauté de destin entre l’Algérie et le France . La revue « Immigration » vient de publier une étude à travers la vie quotidienne des Algériens en France, la sociabilité, le rôle des émigrés en France dans la lutte indépendantiste là-bas. A voir aussi l’exposition "Vies d’exil - 1954-1962. Des Algériens en France pendant la guerre d’Algérie" à la cité nationale de l’histoire de l’immigration (Paris) jusqu’au 19 mai 2013.

L’immigration actuelle vers la France est insupportable pour le pouvoir algérien dans sa posture de légitimation .

Mohamed Zerouki, Hélène Erligsen, et Jean-Claude Doussin

S’ensuivent la présentation du livre « Nos pères ennemis » par les auteurs : Hélène Erlingsen-Creste et Mohamed Zerouki (Voir leur interview sur FR2 dans cette Vidéo

), la présentation de l’association 4acg et du livre « Guerre d’Algérie, Guerre d’indépendance, paroles d’humanité » par Jean-Claude Doussin, de 4acg.

Ce colloque était un temps riche en informations et en échanges, agréablement illustré et égayé par de jeunes rappeurs, un concert de musique orientale, et trois jeunes filles qui nous ont interprété une chanson de leur composition : « Ils migrèrent », et suivi d’une excellente soupe et d’un buffet bien de « là-bas »... accompagné du traditionnel thé à la menthe !

concert de musique orientale.

Elles ont composé et chanté : "ils migrèrent"

Merci au Boulevard des Potes pour ce temps convivial et multiculturel !

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.