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Dernier ouvrage de Tramor Quemeneur : des appelés et une partie de l’élite et des universitaires français ont soutenu l’indépendance de l’Algérie

mercredi 4 novembre 2015, par Michel Berthelemy

Nous reprenons ici un article de l’Agence « Algérie-Presse-Service », daté du 2 novembre, informant de la sortie d’un nouvel ouvrage publié par Tramor Quemeneur, Kadri Aïssa et Bouaziz Moula : La Guerre d’Algérie revisitée.

ALGER- L’opposition d’une partie de l’élite en France appuyée par un mouvement de désertion parmi les appelés dans les rangs de l’armée française ont aidé à amplifier dans le monde la voix du peuple algérien en lutte pour son indépendance, affirment des universitaires français.
S’exprimant lors d’une rencontre sur les nouvelles approches historiques dans le traitement des évènements liés à la guerre pour l’indépendance tenue dimanche à Alger en marge du 20e SILA (Salon international du livre d’Alger), l’universitaire Julien Hage, a soutenu que cette élite "a fait écho au combat légitime du peuple algérien", par "opposition" aux crimes et exactions du régime colonialiste.
L’appui de l’élite française, a-t-il poursuivi, s’est forgé grâce à des écrivains, éditeurs et journalistes qui ont bravé la censure et le danger pour dénoncer, dans les colonnes de la presse, la répression, la torture et les exécutions sommaires commises par l’armée française à l’encontre des civils et des combattants algériens.
A ce titre, l’universitaire a rappelé le rôle de l’écrivain et éditeur François Maspero, disparu en 2014, et son engagement en faveur de l’indépendance de l’Algérie à travers sa maison d’édition fondée en 1959.
Tramor Quemeneur, enseignant d’histoire et spécialiste du monde maghrébin, est revenu sur l’appui multiforme des citoyens français de France pendant la guerre d’Algérie, notamment leur soutien à travers la désobéissance et la désertion des rangs l’armée coloniale.
Ce refus d’être incorporé dans l’armée française est un acte politique pour signifier son rejet du régime colonial et de la guerre injuste qu’il menait en Algérie, contre les Algériens, a-t-il jugé.
Selon l’universitaire, quelque 12000 soldats français insoumis ont été recensés pendant cette période, alors que des soldats, de l’intérieur de l’armée française, aidaient l’ALN (Armée de libération nationale) en fournissant des renseignements sur le déplacement des troupes.
A la liste des soutiens en France en faveur de l’indépendance de l’Algérie, Tramor Quemeneur cite celui des étudiants français représentés par l’Union nationale des étudiants de France(UNEF) dont le noyau, rappelle-t-il, était formé de communistes et de militants catholiques.
Historien, spécialiste de la guerre d’Algérie, Quemeneur Tramor vient de publier avec Kadri Aïssa et Bouaziz Moula "La guerre d’Algérie revisitée", produit de travaux de recherche menés sur la dimension internationale d’un des plus grands conflits anti-coloniaux du XXe siècle.

La guerre d’Algérie revisitée
ouvrage collectif sous la direction de Aïssa Kadri, Tramor Quemeneur et Moula Bouaziz
éditions Karthala, 2015

Messages

  • Priou Yvon appelé en Algérie 1961-1962 souhaite faire connaitre la force locale Algérienne avec qui il avait été muté d’office, mais qui a été occultée pendant plus de 50 ans et Jean-Louis Cerceau a écrit un article sur le journal « l’Ancien d’Algérie » de la FNACA Novembre 2017 N° 561 page 14. et au nom de tous mes camarades, qui avaient été embarquès dans cette galère, (je et) nous le remercions vivement.

    Copie de l’Article

    C’était votre unité

    <<< Les Unités de la Force Locale UFL-UFO

    Dès le mois de janvier 1961 le Ministère d’Etat chargé des affaires Algériennes engage une réflexion sur la façon dont pourrait être assuré le maintien de l’ordre dans la perspective d’un cessez le feu.

    Plusieurs solutions sont envisagés, dont celle qui sera l’une des conséquences des accords à Evian le 18 mars 1962, et du cessez le feu ordonné le jour suivant

    Une force locale est créée en Algérie par le gouvernement Français dont le principe et la composition sont précités dans le décret 62-306 du 19 mars 1962,publié au J O le jour suivant, et suivi d’un arrêté interministériel daté du 30 mars dont le titre IV, intitulé << de la force de l’ordre>>, précise :

    Art. 19. — Il est créé une force de l’ordre propre à l’Algérie. Cette force de l’ordre est placée sous l’autorité de l’exécutif provisoire, qui décide des conditions de son emploi.

    Art. 20. — La forcé de l’ordre aura un effectif global de 60.000 hommes. Son effectif initial sera de 40.000 hommes. Il comprendra :

    Les auxiliaires de la gendarmerie et les groupes mobiles de sécurité actuellement existants ; Des unités constituées par les appelés d’Algérie et, éventuellement, par des cadres pris dans les disponibles. L’exécutif provisoire a le pouvoir de compléter la force de l’ordre par rappel de réserves instruites.

    .Art. 21. — Le directeur de la force de l’ordre est nommé par décret en accord avec l’exécutif provisoire

    Dans le texte ci-après, notre propos n’est pas d’entrer dans le détail de la répartition des 114 unités constitués dans des situations particulières rencontrées durant les 100 jours où elles ont eu à assurer une mission vaguement définie, dans un contexte très troublé, (1) où tout pouvait arriver à ceux qui ont eu la malchance d’y être affectés.

    Nous voulons seulement sortir de l’oubli l’un des aspects de la guerre d’Algérie qui n’a pas été la plus belle page militaire de notre Histoire, et qui reste trop souvent occultée dans les récits officiels écrits sur ce conflit. (2)

    Il parait évident que les autorités militaires françaises avaient des doutes certains sur la façon dont la situation évoluerait après le cessez le feu, jusqu’à l’indépendance et même au-delà. Nous savons aujourd’hui que tous les cas de figures avaient sagement envisagés, notamment dans le cas où des Unités de l’ALN auraient repris les armes contre nos forces, en profitant de l’ouverture des frontières.

    Dès le mois de Mai 1962 plusieurs plans militaires sont élaborés très confidentielles, a l’insu des autorités civils dans le cas d’une rupture du cessez le feu par la partie adverse. Ces projets vont évoluer en fonction des constats faits sur le terrain, et notamment du fait qu’il fallait prendre en compte les actions menés par l’OAS

    Le plan « Carrousel » devait être mis en œuvre dès le mois de juin, et prévoyait notamment qu’en cas de troubles, l’alerte « Zoulou » serait déclenchée. Cette dernière devait provoquer, entre autre choses, le désarmement des UFL, composés de 90%d’éléments FSNA et 10% d’européens, avec un encadrement mixte.

    C’est dire la confiance de ces unités et ce dès leur création

    Le plan carrousel ne sera jamais déclenché, et subira ensuite plusieurs modifications en prenant les noms de « Vautour » « Goëland » puis « Bouvreuil ».

    Cependant son utilité a bien été démontré dans la mesure ou en représailles d’actions menées dans les grandes villes du Nord -Constantinois par certains européens contre les musulmans, des enlèvements sont perpétrés dans toute la région, comme le prouve entre autres, un charnier découvert dans une mine désaffectés située sur la commune de l’Oued Seguin, près de Télergma.

    Dès le mois d’avril 1962, 114 UFL sont constitués par des unités de l’armée française, à partir de regroupement d’éléments Nord-Africains incorporés en qualité d’appelés du contingent ou d’engagés volontaires renforcés par des hommes des groupes de sécurité et des auxiliaires de la gendarmerie.

    Numérotées de 400 à 514, il est prévu que chacune doit compter un effectif de 202 hommes, soit 3 officiers dont un musulman, 22 sous- officiers dont 6 européens, 177 hommes, dont 17 européens. Elle est articulé en quatre sections de 45 hommes chacune et une section de commandement de 22 hommes

    En théorie, les personnels européens doivent être désignés parmi les volontaires, mais a défaut, sont pris d’office parmi ceux qui ont encore cinq mois de séjour à effectuer.(3)

    Le 21 avril 1962 la force locale est mise officiellement à disposition de l’Exécutif provisoire qui doit siéger jusqu’à la date de l’indépendance et présidé par Abderrahmane Farés

    Les éléments européens les plus nombreux sont finalement des appelés, qui prennent leurs nouvelles fonctions sans avoir reçu l’information nécessaire à leur mission, et si la plupart font preuve d’une parfaite neutralité à l’égard des personnels musulmans, la réciproque n’est pas toujours aussi évidente avec ceux qui étaient leurs adversaires de la veille, et les appelés algériens qui attendent impatiemment l’indépendance du pays.

    L’ambiance est aussi en fonction de la façon dont la guerre s’est déroulée sur chaque secteur de compétence et on peut noter, par exemple, que les tensions ont été moins fortes dans le Constantinois que dans l’Oranais ou l’Algérois

    Le flou qui entoure l’emploi des UFL vient encore en rajouter à l’incertitude du sort des Européens désignés d’office.

    En théorie si la Force Locale est à disposition des préfets les militaires restent en principe, sous les ordres de leur hiérarchie d’origine.

    A partir du mois de juin 1962 les choses se compliquent encore avec le relatif désintérêt de plusieurs chefs de corps pour ceux qu’ils ont pourtant eux -mêmes désignés pour servir dans ces UFL. (4)

    Curieuse amnésie qui nous amène à s’interroger sur le fait que ces appelés aient pu être oubliés au moment des rapatriements de leur unité d’origine vers la métropole.

    D’autre part plusieurs témoignages avérés font état de violences exercées à l’égard de quelques- uns par une foule en délire ou des résistants de la dernière heure au moment de la déclaration d’indépendance, et, pire encore, de disparitions jamais « élucidées, mais dont la conclusion ne laisse aucun doute lorsqu’on sait que ces malheureux ont été, des années après, reconnus « Morts pour la France »

    Là encore, il est effarant de constater que des officiers avaient eu l’idée de déclarer comme déserteurs (5)certaines de ces victimes, a une époque où rien n’aurait expliqué un tel comportement de la part de militaires européens, a quelque jours de leur retour en métropole !

    Leurs noms étant confondus avec ceux tombés durant le conflit, leur nombre reste indéterminé puisque curieusement, les périodes de services dans les UFL ne sont pas inscrites sur les livrets militaires, ou les états signalétiques, car à l’époque elles ne sont considérées que comme simples détachement provisoires.(6)

    On comprend que ceux qui ont été contraints de subir cette triste expérience restent toujours marqués et que plus d’un demi-siècle après la fin de cette guerre, ils continuent de faire en sorte que leur histoire, qui est sans doute l’un des aspects les plus troubles de la guerre d’Algérie, reste toujours présente dans les mémoires.>>>

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