Accueil > Vie de l’association > D’un camp à l’autre, des camps de regroupement aux camps de réfugiés : tel (…)

D’un camp à l’autre, des camps de regroupement aux camps de réfugiés : tel était le thème 2024 de Mémoire et Fraternité à Clermont-Ferrand

lundi 28 octobre 2024, par Philippe Chevrette

Ce samedi 19 octobre au matin, toute l’équipe auvergnate est « sur le pont ». Nous accueillons les associations partenaires que sont Coup de Soleil et L’AFPS 63. D’autres viendront nous rejoindre.

Tout le monde s’affaire à l’installation des stands, de la mise en place de l’exposition « le camp du Larzac pendant la guerre d’Algérie », prêtée par l’équipe de Millau. En quelques minutes les tables et les chaises sont en place. Léo notre régisseur orchestre le son des micros et l’écran pour la future projection.

Chacun(e) est à sa place, l’organisation est rodée, 2024 marquant la troisième édition de l’évènement. Seul manque à l’appel Gérard Martin, correspondant régional et ancien appelé retenu par une convalescence.

Après une présentation de l’évènement par Philippe, les deux coprésidents, Eric Sirvin et Philippe Czapla présentent la 4acg. Puis Michel Wiulson Coup de Soleil et Yves Chilliard AFPS clôturent les présentations.

Le samedi après midi débute par la projection du film A Mansourah tu nous as séparés qui décrit l’existence d’alors, quand les familles algériennes étaient déplacées sans ménagement pour survivre, tant bien que mal dans les camps de regroupements. La malnutrition, le déracinement, la privation de liberté, la perte des animaux d’élevage, etc. C’est Malek Kellou, le réalisateur, qui nous décrit les conditions de vie qu’il a connues à l’âge de dix ans.

Le public venu nombreux pose des questions. Cet après-midi-là Jean-Marie Mire, ancien appelé complète sa vision et son vécu en Algérie lorsqu’il était présent pour le compte de l ’Armée française. Les témoignages de Malek Kellou et Jean-Marie Mire sont touchants et le public inter-agit à leurs propos pleins d’émotion. Nous apprenons ainsi que ce sont les familles algériennes qui gèrent leur nouvelle vie dans le camp de regroupement. Le camp de Mansourah s’intègre dans le village du même nom. Les familles se regroupent du mieux qu’elles peuvent. Elles vivent en promiscuité dans la douleur et la souffrance. Malek nous apprend que c’est le FLN qui « orchestre » l’organisation des familles dans le village de Mansourah. De plus si l’idée de l’Armée étai de couper les contacts avec le FLN, il n’en sera rien car ce dernier infiltre, malgré tout, cet espace de vie.

Pour conclure, Fabien Sacriste, jeune historien des camps de regroupement, éclairera le public à partir de sa thèse. Les camps sont nombreux et différents selon que les familles algériennes seront sous tentes ou bien dans des maisons en dur. Mais le contexte de vie est identique malgré quelques « tentatives humaines ». Les familles souffrent de malnutrition, de misère et d’épuisement au milieu de barbelés sous un couvre-feu offrant peu de liberté.

En fin de journée, les échanges se poursuivent avec des anecdotes, des mémoires communes, des rencontres nouvelles.

Après une bonne nuit de sommeil, une journée ensoleillée s’annonce sur la ville de Clermont-Ferrand.

À midi quelques personnes viennent se restaurer pour déguster un repas iranien de notre ami Hojjat. Les mets nous régalent et accompagnent les échanges entre l’Algérie et la France tout en commentant la conférence de la veille.

A 14 heures le public est à nouveau au rendez-vous pour écouter Pierre et Monique de la CIMADE. Après quelques définitions, très vite ils décrivent ce que sont les camps de rétentions en France et en Europe. Les conditions administratives se durcissent depuis de nombreuses années. L’Europe finance des pays comme la Tunisie et la Libye pour tenir à l’écart ces réfugiés que l’on ne veut plus voir en Europe. C’est effroyable quand on sait ce que sont les conditions d’accueil dans ces pays autoritaires et anti-démocratiques. Voilà donc le résultat d’une politique de protection et de rejet de l’autre.

Il n’y a aucun doute sur la solidarité active envers les personnes opprimées et exploitées de la part de la CIMADE. Tout comme la 4acg elle défend la dignité et les droits des personnes, quelles que soient leurs origines, leurs opinions politiques ou leurs convictions. Il est bon parfois de mettre en commun nos réflexions humanistes et progressistes. C’est tout le sens de l’existence de l’évènement de Mémoires et Fraternité à Clermont-Ferrand.

Après un débat fructueux et des questions sur la réalité d’aujourd’hui, le public sera tout aussi attentif à l’intervention d’Yves de l’AFPS. Après un long rappel historique de la situation palestinienne et de la présence d’une politique sioniste d’Israël le public attentif s’est ému de nombreuses questions mais surtout d’un constat d’une politique coloniale qui opère toujours de façon violente, convaincue de son bon droit soutenue par les États-Unis et l’Europe. On observera que ce soutien apparaît au travers de ces États qui, pendant longtemps, pratiquaient une politique coloniale. L’esprit colonialiste serait donc encore vivace tel que l’exprime Lilian Thuram dans son livre La pensée blanche (NDLR). Enfin la question se porte sur le silence de certains pays arabes. Pour certains acquis à la cause du capital mondial.

En fin d’après-midi, une pause bien méritée nous permet de déguster des baklavas préparés par notre ami iranien Hojjat, accompagnés d’un thé à la menthe préparé par Malek. Pendant ce temps le groupe de musique se prépare lui aussi à nous faire partager sa saveur musicale.

C’est Moussa Kidam qui nous offre en fin de week-end une musique « rock touareg ». Après quelques déhanchements nous quittons à regret cette ambiance de fraternité.

Pendant qu’elle range le matériel, et que la salle se vide, l’équipe auvergnate pense déjà à l’année prochaine pour de nouvelles rencontres de fraternité.

Philippe Chevrette

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.