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Au Lycée Jean Renoir d’ Angers... Des témoignages autour de la Guerre d’Algérie

...et des années suivant la décolonisation.

mercredi 23 février 2011, par Gérard C. Webmestre

Invités dans le cadre du programme scolaire sur la décolonisation, un de nos adhérent a témoigné de son vécu en Algérie, lors du conflit et après.
Jacques Lambour raconte...

C’est devant une cinquantaine de jeunes de classes terminales que nous intervenions comme témoins directs de la Guerre d’Algérie. Il faut souligner que les jeunes avaient bien été préparés par leurs deux professeurs : à la suite des cours traitant de la décolonisation, ils ont programmé le film « La Trahison » devant leurs classes respectives. Nous étions invités dans une classe à voir ou revoir ce film suivi d’un petit débat entre les jeunes, et ensuite à nous présenter brièvement.

Puis Jeudi 10 février 2011, ce fut l’intervention, durant la première heure, à tour de rôle, Ahmed, Henri, et moi, évoquions des tranches de vie : Ahmed a cinq ans, il doit passer avec tout le village devant les cadavres alignés par l’armée. Pour la première fois, l’enfant est confronté avec la mort, il ne comprend pas et demande à son cousin de les réveiller, lequel lui intime discrètement de ne pas troubler le silence. Puis c’est au tour d’Henri et de son quotidien à la frontière Algéro-Marocaine : petites et grandes opérations, éprouvantes et difficiles à vivre, accidents stupides et bouleversants, comme lorsqu’un copain soldat, caressant machinalement son arme, s’arrache la main... .

Nous avons abordé le putsch : Henri a raconté l’insubordination de son capitaine, qui s’est positionné contre le putsch dès le départ. Quand à moi, je précise que avant même l’annonce du putsch, nous, soldats du contingent, étions contre et avions déjà diffusé des slogans dans ce sens.

Puis nous avons repris la parole, Ahmed, Henri et moi. Cette fois-ci, je parle de l’ambiance Algérienne en 1963, et plus particulièrement à l’usine C-B-I (Emballages métalliques) de Kouba. Ambiance extrêmement tendue, car les employés et ouvriers, qui étaient littéralement en état de guerre pendant le conflit, devaient malgré tout continuer de travailler ensemble. Les frontières entre les différents protagonistes étaient encore accentuées par la hiérarchisation du travail : (Cadres ; français métropolitains, Ouvriers Professionnels ; pieds noirs et Ouvriers Spécialisés ; algériens...). Mais heureusement au dehors de l’usine c’est l’indépendance, la fête, et je suis très touché par l’accueil des Algériens

Durant tous ces témoignages, les élèves montrent une qualité d’écoute remarquable.

L’heure suivante était consacrée aux questions des jeunes, nous avions du répondre à leurs attentes et celle des professeurs, car la majorité des questions concernaient notre état d’esprit d’alors. Une fois terminé, dans les couloirs, de petits groupes se sont formés autour de chacun de nous et nous ont encore assaillis de questions.

Un grand merci à Ahmed, Henri (1), aux professeurs.

Jacques Lambour

(1) Henri fait partie d’un groupe « Mémoire » qui à été constitué avec l’aide du CCAS ( Centre Communal d’Action Sociale) de Saint Barthélémy d’Anjou, et qui interviennent dans des écoles de la commune.

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