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Témoignages en milieu scolaire en région PACA

lundi 14 juin 2021, par Danièle Malley Champeaux

C’était en mars, avril et mai 2021 au lycée Jean Lurçat de Martigues

Les témoins :
Saïd, fils de harki
Gérard, ancien appelé
Danièle, pied noir
Mohamed, Moudjahidin
Ferhat, comédien, jeune réalisateur, franco-algérien
Mauricette, enseignante post indépendance

Les enseignants, les élèves :
Laure et une classe de 25 élèves de STI ayant un projet de chroniques radio
Yann et une classe de terminale avec option "travail sur les mémoires"

Les élèves étaient intéressés, curieux, l’article paru dans le journal du lycée témoigne de leur écoute. Voir ci-dessous.

Danièle Champeaux

HISTOIRE ET MEMOIRES autour de la Guerre d’Algérie :

Comment écrire l’Histoire en prenant en compte les diverses mémoires autour d’un moment douloureux comme la guerre d’Algérie ? Une réflexion menée en EMC avec la Terminale STI2D-2, qui a rencontré trois témoins de l’association 4ACG (Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis contre la Guerre) le jeudi 20 mai 2021, avec leur professeure Mme Romanet.

Un immense merci à Danièle, Gérard et Mauricette pour ce moment fort de rencontre, de réflexion et de transmission !

Nos trois invités de l’association 4acg (Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis contre la Guerre) nous parlent d’une période très mouvementée autour de la guerre d’Algérie. Dès 1945, suite à la victoire des alliés de la Seconde Guerre Mondiale, une partie de l’Algérie réclame plus de droits et d’égalité voire l’indépendance. Cependant une partie était aussi pour la colonisation et ne cherchait pas à devenir indépendant.

Le 8 mai 1945 est donc le symbole à la fois d’un monde euphorique (fin de la Seconde Guerre Mondiale) mais aussi de manifestations pour l’indépendance en Algérie, qui ont donné place aux Massacres de Sétif, Guelma et Kherrata par la France. Malgré les 76 ans qui nous séparent de ces évènements, il est très difficile de savoir à combien s’élève le nombre de victimes, mais ce qui est sûr, c’est que ce nombre se compte en milliers. Cela montre qu’il y avait un problème en Algérie dès la fin de la Sde guerre mondiale.

Notre premier invité était un homme qui était dans l’armée Française durant la guerre d’Algérie (1954-62). Il s’agissait d’un opérateur radio qui nous raconte ce qu’il a vu et vécu durant cette période de 20 mois de service militaire. Nous pouvons remarquer dans ses dires une réelle discrimination envers les Algériens de la part de certains Français, avec notamment des zones « Interdites aux Algériens » où ces derniers n’avaient strictement pas le droit d’accéder. Alors qu’un jour des enfants cherchaient à s’amuser en explorant cette zone, ils se sont fait gifler par un officier français.

Cette guerre a eu d’énormes répercussions morales. Dans l’exemple de notre invité ces effets étaient l’aversion de parler de cette guerre à cause notamment des différentes tortures qu’il n’a certes pas subies mais qu’il a vues. Aujourd’hui, grâce à des associations telles que la 4acg, de nombreuses personnes peuvent sortir du silence et raconter leur vécu grâce à la parole ou grâce à des écrits.

Des vécus qui sont très importants à transmettre puisque pour ne surtout pas reproduire les erreurs du passé et aller sans cesse de l’avant, il ne faut pas oublier, il faut parler. Car pour tous ceux qui n’ont pas eu le droit à la parole (censure), pour ceux qui n’auront jamais pu parler (victimes des manifestations), pour les sacrifiés comme pour les meurtriers, c’est à eux de transmettre leurs histoires pour que les générations futures, même sans avoir connu ces événements tragiques, puissent savoir et faire à leur tour leur devoir de mémoires. C’est grâce à ces discours forts, que peut-être qu’un jour, un homme de pouvoir qui pourrait frapper et engendrer de nouvelles guerres, préfèrera déposer les armes et discuter, préférera arrêter de se battre et faire la paix. Mais avant d’atteindre cet objectif, il reste beaucoup de travail. Parce qu’il est plus facile de tuer que de parler, il faut continuer ce travail de mémoires ! Mathieu

Nous avons écouté Gérard, qui était un ancien appelé pendant la guerre d’Algérie. Il occupait le poste d’opérateur radio. Il nous a raconté ce qu’il avait vécu pendant cette période et nous a aussi dit qu’il envoyait presque tous les jours des lettres à sa femme en France. Il nous a aussi parlé de sa pire expérience vécue : celle de deux personnes que son chef lui a demandé de déclarer comme mortes par l’armée, alors qu’elles étaient toujours vivantes devant lui au moment du message. Il nous a raconté aussi ce qu’il avait vu quand il était parti en opération : des jeunes en « zone interdite » et que son commandant les avait attrapés pour leur mettre des gifles. On a pu constater lors de cette intervention, que les 3 témoins étaient toujours aussi émus lorsqu’ils nous racontaient leur vécu pendant la Guerre d’Algérie. Au cours de cette intervention j’ai été très touché par leurs témoignages et content d’avoir pu assister à ce moment d’Histoire très intéressant. Lors de ces échanges, nous avons pu observer que ces témoignages ne devaient pas rester sous silence et qu’il était important pour nous de les entendre. Mathis

Nous avons écouté le témoignage sur la guerre d’Algérie de Gérard, jeune parisien ayant fui l’occupation Nazi en 1940 avec sa famille. Vers 1960, il se fait appeler pour servir 20 mois en Algérie, en tant que soutien en communication. Il accompagnait les soldats avec au dos sa radio qui pesait plusieurs dizaines de kilos. Chaque heure il devait transmettre un rapport de situation à son supérieur. Il nous raconte qu’il a vu l’horreur de ses propres yeux, il a vu la torture, des enfants se faire tabasser ect… Aujourd’hui il fait partie de l’association 4ACG (Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre). Comme il l’a fait dans notre classe, il se déplace d’établissement en établissement pour transmettre sa mémoire. Grace à cette association, il a pu se libérer d’un poids, parler là de son passé, en quelque sorte délivré. Hugo et Enzo

Jeudi 20 mai 2021, ma classe de Terminale STI2D-2 a reçu trois intervenants d’une association pour la paix (4ACG), Gérard, Mauricette et Danièle, qui sont venus témoigner de leur histoire sur la guerre d’Algérie. Gérard était un appelé du contingent en tant qu’opérateur radio, il nous a raconté des événements vécus. Par exemple, son commandant a giflé des enfants qui n’avaient pas le droit d’entrer dans une « zone interdite » à côté de leur village de regroupement. Il a vu l’armée française faire des actes de torture et beaucoup de méfaits. Jean-François

Jeudi 20 mai en classe d’histoire, trois témoins sont venus nous parler de la guerre d’Algérie : un appelé, une Pied-Noir et une professeure. L’appelé, Gérard, était radio opérateur, il nous raconte ses expériences traumatisantes de la guerre. Danièle a elle grandi en Kabylie avec ses parents instituteurs, au milieu d’enfants kabyles. Et Mauricette était professeure de mathématique après la guerre. Rayan

Le premier témoin, Gérard, a fait 20 mois de service militaire en Algérie alors qu’il était marié avec un enfant. Entre 1938 et 1945, la colonisation était pour lui quelque chose de « naturel » et de « normal ». Mais cela va changer à son incorporation fin 1959 quand il est obligé d’aller en Algérie comme radio transmetteur. Il verse d’ailleurs sa pension d’ancien combattant à des associations pour la paix.

Danièle, la 2e témoin, a vécu en Kabylie toute son enfance avec ses parents professeurs, partis enseigner dans des petits villages en 1934. Elle parlait kabyle et avait des amis kabyles, seule au milieu de la population locale pendant plus de 10 ans, à Azazga près de Tizi-Ouzou. En 1947, à 10 ans, elle va en France pour la première fois, en bateau. C’est son premier contact avec la France. Elle va ensuite au lycée Fromentin d’Alger, le lycée pour les filles. Elle est avec les filles des grands propriétaires terriens, elle entend des discours pour la colonisation où les Algériens sont les « méchants ». Mais des amis kabyles lui ouvrent les yeux sur les demandes des Algériens et elle voit la grève des filles algériennes du lycée, qui ne viennent plus en classe. Les gens ne se mélangeaient pas. Le 1er novembre 1954, au début de la guerre, elle voit le feu qui a été mis au dépôt de liège par les fellaghas. Elle vit à Alger toute la fin de la guerre, avec les attentats, les fouilles. En 1962 après l’indépendance, elle reste en Algérie, à Ghardaïa (600 km au sud d’Alger). Elle rentre en France en 1970 pour suivre les études de ses enfants. Elle se sent très mal accueillie. Elle n’a pas parlé de son passé en Algérie et pense souvent au retour vers « mon pays, là où j’ai grandi, j’ai mes amis et ma culture ». Elle a pu y retourner en 2013 et ça a été comme une délivrance.

La 3e personne est Mauricette, une protestante qui part enseigner 7 ans les maths en Algérie en 1963, pour aider les gens. Elle apprend l’arabe chez des sœurs et avec un monsieur, elle vit avec une population de femmes libres (étudiantes, danseuses). Elle est marquée par les nombreux handicapés dans les rues, qui viennent de la guerre. Elle parle des conditions de vie des Algériens en France pendant la guerre, avec le racisme et la manifestation de 1961 avec Maurice Papon, des Algériens ont été noyés dans la Seine. Pierrick

Nous avons eu l’honneur la semaine dernière de pouvoir s’adresser à 3 personnes ayant vécu dans la période de la guerre d’Algérie. Une de ces personnes était une femme professeure qui enseignait en France et qui a été mutée en Algérie en 1963 après la guerre, pour poursuivre son métier, plus précisément en Kabylie. Elle nous a raconté qu’en France on ne savait pas grand-chose sur les Algériens et qu’ils étaient sûrement différents d’ici. Arrivée là-bas elle fût étonnée de la bienveillance des gens, de leur aisance, de leur convivialité et contente de découvrir leur culture. Elle a appris l’arabe. Les années qu’elle a passée là-bas sont les meilleures de sa vie, elle se sentait plus chez elle là-bas qu’avec sa vraie famille, tout le monde était très chaleureux, la ville était magnifique. Elle comprit alors qu’en France, la vie et les demandes des Algériens n’avaient pas été montré et elle comprenait mieux pourquoi les Algériens demandaient après 1945 à être un pays libre. (…) Une autre madame a dit qu’en 2013 elle a pu y retourner et que c’est magnifique de pouvoir voir tout le monde s’épanouir et que c’est là-bas qu’elle se sent vraiment comme chez elle, même si les années de guerre des années 1990 ont été terribles. Audrey - Tom

Jeudi 20 mai avons écouté le témoignage de plusieurs témoins de la guerre d’Algérie. Gérard était un jeune parisien dont la famille a dû fuir durant l’avancée des Nazis en 1940. En1960, il fut appelé pour servir pendant 20 mois en Algérie, en tant que soutien de communication, il avait donc une radio dans son sac lors des opérations. Toutes les heures il devait faire un rapport à ses supérieurs de la situation sur le terrain. Il nous a raconté qu’il a pu voir des horreurs de ses propres yeux, comme des tortures, des enfants maltraités.

Aujourd’hui il fait partie d’une association nommée 4ACG (Anciens Appelés et leurs Amis Contre la Guerre), elle se déplace dans différents établissements pour partager leurs différentes mémoires. Grace à cette association plusieurs membres sont pu relâcher ce qu’ils avaient sur le cœur et qu’ils n’avaient jamais dit à leur famille. L’association a aussi pour but d’aider d’autres associations dans les pays en développement pour les aider à nourrir les personnes les plus démunies. Ils ont aussi pu aller en Algérie pour y voir l’évolution du pays, ils en avaient de bons souvenirs hormis ceux liés à la guerre. Ils ont découvert une société qui voulait se réconcilier avec les Français. Tibo

Gérard est un ancien appelé de la guerre d’Algérie Né en 1935 à Paris, il a vécu l’exode avec sa famille lors de la 2nd guerre Mondiale lorsque les Allemands arrivèrent à Paris. Il faisait partie d’une famille de haut fonctionnaire dont certains membres travaillaient dans les colonies françaises, il avait donc un bon lien avec les colonies. Il est incorporé fin 59 pour 20 mois de service militaire. Et début mai 1960, il fut envoyé en Algérie pour servir la France. Mais lorsqu’il arriva, il vit la réalité des choses et toutes les frasques affreuses qui se passaient durant cette guerre et les fausses informations que faisait circuler l’armée. Il nous en confiât une : il travaillait à la radio et délivrait ce qu’ils appelaient le bulletin de renseignement quotidien ( BRQ) où il devait informer qu’un groupe de personnes étaient mortes ; mais il fut surpris de les voir encore en vie en allant délivrer ce message .Puis au retour de cette guerre, Gerard ne parlera pas de tout ce qu’il a fait et vu pendant de très longues années jusqu’à ce que son petit-fils lui demande de raconter et qu’il ait un déclic en entendant d’autres témoins de l’association. Dominique

L’intervention de l’association 4acg a eu lieu le 20 mai 2021, avec 3 témoins : Gérard, un appelé du contingent qui a fait la guerre pendant 20 mois comme radio opérateur. Danièle, une Pied-noir qui a vécu longtemps en Kabylie avec ses parents professeurs puis qui est restée en Algérie même après 1962. Mauricette, une professeure de mathématiques qui s’est rendue en Algérie après l’indépendance. Leur association refuse la violence et la guerre. Son but est de transmettre leurs histoires pour montrer les différentes situations et éviter de reproduire des problèmes. Yanis

Gérard était un porteur radio durant la guerre d’Algérie. Donc il allait sur le terrain avec une radio sur le dos pour pouvoir communiquer avec ceux qui étaient absents du théâtre d’opération. Il nous a raconté les horreurs de ce qu’il a vécues pendant la guerre d’Algérie comme appelé. Il a parlé de la torture qui était faite et qui a été longtemps cachée par les Français et il nous a aussi détaillé plusieurs missions. Il a été éloigné de sa femme mais il lui a écrit tous les jours, en lui cachant toutes les choses dures qu’il a vues. Il nous a aussi dit que vis-à-vis de la guerre, une fois rentré, il n’a pas pu en parler par peur de rappeler cette époque à ces proches qui considéraient cette époque comme révolue. Il n’a donc absolument rien dit à ses enfants. Mais il s’est un jour retrouvé dans une salle de conférence avec d’autres appelés de cette époque, des harkis, des pieds-noirs aussi. Ils sont pris la parole pour raconter leur témoignage et cela a donné un déclic à Gérard, ça a libéré sa parole. Suite à cela, il s’est donc enfin décidé à tout raconter, non à ses enfants finalement mais à ses petits-enfants. Et c’est pour ça que d’après lui et des historiens, le meilleur moyen de parler et de retrouver ce qui est arrivé, ça doit passer par les générations d’aujourd’hui, qui n’ont pas connu cette guerre et qui cherchent donc à savoir la vérité et à avoir plus de connaissances. Amaury

L’association 4acg est venue le 20 mai devant notre classe de Terminale STI2D avec des témoins ayant vécu la guerre d’Algérie sur le terrain et aussi ses conséquences en dehors. Cette association refuse la violence et la guerre comme moyen de résolution des conflits car ces guerres génèrent toujours une spirale qui conduit fatalement à la barbarie. (…) Gérard était un appelé du côté de l’armée française pendant la guerre, c’était un radio opérateur qui a suivi son général dans de nombreuses opérations. Il évite de parler des atrocités dont il a été témoin mais nous parle de torture et d’actes de violence. Cette histoire m’a beaucoup touché car c’était riche en émotion et j’ai admiré la force et le courage dont il a fait preuve pour nous parler. Hamza

Un documentaire récent pour poursuivre la discussion : Ne nous racontez plus d’histoires (2020)

https://vraivrai-films.fr/catalogue/ne_nous_racontez_plus_d_histoires_

SELECTIONS EN FESTIVALS

  • Festival PriMed, Marseille - 2020
  • Luxor African Film Festival, Le Caire - 2020
  • Festival Vues d’Afrique, Montréal - 2021

Projection au Cinéma

Les Lumières de VITROLLES

le vendredi 18 juin 2021 à 20H