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La police israélienne détruit la maison d’une famille palestinienne à Jérusalem
samedi 29 janvier 2022, par
Les forces de l’ordre ont détruit, le mercredi 19 janvier, la maison d’une famille palestinienne dans le quartier sensible de Cheikh Jarrah, devenu le symbole de la lutte contre la colonisation israélienne à Jérusalem-Est.
L’Obs/afp, 19 janvier 2022
Après de multiples tentatives, la police israélienne a détruit ce mercredi 19 janvier, avant l’aube, la maison d’une famille palestinienne dans le quartier sensible de Cheikh Jarrah, devenu le symbole de la lutte contre la colonisation israélienne à Jérusalem-Est.
Des policiers se sont rendus au domicile de la famille Salhiya, menacée d’expulsion depuis 2017 et sujet d’une campagne de soutien dans les Territoires palestiniens et à l’étranger, et ont évacué ses membres, selon une vidéo mise en ligne par la police.
Cheikh Jarrah, le quartier au cœur de la crise à Jérusalem
Un photographe de l’AFP a ensuite constaté la démolition de la maison à Cheikh Jarrah, quartier palestinien situé dans la partie orientale de la Ville sainte occupée depuis 1967 puis annexée par Israël. Elle a été détruite par une pelle mécanique, selon des témoins.
« Au cours de la nuit, la police a mis en œuvre l’ordre d’expulsion de bâtiments illégaux sur un terrain prévu pour une école destinée à des enfants demandant des soins particuliers à Jérusalem-Est », a indiqué la police dans un communiqué, ajoutant que la famille Salhiya avait refusé à « plusieurs reprises » de « consentir à rendre ce terrain ».
18 arrestations
Lundi, à l’arrivée des policiers pour tenter de les expulser, des membres de la famille Salhiya s’étaient retranchés avec un baril d’essence sur le toit de leur maison, menaçant de s’immoler s’ils étaient forcés de quitter les lieux.
Des négociations avaient suivi pour éviter des violences et la famille a déposé une requête auprès de la Cour suprême pour annuler l’ordre d’expulsion de la municipalité. On ignorait dans l’immédiat si la Cour avait rendu une décision.
Au cours de son opération nocturne, la police a indiqué avoir mené 18 arrestations. Des policiers étaient toujours sur place, au pied des ruines tôt le matin.
La famille Salhiya est menacée d’éviction depuis 2017, le terrain sur lequel se trouvait leur maison ayant été alloué pour la construction d’une école. Les groupes de défense de cette famille estiment que l’école pourrait être construite ailleurs en ville.
Un quartier sensible
En mai 2021, des manifestations de soutien à des familles palestiniennes menacées d’expulsion à Cheikh Jarrah avaient dégénéré en heurts avec la police et des colons israéliens, des protestations qui avaient provoqué une nouvelle flambée de violences meurtrières entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, territoire palestinien sous blocus israélien.
A Jérusalem-Est, des centaines de familles palestiniennes présentes depuis des décennies sont confrontées à des ordres d’expulsion au profit de colons juifs. Sept familles ont déjà fait appel à la Cour suprême contre des avis d’expulsion.
« Nous n’avons pas les mêmes droits que les Juifs » : voyage chez les enfants maudits d’Israël
Quelque 210 000 Israéliens sont installés à Jérusalem-Est dans des colonies illégales au regard du droit international. Israël considère toute la ville de Jérusalem comme sa capitale, alors que les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.
D’après la loi israélienne, si des juifs peuvent prouver que leur famille vivait à Jérusalem-Est avant la guerre de 1948 et la création de l’Etat d’Israël, ils peuvent demander à ce que leur soit rendu leur « droit de propriété ».
Une telle loi n’existe toutefois pas pour les Palestiniens ayant perdu leurs biens. Et les familles palestiniennes assurent avoir légalement acheté leurs propriétés aux autorités jordaniennes, qui ont contrôlé Jérusalem-Est de 1948 à 1967.
Ziad Medouk nous signale ce film sur les amputés de Gaza :
A lire également une tribune de Maurice Buttin, avocat membre de l’AFPS, membre des CA de "Pour Jérusalem", "Chrétiens de la Méditerranée" et des "Amis de Saabel France" :
Le Bla-bla-bla des pays occidentaux
Les expulsions de Palestiniens demeurant dans le quartier occupé de Jérusalem-Est, Sheih Jarah, ont commencé. Dans la nuit du 18 au 19 janvier, après expulsion de la famille Salhya à l’aube, sa maison a été détruite. Quinze personnes se sont retrouvées à la rue dans un froid glacial. Des voisins sont intervenus pour tenter d’éviter ce crime. Dix-huit ont été arrêtés.
Le président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, a qualifié ce drame de « crime de guerre ». J’ajouterai un crime de plus, car l’armée israélienne en est coutumier. Il n’a pas pour autant annoncé l’arrêt des sacro-saintes polices de sécurité israélo-palestiniennes, au grand dam des jeunes palestiniens, très tournés présentement contre l’occupant israélien.
Les bulldozers étaient arrivés une première fois la veille. Le père de famille, et quelques jeunes, étaient montés sur le toit de la demeure avec des bonbonnes de gaz et il menaçait de s’immoler et de faire exploser la maison. Il pensait avoir gagné la partie. En fait, les forces de sécurité israéliennes avaient feint de revenir sur leur projet, après l’arrivée de journalistes et d’une délégation de diplomates européens. Le chef de celle-ci, Sven Kühn, avait déclaré : « Ceci est un territoire occupé. Les expulsions et les démolitions sont illégales au regard du droit international et compromettent considérablement le processus de paix ».
Après cette belle déclaration, trois petits tours, et puis s’en vont. J’ai raconté la suite…
De leur côté, dans un communiqué conjoint, les porte-paroles des ministres des Affaire étrangères de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et de l’Espagne ont demandé « instamment au gouvernement israélien de mettre un terme aux procédures d’éviction et de démolition des structures palestiniennes à Jérusalem-Est et en zone C, qui contribuent à alimenter les tensions sur le terrain ».
Après des « mises en garde », les « inquiétudes », les « préoccupations », les « blâmes », une « sévère réprimande », une nième « protestation », voire une « condamnation »… une « demande instamment » ! La courageuse association israélienne B’Tselem soulignait récemment « l’effet néfaste du choix fait des responsables internationaux (…) de se contenter de paroles et de déclarations creuses plutôt que d’agir et de forcer Israël à payer le prix de sa politique ».
Une fois de plus le gouvernement israélien a, sans doute, bien ri pour sa part en recevant la dernière admonestation. Il s’en moque éperdument. Il est impuni depuis la création de l’Etat d’Israël en 1948. Tranquille, il a refusé d’appliquer plus de 250 résolutions du Conseil de Sécurité et de l’Assemblée générale des Nations Unies, sans craindre aucune sanction. Il a toujours été défendu par son fidèle allié les Etats-Unis, ce grand pays « défenseur des droits de l’homme », selon les déclarations du président, Joë Biden.
Et « en même temps », pour reprendre l’expression chère à notre président de la République, face à la crise opposant l’Ukraine à la Russie, le même président Joë Biden a déclaré : « Si la Russie envahit tout le pays, ou même beaucoup moins que cela, il y aura d’énormes conséquences ». « Nous sommes prêts à imposer des sanctions aux conséquences massives » a même renchéri un haut responsable de la Maison Blanche, en insistant « Il n’est plus question de réponse graduée. Cette fois, nous commencerons d’emblée par le haut de l’échelle et nous y resterons ». Ces options : « que nous envisageons avec nos alliés porteraient un coup dur aux ambitions de Poutine d’industrialiser son économie. Cela toucherait des domaines comme l’intelligence artificielle, les ordinateurs, la défense, l’aérospatiale et d’autres secteurs clés ».
Le président Emanuel Macron, au côté du chancelier allemand, Olaf Scholz, avait prévenu : « En cas d’agression de la Russie, la riposte sera là et le coût sera très élevé ».
Ainsi, d’un côté, avant toute éventuelle agression, des menaces de sanctions d‘une ampleur jamais vue, contre la Russie, qui, c’est certain, seraient mises à exécution en cas d’agression. De l’autre, des admonestations - et de nombreux accords de coopération ! - avec un pays Israël QUI OCCUPE son voisin, la Palestine, le 194e Etat des Nations-Unies, depuis bientôt 55 ans !
Comment ne pas comprendre devant ces « deux poids, deux mesures », l’hostilité, voire la haine des peuples iraniens, arabes, africains, et bien d’autres, y compris, chez nous, de certains Français issus de l’immigration, contre un certain occident !