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8 février 1962, le massacre de Charonne

mardi 4 février 2020, par Michel Berthelemy

Le 7 février 1962, dix charges de plastic explosent à la porte du domicile parisien d’hommes politiques, d’intellectuels, de journalistes. Sept blessés.

Parmi les blessés une petite fille âgée de quatre ans et demi, Delphine Renard. En attendant de retourner a l’école, elle jouait dans sa chambre après le déjeuner quand une charge de plastic destinée à André Malraux, qui habitait le même immeuble de Boulogne-sur-Seine, explose devant ses fenêtres. Delphine est gravement atteinte et elle y perdra un œil.

Plusieurs syndicats et partis de gauche appellent à une manifestation à Paris pour le lendemain, 8 février 1962, afin de protester contre une vague d’attentats perpétrés par l’OAS (Organisation Armée Secrète). Malgré l’interdiction, des manifestants se regroupent boulevard Voltaire, aux cris de « OAS Assassin » et « Paix en Algérie ». A 19h30, au moment de la dispersion de la manifestation, les brigades spéciales de la police chargent violemment les manifestants. Saisis par la panique, un grand nombre d’entre eux s’engouffrent dans le métro. On relèvera 8 morts – 5 au métro Charonne et 3 Place Voltaire –, un neuvième mourra des suites de ses blessures à la tête quelques semaines plus tard à l’hôpital. Tous étaient membres de la CGT et la plupart membres du Parti communiste français

Le drame suscita une vive émotion. La grève lancée le 9 février mobilisa plus de deux millions de participants et les obsèques, le 13 février, rassemblèrent, selon les estimations, de 125 000 à un million de manifestants. Le pouvoir s’entêta pourtant dans ses dénis. Aux mains de l’appareil d’État, presse et télévision se turent. Si une enquête policière fut menée avec rigueur, le dossier judiciaire fut prestement classé sans suite et l’amnistie du 17 juin 1966 mit un terme opportun à la quête des responsabilités. Sur le plan civil, victimes directes et indirectes ne bénéficièrent que d’une faible indemnité, les tribunaux retenant la thèse d’une responsabilité partagée : du fait de l’interdiction, les manifestants auraient dû s’abstenir. Le pouvoir tenta de même d’effacer la mémoire du crime, interdisant par exemple, jusqu’en 1982, de manifester sur les lieux du drame.

Aucun responsable du massacre de Charonne n’a été jugé, aucune sanction n’a été prononcée… Pas de coupable.

Seule reconnaissance, celle de la ville de Paris par la voix de son maire : Bertrand Delanoë a inauguré le 8 février 2007, quarante-cinq ans après les faits, la Place du 8-Février-1962 à l’intersection de la rue de Charonne et du boulevard Voltaire.

Un rassemblement est prévu le samedi 8 février 2020 à 11h30, Place du 8 février 1962, M° Charonne. Il sera suivi à 13h d’un dépôt de gerbe au cimetière du Père-Lachaise.

Pour aller plus loin :
Charonne 8 février 1962. Anthropologie historique d’un massacre d’État, Alain Dewerpe, 2006, Folio/histoire
Mourir à Charonne, pourquoi ? film de Daniel Kupferstein, 59 mn, 2010

Sources : https://histoirecoloniale.net/

Messages

  • Précision : le 8 février 1962 le préfet de police de Paris s’appelait Papon , il avait déjà sévi le 17 octobre 1961
    Papon nommé dès août 1944 préfet des Landes ,puis chef de cabinet de Courrégelongue premier président de la cour d’appel de Bordeaux , poste qu’il conservera sous les deux successeurs Soustelle et Bourgès-Maunoury malgré l’opposition du Comité de Libération ( CR du procès Papon)
    L ’épuration reste à accomplir mais les archives administratives et policières nous permettent de comprendre que Papon ait pu sans jamais quitter " la Préfectorale" diriger après la Libération la répression anticommuniste et anti-algérienne comme il avait à Bordeaux pendant l’Occupation , organisé la chasse aux "terroristes" et aux juifs . Papon contrairement à l’image qui règne en France , ne fut pas l’exception mais la règle ( Annie Lacroix-Riz :La non épuration page 512) Il avait suffit de transformer de grands coupables en "subalternes" ou en victime de la "contrainte"
    Michel Debré premier Ministre félicitera Papon pour l’excellent travail qu’il a accompli à Charonnece 8 février 1962
    On en a pas fini avec la guerre d’Algérie mais également avec l’Occupation , la Collaboration et toutes les violences passées et actuelles

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