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Jacques et Simone de Bollardière, « non-violents actifs », ont désormais une rue à leur nom à Guidel
vendredi 28 mars 2025, par
Ouest-France – jeudi 13 mars 2025
Le 14 mars 2025, la ville de Guidel rendait hommage à Jacques de Bollardière, général de l’armée française devenu figure de l’action non-violente, et à sa femme Simone, en inaugurant une rue à leur nom. À cette occasion, la famille a organisé à l’Estran la projection de deux films inédits illustrant leur engagement non violent pour la dignité humaine

Ce général pacifiste avait quitté l’armée pour protester contre l’usage de la torture, après la bataille d’Alger à laquelle il a refusé de participer. Jacques Pâris de Bollardière, mort en 1986, a désormais une rue à son nom et à celui de sa femme Simone, à Guidel, où le couple s’était installé en 1961. Elle a été inaugurée le 14 mars 2025.
Entretien avec Marion de Bollardière, fille de Jacques et Simone de Bollardière
Pouvez-vous présenter votre père, chantre du militantisme non-violent ?
Né en 1907, mon père, fils et frère de militaires, était destiné à la carrière des armes.
Entré en 1927 à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, à Guer (Morbihan), il en a été l’un des plus brillants représentants, de la France Libre à la guerre d’Indochine et d’Algérie. Il était Compagnon de la Libération et grand officier de la Légion d’honneur. La dénonciation de la torture, instituée insidieusement en système, a bouleversé sa carrière militaire. Ne pouvant admettre que l’armée se déshonore, il a voulu rompre le complot du silence entretenu auprès de l’opinion publique. C’est le putsch militaire d’Alger qui le détermine à quitter une armée dont une partie des cadres se dresse contre le pays. Par la suite, au nom de leurs valeurs et de leur intégrité, la non-violence active a été, pour mes parents, une lutte de tout instant au cours de leur vie.
Une rue est inaugurée à leur nom à tous les deux à Guidel. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
C’est vraiment un bel hommage. Mes sœurs Armelle, Soizik et moi éprouvons beaucoup de gratitude envers la municipalité de Guidel. Nous sommes très heureuses que nos parents soient honorés ensemble, à l’image de leur vie où ils se sont toujours épaulés. Pendant la carrière militaire de mon père, ils ont beaucoup déménagé. Ayant des racines bretonnes, ils ont enfin décidé de poser leurs valises en 1961, au Vieux Talhouët, à Guidel. Ma mère était une femme très engagée. Localement avec le centre communal d’action sociale de Guidel, l’action catholique et la défense de la desserte ferroviaire à Quimperlé. Mais elle s’est aussi investie farouchement pour de grandes causes, comme les objecteurs de conscience, l’écologie, Plogoff et le Larzac…
Vous en avez profité pour projeter deux films sur eux à l’Estran ?
Nous avons pensé que c’était l’occasion d’honorer nos parents qui ont exprimé toute leur vie une parole lumineuse et pleine d’espérance. Nous avons eu l’idée d’organiser une soirée à l’Estran où, durant 1 h 30, deux films ont parlé d’eux. Le premier, d’André Gazut, qui a été réalisé en 1974 par la Télévision Suisse, s’intitule « Destin du Général Jacques de Bollardière ». Il retrace son parcours militaire à son changement de lutte. La seconde projection s’appuie sur trois extraits de 8 minutes du film « Retour en Algérie, » réalisé par le Lorientais Emmanuel Audrain. Ami de la famille, il fait ressortir la parole très limpide et directe de ma mère. Mes parents avaient une foi profonde dans la vie et l’humain. En posant des actes justes, ils se sont toujours engagés avec leurs convictions profondes.
Que vous ont transmis vos parents ?
En plus de leurs valeurs humaines, ils ont transmis à leurs cinq filles la capacité à ne pas transiger, à savoir désobéir, à ne pas être conformiste. Mes parents étaient justes avec leur cœur, quoi qu’il en coûte, quitte à ce que certains leur tournent le dos ou les méprisent. J’aimais l’humour “anglais” de mon père. Celui de ma mère était plus impertinent. Avec leur feu intérieur, mes parents ont su soulever des montagnes. J’ai eu la chance de côtoyer des êtres merveilleux, d’être leur fille. Ils m’ont énormément inspirée.
Source :
Note
Pour rappel Simone de Bollardière a été « Présidente d’honneur » de la 4ACG
Un hommage lui a été rendu pendant notre AG de Bugeat où son nom a été évoqué dans nos échanges.
Affiche de la 4ACG exposée dans la salle de l’Estran à Guidel
Édition G C
Messages
1. Jacques et Simone de Bollardière, « non-violents actifs », ont désormais une rue à leur nom à Guidel , 2 avril, 17:13, par Armand BEMER
Merci pour ce bel article et ces témoignages revigorants par les temps qui courent.
La figure de Jacques de la Bollardière nous a inspirés et guidés lors des époques que vous évoquez (années 70, non-violence active, soutien aux objecteurs de conscience, Larzac, rencontre avec Théodore Monod).
Un bel héritage pour ses filles et vos engagements.
Cordialement
Armand et Myriam BEMER