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"Retour en Algérie", des mots pour se reconstruire

mercredi 13 janvier 2016, par Gérard C. Webmestre

Entre témoignages et retour sur images, Emmanuel Audrain retrace le cauchemar des appelés pendant la guerre d’Algérie. Depuis 2004, ces hommes écrivent une nouvelle page d’histoire.

Extrait du quotidien Ouest-France du 6 janvier 2016
Entretien avec Aude Kerdraon

Pourquoi réaliser un film documentaire sur les anciens d’Algérie ?

Il y a quelque temps, j’ai réalisé Le Testament de Tibhirine. Je voulais comprendre pourquoi ces moines étaient restés sur place alors que la menace du GIA (Groupe islamique armé) était très forte. Sept d’entre eux y ont perdu la vie. Certains avaient fait la guerre d’Algérie et n’avaient jamais pu l’oublier. C’est à ce moment-là que leur histoire rejoint celle des appelés qui, de 1954 à 1962, ont fait leur service militaire en Algérie. Ces jeunes de 20 ans ont souvent vécu l’horreur. Ils ressentent, encore aujourd’hui, une souffrance, une brûlure. Seule la parole peut les libérer.

Comment les avez-vous rencontrés ?

Je connais bien la veuve du général Jacques de Bollardière, seul officier supérieur alors en fonction à avoir condamné ouvertement l’usage de la torture pendant la guerre d’Algérie. En 2004, son épouse Simone apprend, en lisant Ouest-France, que quatre appelés d’Algérie avaient décidé de donner leur retraite d’anciens combattants pour financer des projets solidaires en Algérie. Elle leur écrit : « Bravo, ce que vous faites est magnifique. Mon mari aurait été fier de vous. » Ces quatre cultivateurs, touchés, décident de l’inviter à leur première assemblée générale à Albi, dans l’Aveyron. À 83 ans, elle s’y rend et sa présence a joué un grand rôle pour libérer la parole. Depuis, elle est la présidente d’honneur de l’association 4ACG (Anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre).

Sous quelle forme avez-vous construit votre film ?

Face à ma caméra, sept anciens appelés racontent leur histoire, leur douleur, leurs remords. Ces témoignages sont ponctués d’images prises lors de voyages en Algérie, en 2013, par les membres de l’association 4A CG et de photos d’époque. Leurs mots sont forts, sensibles, profonds et sans complaisance avec la violence. Ils racontent comment ils ont vécu cette guerre et les cinquante ans qui ont suivi. Je rappelle que deux millions de jeunes ont été appelés, et que plus de 300 000 sont revenus avec des troubles profonds comme des cauchemars répétitifs ou encore l’impression d’être constamment suivis.

Quel accueil avez-vous reçu en Algérie ?

Certains anciens avaient peur de la réaction des Algériens. Tellement les souvenirs de violence les hantaient. Mais l’accueil a été très chaleureux. Que ce soit à l’est ou à l’ouest de l’Algérie, nous avons toujours été reçus à bras ouverts. Les rencontres étaient particulièrement touchantes.

Comment le public réagit-il après les projections ?

Des personnes apportent, à leur tour, leur témoignage, racontent leur propre expérience. Pour certains, c’est la première fois qu’ils s’expriment. Le débat, après le film, est toujours un moment très fort et courageux où les mots permettent d’exorciser les tourments.

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