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Normandie. Ancien moudjahidine, Pied-Noir rapatrié, anciens appelés, témoignent ensemble devant plusieurs classes de première et terminale

dimanche 5 mai 2013, par Gérard Webmestre

Intervention à plusieurs voix devant quatre classes de première et terminale ; une mémoire multiple de la guerre d’Algérie : anciens appelés, anciens maquisards algériens, rapatriés

Rencontre à peine imaginable il y a encore une trentaine d’années : des anciens moudjahidine côte à côte avec d’anciens appelés et un rapatrié pied-noir, pour parler ensemble de cette période noire de notre histoire commune : la guerre d’Algérie.

Les témoignages-mémoires sur la guerre d’Algérie ont eu deux temps forts en Normandie en ce début d’année. Deux journées complètes, initiées par François-Xavier Ricard, se sont déroulées dans l’Eure : l’une à Pont de l’Arche au collège Hippolyte Langlois ; l’autre à Gisors au lycée Louise Michel .

La première, début mars à Pont de l’Arche a rassemblé deux fois cinq classes soit une soixantaine d’élèves de troisième préparés par leurs professeurs et l’exposition-témoin de Pierre Verbraeken. Ce dernier ( Dieppe) participait aux débats avec Jean-Pierre Gastebois et Jean Lagrave ( Caen) venus des deux extrémités de la région normande. Un mois auparavant, ils avaient mis au point la rencontre avec les professeurs d’histoire concernés. Si les échanges n’eurent pas de temps mort c’est surtout par les relances de quelques élèves, tous attentifs mais comme intimidés ou insuffisamment entrés dans le détail de l’histoire de la guerre,que l’échange fut positif. Elle reste cependant frustrante car très incomplète.

L’équipe radio et leur professeur, au collége Langlois

La radio du collège qui fournit le Rectorat a enregistré une interview, elle aussi très succincte. Nous avons eu un très bon contact avec la direction.

Gisors, ville normande plutôt tranquille. Un lycée, le lycée Louise-Michel, plus de mille élèves. Et des enseignants en histoire et philo jeunes et dynamiques, qui cherchent à ouvrir les murs et les esprits au monde extérieur.

Nous étions six intervenants, ce 11 avril 2013, venus dialoguer avec les élèves de première et terminale d’Histoire et de Philo. Pour nous être rencontrés quelques jours auparavant (étape indispensable à nos yeux) nous n’étions plus tout à fait étrangers l’un à l’autre. Il y avait là : Ali Arabi, ancien officier de l’ALN, entré au maquis à 19 ans, Abdelati Laoufi, 6 ans au début de la guerre, dont le père a été arrêté et torturé par l’armée française, Gérard Rost, Pied-noir de Belcourt rapatrié en 1962, et trois représentants de la 4acg : Pierre Verbraeken, Stanislas Hutin et Michel Berthelemy.

Pour ces deux rencontres (l’une le matin, l’autre l’après-midi), les enseignants avaient pris le soin de sensibiliser leurs élèves depuis plusieurs semaines. Si bien que certaines questions très précises ont pu surgir, permettant d’approfondir tel moment ou tel sujet en particulier : "que disaient les médias à l’époque ? étaient-ils pour ou contre la guerre ?", "que s’est-il passé exactement le 17 octobre 1961 à Paris ? Comment ont réagi les Parisiens et les hommes politiques ? ", "Pourquoi cette arrivée massive de Pieds-noirs en 1962 alors que le cessez-le-feu était signé ?"
Cette dernière question permet à Gérard Rost d’expliquer ce moment douloureux par l’action terroriste de l’OAS. "La valise ou le cercueil" n’a pas été un mot d’ordre du FLN, mais bien de l’OAS elle-même.
Gérard poursuit : "quand j’étais en Algérie, certains me traitaient de sale colon, quand je suis arrivé en France, je me suis entendu traiter de sale arabe. Notre situation était difficile à vivre..."

Comment avons-nous vécu, chacun de notre côté, cette période ? Pourquoi avoir mis tant de temps pour parler ? Pour dire ce qui s’est réellement passé ? On aborde ici la question de la mémoire, et plus largement celle des archives. En prolongement du débat, quelques élèves sont venus vers nous pour s’étonner de ne pouvoir, cinquante ans plus tard, avoir accès aux archives, notamment sur le versant français de la guerre d’Algérie : attentats, 17 octobre, 8 février...
Quel étonnement aussi quand ils apprennent que c’est seulement en 2012 que la France a reconnu les crimes de la police parisienne en ce terrible mois d’octobre 1961, et que la date du cessez-le-feu vient seulement d’être officialisée par l’Etat français !

Merci aux enseignants pour leur accueil, et le travail réalisé avec leurs élèves. Sans cette préparation, jamais le dialogue n’aurait pu être aussi riche et documenté. Et merci à François-Xavier Ricard, qui est à l’origine de cette rencontre, et qui malheureusement n’a pu être avec nous ce jour-là.

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