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Quand Frantz Fanon disait non à l’aliénation des Noirs : une “Grande traversée” sur France Culture

mardi 18 août 2020, par Gérard C. Webmestre

A réécouter sur france culture
https://www.franceculture.fr/emissions/frantz-fanon-lindocile-grandes-traversees

Frantz Fanon, un intellectuel exigeant, mort à 36 ans, après une vie d’engagement et trois livres majeurs.

En cinq épisodes denses, du 17 au 21 août, la vie fulgurante de Frantz Fanon, racontée au plus près des textes majeurs de cet intellectuel martiniquais, sur le traumatisme de la colonisation et l’aliénation des Noirs.

Il n’était pas algérien, et pourtant les indépendantistes firent affréter un avion pour rapatrier sa dépouille en Algérie, où il fut enterré avec les honneurs, en pleine guerre d’indépendance. Né en Martinique en 1925, le psychiatre noir Frantz Fanon mena pendant sa courte vie deux combats intrinsèquement liés ? : un premier pour la libération des populations indigènes du joug des colons, tant physiquement que psychologiquement, et un second pour imaginer une société post-coloniale où l’homme noir aurait une place à part entière. Pour une Grande traversée diffusée sur France Culture, la journaliste Anaïs Kien et la réalisatrice Séverine Cassar explorent (un peu) sa vie et (surtout) son œuvre.

Engagé volontaire en 1943 dans les Forces françaises libres, il déchante à 19 ans à peine lorsqu’il découvre le racisme dont sont victimes les Noirs en métropole. Il se bat pour la France, est même blessé pour elle, et elle le méprise. Dans les années qui suivent, la rage se transforme en objet d’étude ? : c’est en tant que psychiatre que Fanon va analyser et théoriser l’aliénation des Noirs. Dans ses trois grands ouvrages, Peau noire, masques blancs (1952), L’An V de la révolution algérienne (1959) et Les Damnés de la terre (1961), il prône l’action violente comme une sorte de « ?social therapy ? » pour exorciser l’oppression, et développe une pensée psychanalytique du traumatisme colonial sur les Noirs. Affecté en Algérie française pour diriger un service psychiatrique, il remet sa démission pour rejoindre le FLN. Frantz Fanon ne luttera finalement qu’avec les idées et mourra d’une leucémie à 36 ans à peine, alors même que Les Damnés de la terre — préfacé par Jean-Paul Sartre — allait devenir une référence mondiale, pour les Black Panthers aux États-Unis comme pour les Sud-Africains ségrégués par l’apartheid.

“Des tonnes de chaînes, des orages de coups, des fleuves de crachats ruissellent sur mes épaules ?”

Bâtie en cinq épisodes de près de deux heures, cette série manque un peu de détails sur la vie personnelle de Frantz Fanon, dont on peine parfois à cerner la personnalité. Mais, malgré son côté ardu pour qui n’est pas familier de la guerre d’Algérie, elle séduit par son approche intellectuelle exigeante. On revient ici à la substantifique moelle des textes de Fanon, interprétés avec une grande justesse par le romancier et chanteur Gaël Faye.

Grâce à la voix du chanteur, les mots du psychiatre marquent l’oreille et l’esprit ? : « ?Je suis nègre et des tonnes de chaînes, des orages de coups, des fleuves de crachats ruissellent sur mes épaules ? », écrivait-il dans Peau noire, masques blancs. Alors que l’actualité mondiale s’embrase autour de la question raciale, notamment aux États-Unis, l’émission invite à prendre un peu de hauteur en (re)découvrant Fanon.

À écouter
Grande traversée, Frantz Fanon l’indocile, du lundi 17 au vendredi 21 août, 5 x 110 mn, 9h05 (rediff. 22.10), France Culture.

https://www.franceculture.fr/emissions/frantz-fanon-lindocile-grandes-traversees

Source : Telerama


Frantz Fanon
https://fr.wikipedia.org/wiki/Frantz_Fanon

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