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Quand il neigeait sur le Djebel Amour, un livre-témoignage de René Knégévitch

samedi 8 avril 2023, par Michel Berthelemy , Philippe Chevrette

Les 25, 26 et 27 novembre 2022 à la Maison de quartier de Croix Neyrat à Clermont-Ferrand, la 4ACG Auvergne organisait une manifestation Mémoires et Fraternité en partenariat avec une dizaine d’associations amies.

Une communication de Philippe Chevrette, 4acg Auvergne

À l’occasion de cette rencontre, René Knégévitch était invité à présenter son livre-témoignage Quand il neigeait sur le Djebel Amour. C’est précisément là, à Aflou, à 1 ?450 m. d’altitude, dans la partie occidentale de l’Atlas saharien, que René a passé deux ans de sa vie (1959-1960).

Auparavant, dans les années 1956-1958, il avait participé aux manifestations contre la guerre d’Algérie. Dès son arrivée à Aflou, stupéfait de constater la violence quotidienne qui y règne, il décide de consigner presque chaque jour les faits, les évènements, ses rencontres et ses réflexions.
Pour lui, "Quand il neigeait sur le Djebel Amour est un ouvrage-témoignage, un ouvrage-itinéraire dans ce Djebel Amour brûlé par le soleil en été, enneigé et glacé en hiver »

Le livre s’arrête sur quelques thèmes : la torture (on ne savait pas), le colonel tortionnaire content de lui, les délits financiers (détournement d’argent par le colonel), les militaires de carrière bénéficiant d’une majoration de 17 % de leur solde lorsqu’ils bivouaquent dans le Djebel (or, même quand ils sont restés au casernement, ils s’attribuent les 17% supplémentaires).

En arrivant, nous dit René, « J’ai découvert une population hospitalière, mais aussi la misère, le dénuement, les gourbis au sol de terre battue sur laquelle on mange et on dort. J’observe des adultes et des enfants sous-alimentés, vêtus de haillons rapiécés, de très nombreux vieillards aux bouches édentées et aux yeux détruits par le trachome (conjonctivite pouvant évoluer vers la cécité). C’est dans cet univers que j’ai réussi au fil du temps, à la suite de longs entretiens avec quelques appelés, à créer un groupe de résistance et d’opposition à la violence et à cette guerre. L’amitié, la solidarité, le partage des idées nous ont préservés de l’abattement et de la décrépitude ».

René parle aussi de la torture. Ce colonel « qui avec une paire de tenailles tire sur les testicules du prisonnier jusqu’à ce qu’il hurle et tombe évanoui.../...ou qui fait monter des prisonniers dans un hélicoptère pour les jeter dans le vide », avant de sabrer le champagne au mess...

René conclut : « Je souhaite que mon témoignage soit un combat pour la paix et la fraternité. Il y a tant de cendres et de passion dans le sillage du divorce sanglant de 1962. Mon meilleur ouvrage ce n’est peut-être pas celui que je publie, ce fut sans doute d’apaiser des haines et des attitudes racistes, d’éviter des actes de barbarie, d’inciter des appelés à la mesure et au respect, d’apporter un peu de chaleur humaine aux Algériens que j’ai côtoyés » .

Quand il neigeait sur le Djebel Amour, René Knégévitch, éditions Amalthée, 2020

https://www.editions-amalthee.com/catalogue-livres-editions-nantes/recit/quand-il-neigeait-sur-le-djebel-amour/

Voir aussi notre article sur la manifestation de Clermont-Ferrand : http://www.4acg.org/Memoires-et-fraternite-un-beau-succes-a-Clermont-Ferrand

Le témoignage intégral de René Knégévitch sera publié prochainement sur le blog « Mémoires à suivre »

Messages

  • A monsieur René Knegévitch
    Qui peut, moi, vous ou n’importe qui d’autre, dire la vérité toute crue, tout dire sur lui-même ? J’espère que c’est pas possible. Qui peut supporter d’admettre qu’il a fait une action insignifiante, qui au monde n’a pas commis d’acte affreux .abominable
    Vos choix n’ont-ils pas diminué toute la vérité, ne sont-ils pas affectés par l’omission aussi bien que par l’addition ou le silence ?
    En tant qu’homme de lettres pour dire la vérité avec une épaisseur temporelle et une profondeur sociale n’avait-vous pas souhaiter de romancer les horreurs vues et vécues pour permettre à vos lecteurs ciblés de pénétrer votre texte et univers.?
    Faute d’accès à votre livre « Quand il neigeait au djebel ». J’ai écouter et visionner votre conférence à la lumière de ma mémoire d’enfant qui éprouve dans le bruissement de vos paroles un vrai écho de ceux qui se raconter jadis à Aflou dans les foyers , au marché des tapis au café maure dans les bistros, à la seule salle de cinéma, au room palace .Ce que vous racontez je l’ai entendu durant mon enfance mais sans détails. L’altérité est une spécificité historique .Merci d’avoir évoqué et relater l’oppression exercée par les pouvoirs militaires. Tous passe et repasse il ne reste que les traces et même les traces s’efface .Votre livre c’est le monument de notre mémoire il mérite d’être publier et authentifier en arabe pour la jeune génération. Un grand Merci cher Prof René
    En premier lieu, je voudrais remercier tous ceux qui, par leur aide ou leur soutien, ont

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