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Lettre ouverte d’historiens algériens au Président Tebboune

mercredi 7 avril 2021, par Michel Berthelemy

Alors que le Rapport Chikhi, équivalent algérien du Rapport Stora, n’a toujours pas été publié (existe-t-il seulement ?), et que les généraux semblent renforcer davantage leur pouvoir, une lettre ouverte d’historiens algériens au Président de la République Abdemadjid Tebboune, demande l’ouverture des archives nationales

En préambule, les signataires déclarent : « le devoir moral et donc le devoir national, nous commandent de vous adresser la présente lettre ouverte dans l’espoir que soit résolue la problématique des dépassements par la Direction des Archives nationales de ses prérogatives. Une situation qui dure depuis deux décennies, ce qui n’a pas été sans impacter négativement les études historiques et le travail sur la mémoire nationale ».

Monsieur le Président

Malgré l’intérêt que vous portez à l’Histoire nationale et plus particulièrement à l’Histoire du Mouvement national et la Révolution algérienne de façon particulière,
Bien que vous ayez décrété le 8 mai 1945, « Journée nationale de la Mémoire » et créé une chaîne d’histoire (Edhakira),
Bien que vous ayez nommé auprès de votre personne, un Conseiller chargé des Archives et de la Mémoire nationale,
Malgré l’intérêt grandissant pour les questions de Mémoire,
Malgré nos nombreux appels et protestations à travers les médias nationaux,
Nous n’arrivons toujours pas à accéder aux fonds d’archives, pourtant légalement communicables, particulièrement ceux portant sur le Mouvement national et la Révolution algérienne.

Monsieur le Président de la République
Nous vous sommes gré
1- d’ordonner l’application de la loi régissant les Archives nationales, à savoir la loi 88-09 du 26.1.1988, sans qu’interfèrent des interprétations personnelles qui vont à l’encontre de l’esprit même des archives qui sont un patrimoine de la Nation,
2- de mettre fin à toutes les entraves bureaucratiques qui viennent à bout des chercheurs les plus opiniâtres parmi lesquelles
• Le droit d’accéder au contenu des dossiers communicables en lieu et place des feuillets communiqués un à un aux chercheurs,
• Le droit de reproduire les fonds communicables sous quelque forme que ce soit comme cela a cours dans les différents centres d’archives à travers le monde.
3- L’application de la loi 88.09 du 26.1.1988, permettrait
• de rendre le Centre national des archives et les services d’archives de Wilaya, attractifs aussi bien pour les chercheurs nationaux qu’étrangers,
• de domicilier la recherche historique en Algérie et non pas à l’étranger,
• de hisser la recherche et les études historiques ainsi que dans les domaines des Sciences Humaines et Sociales, à un rang académique mondial.

Monsieur le Président de la République
Notre démarche s’inscrit au cœur même de la « Journée nationale de la Mémoire ». Aussi sommes-nous convaincus d’être entendus.
Croyez Monsieur le Président de la République en notre profond respect.

Liste des signataires
Mohamed El Korso, Professeur, Alger3, département d’histoire, retraité, ex. Président de l’association « 8 mai 1945 » ;
Daho Djerbal, Professeur, Alger3, département d’histoire, Directeur de la revue « Naqd » ;
Ahmed Charafeddine, Professeur, Alger3, département d’histoire, retraité, chercheur ;
Ali Tablit, Professeur, Alger2, historien, retraité, chercheur ;
Amar Mohand-Amer, Chercheur, Directeur de la Division « Histoire et mémoire », CRASC ;
Mustapha Nouisser, Professeur, Alger3, département d’histoire, chercheur ;
Lazhar Bedida, Professeur, Alger3, département d’histoire ;
Affaf Zekkour, Maître de conférences, Université Hassiba Ben Bouali, Chlef, département d’histoire ;
Allal Bitour, Maître de conférences, Alger3, département d’histoire.

(ndlr) Un article publié le 28 mars par le quotidien algérien L’Est Républicain annonce que près de 300 historiens, universitaires et chercheurs sur l’histoire de la révolution algérienne se sont joints à la demande au chef de l’État d’un accès libre aux documents historiques conservés aux Archives nationales « que Abdelmadjid Chikhi a cadenassé depuis des décennies ».

https://histoirecoloniale.net/Des-historiens-algeriens-demandent-l-ouverture-des-archives-en-Algerie.html

Messages

  • Bonjour
    Je suis consterné de lire que des Historiens puisse associer le nom de Tebboune à la fonction présidentielle alors que tout un peuple clame depuis plus d’un an l’illégitimité politique et morale de ce pouvoir !

    Comment peut-on demander à un pouvoir d’ouvrir des archives alors que celui-ci s’est institué comme étant le seul écrivain de l’histoire ? Il ne s’agit pas d’ouvrir les archives mais aux historiens de faire un redressement historique car ce pouvoir n’a pu voler au peuple algérien son indépendance que parce qu’il a pu lui voler son histoire. Et cette démarche ne nécessite pas l’ouverture des archives, mais une analyse et un engagement intellectuels.

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