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Nouvelle édition du livre-choc de Raphaëlle Branche : "la torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie"

mardi 31 mai 2016, par Michel Berthélémy

Quand elle a publié en 2001 "La torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie", Raphaëlle Branche a jeté un pavé dans la mare. Le sujet venait d’être propulsé à la une de l’actualité suite aux articles parus dans "Le Monde" et aux aveux, entre autres, du général Aussaresses. L’ouvrage confirmait, en les amplifiant, les "révélations" de ces derniers.

Le choc médiatique avait amené l’auteure à préciser d’emblée l’objet de sa recherche : on ne traitera pas ici de l’internationalisation du conflit, des violences des nationalistes algériens, notamment en métropole, ni de l’OAS" mais de "l’utilisation de la torture par l’armée française dans la répression du nationalisme algérien entre novembre 1954 et mars 1962.

La ré-édition de l’ouvrage quinze ans plus tard procure toujours la même sensation d’effroi et d’horreur. La torture n’était en rien le résultat de dérapages individuels, elle était érigée en système, et encouragée. Elle était au cœur de la guerre d’Algérie, comme elle était au cœur de toute la période de colonisation depuis 1830.

L’auteure analyse le comportement des principaux commandants de l’armée française. Pour le général Salan par exemple, être confronté à une "guerre révolutionnaire" impliquait l’utilisation de méthodes spécifiques. Il était impératif d’obtenir des renseignements, et l’ennemi étant fondu dans la population civile, il n’existait pas d’autre choix, selon les responsables militaires, que d’interroger tout individu paraissant suspect, par quelque moyen que ce soit. Pour Raphaëlle Branche, la violence des interrogatoires avait un double objectif : obtenir des renseignements, mais aussi (et surtout ?) terroriser les "rebelles" en marquant le corps des colonisés.
De l’interrogatoire musclé aux emprisonnements illégaux, des déplacements de population aux corvées de bois, la liste était longue des sévices infligés à la population toute entière.

L’une des forces de l’ouvrage est ainsi de démontrer que la pratique courante de la torture était acceptée non seulement par la hiérarchie militaire, mais aussi par les responsables politiques de l’époque.

La torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie (1954-1962), de Raphaëlle Branche, est sorti en mai 2016 dans la collection Folio-Histoire, chez Gallimard.

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