Accueil > Témoignages et documents > « Guerre d’Algérie, le silence des appelés », par Claude Juin

« Guerre d’Algérie, le silence des appelés », par Claude Juin

vendredi 16 avril 2021, par Gérard C. Webmestre

La couverture du livre sur laquelle on retrouve deux photos de Claude Juin, militaire pendant la guerre d’Algérie.

Un autre regard sur la guerre d’Algérie

« Guerre d’Algérie, le silence des appelés » est le quatrième ouvrage que le Niortais Claude Juin consacre à ce conflit auquel il a lui-même participé.

Il avait pourtant choisi de ne plus se pencher sur le sujet et s’était même lancé dans l’écriture d’un roman. « Mais j’ai eu une proposition de la collection Nouvelles Sources qui n’avait encore jamais publié sur le sujet. J’ai accepté », témoigne le Niortais Claude Juin qui vient de sortir Guerre d’Algérie, le silence des appelés. Ce livre est le quatrième que l’auteur consacre à ce conflit auquel il a lui-même pris part.

Dans les rangs, cette question : « Qu’est ce qu’on fout là ? »

Si, notamment dans son précédent livre, Claude Juin n’a jamais hésité à affronter la question de la torture, il en est moins question ici. À travers plusieurs témoignages recueillis à l’époque et aujourd’hui, et ses propres carnets d’époque, il a plutôt voulu décrire l’ambiance et le quotidien d’alors parmi les soldats du contingent. Avec, dans les rangs, cette éternelle question : qu’est ce qu’on fout là ?

« Nous étions des jeunes gens qui craignions d’être blessés ou même tués mais sans savoir pourquoi. Dans les patrouilles, il y avait une trouille terrible avec une incertitude sur le lendemain, se souvient Claude Juin. Il y avait un certain ras-le-bol sur ce qu’on nous demandait de faire. »

L’auteur évoque également l’après-guerre, et le traumatisme qui l’a accompagnée. « Nous étions complètement déphasés en revenant. » Grâce au livre, « des témoins se sont replongés dans cette vie, mais ils n’en parlaient plus depuis longtemps, comme s’ils avaient voulu oublier tout ça. Mais derrière cette apparence normale, avaient-ils vraiment tout oublié ? ».

« Il y a toujours un malaise »

Pour Claude Juin, même encore aujourd’hui, « il y a toujours un malaise avec cette guerre et surtout la manière dont elle s’est arrêtée. Il y a toujours des non-dits, pas seulement sur les tortures mais aussi sur l’intérêt même de cette guerre et la manière dont elle s’est déroulée. La France est toujours mal à l’aise ».

Un signe, selon lui, qui ne trompe pas : « Dans les établissements scolaires, les enseignants disent qu’ils n’ont pas la documentation nécessaire et que le sujet est même facultatif. C’est révélateur d’un état d’esprit général ».

Heureusement, Claude Juin voit quand même certaines évolutions positives : « Hier, les parents ne parlaient pas de la guerre d’Algérie à leurs enfants. Aujourd’hui, les grands-parents en parlent plus facilement à leurs petits-enfants ». À force, la guerre d’Algérie ne sera donc peut-être plus un tabou pour les nouvelles générations.

« Guerre d’Algérie, le silence des appelés », par Claude Juin, aux éditions Nouvelles Sources, 350 pages.

http://www.gesteditions.com/nouvelles-sources/guerre-d-algerie-le-silence-des-appeles

Messages

  • Déçu par votre livre " Le silence des appelés " , je voulais retrouver tout ce que j’ai vécu là bas en 1960 -1961 c’est à dire les ambiances , les mauvais moments , les moins mauvais , la mixité d’origine des " appelés ", les moments de cafard , le plaisir attendu du courrier ....Au lieu de cela ce livre ne parle que de votre seule obsession , la torture pratiquée selon vous par pratiquement tout le monde , bien entendu je ne la nie pas et je la réprouve , j’étais dans une unité combattante à la frontière tunisienne , je n’ai jamais eu d’exemples et de vécu de ces pratiques....Je me mets à la place de mon petit fils qui serait amené à lire ce livre , forcément il serait amené à penser que automatiquement j’ai pratiqué la torture puisque selon vous c’était pratique courante partout . Dans le poste ou j’étais nous étions une vingtaine d’appelés , moitié français moitié algériens , et la camaraderie existait entre les deux communautés bien que les algériens étaient illettrés et plutôt " rustres ". Il est clair qu’à travers de votre analyse les français étaient les "méchants " et les algériens les " bons " . A propos de Maurice Audin , ce qui lui est arrivé n’aurait pas du se produire , mais vous oublier quand même de noter que son activisme pro indépendance et son soutien au fln le rendait complice de la mort des "appelés"qui eux subissaient cette guerre à laquelle on les obligeaient de participer ......Je vous trouve aussi bien complaisant à l’égard du fln qui a perpétré des massacres effrayants , envers les militaires français et aussi envers les algériens , agissant comme de véritables barbares , des femmes enceintes éventrées , des " appelés " mutilés atrocement , des enfants égorgés....Alors faisons la part des choses et reconnaissons les torts des deux parties , de plus pourquoi les algériens qui reprochent beaucoup de choses aux français viennent ils vivres en France , quand on aime pas son voisin si l’on a un peu d’honneur et de dignité on ne s’invite pas chez lui....... Pour conclure votre livre ne traduit qu’une orientation politique que je respecte mais elle trahit la mémoire de tous ces petits gars que l’on a contraint à subir cette épreuve , qui ne demandaient rien, mais qu’ils ont subit avec le plus souvent courage et abnégation , sans parti pris . Pour le jeune de maintenant qui veut s’instruire sur cette période , ce livre n’est pas le reflet de la vie de l’ "Appelé ".

  • Bonjour,

    Comme le rappelait Pierre Nora
    "l’histoire rassemble, la mémoire divise"

  • En 1846, je crois, le général Bugeaud fit enfermer un millier de personnes, hommes, femmes et enfants à Mostaganem dans une grotte sans issue où elles furent enfumées et où elles périrent...

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.