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A l’ENS de Paris, trois jours sur les mémoires de la guerre d’Algérie

jeudi 28 février 2019, par Michel Berthelemy

Le département histoire et théorie des arts de l’ENS (École normale supérieure de Paris) a organisé, du 21 au 23 février, un événement consacré aux Mémoires de la guerre d’Algérie. Conférences, rencontres, films ont ponctué ces trois jours.

Le théâtre avait lui aussi été invité, avec la Compagnie Nova qui présentait « J’ai la douceur effrayante du peuple au fond du crâne », un spectacle sur les mémoires de la guerre d’Algérie, écrit à partir de textes de Kateb Yacine, Jérôme Lindon, Edouard Glissant et Assia Djebar, auxquels avaient été adjoints des récits de quelques acteurs de l’époque, dont des anciens appelés et réfractaires de la 4ACG, que les comédiens et la metteuse en scène Margaux Eskenazi avait rencontrés lors d’un après-midi de travail à l’automne 2018.

Au plus près de la vérité historique

L’un des points forts de l’événement a été sans conteste la conférence de Raphaëlle Branche, intitulée « la mémoire qui brûle : la violence pendant la guerre d’Algérie, les silences et les traumatismes ». Son intervention s’est concentrée sur un épisode resté traumatique pour l’armée française : l’embuscade de Palestro, le 18 mai 1956, dont elle a écrit l’histoire dans un livre et dans un documentaire réalisé par Rémi Lainé.
Raphaëlle Branche a le culte de la vérité historique. Pour reconstituer l’événement, elle s’est rendue sur place durant plusieurs séjours, rencontrant des descendants de villageois de l’époque, recoupant les informations reçues, les confrontant à d’autres témoignages. Elle a ausculté les lieux, fait des relevés topographiques, photographié les endroits précis évoqués par les récits et en a déduit certaines déformations ou contradictions répercutées par des mémoires qui, en l’occurrence, se sont révélées par moments défaillantes ou imprécises. L’historienne a ainsi rejeté dans son travail certains récits qui lui semblaient relativement douteux, soulignant par là même son souci primordial d’aller au plus près de la vérité.
Elle évoque à ce sujet les manipulations de la presse qui avaient montré des images de soldats français morts durant l’embuscade, alors que les enquêtes postérieures ont révélé qu’il n’y avait aucun photographe sur place. Elle parle aussi de ce documentaire diffusé il y a quelques années sur Antenne 2, montrant des images horribles de mutilations de cadavres, images qui avaient été prises à un autre moment dans un lieu très éloigné de Palestro.

Parlant de la situation actuelle en Algérie elle a cette réflexion : « on a connu des destructions graves qui se manifestent par le sentiment de hogra, d’immobilisme, d’accablement, de difficulté à se sentir maître de sa vie, à être citoyen. J’essaie de montrer comment c’est relié à l’histoire coloniale. L’indépendance a été importante, mais il nous reste à accomplir un énorme travail de libération intérieure. »

Raphaëlle Branche
L’embuscade de Palestro
Algérie 1956
http://www.4acg.org/Reedition-de-L-embuscade-de-Palestro-de-Raphaelle-Branche ?

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