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« 1830-1962. Histoire de l’Algérie à la période coloniale » Un livre et une rencontre

Dans le cadre Regards sur l’Algérie, une initiative de la ville de Paris pour le cinquantième anniversaire

mardi 16 octobre 2012, par Hubert Rouaud

Fin septembre la ville de Paris a lancé son cycle consacré au 50 ème anniversaire, par la présentation d’un nouveau livre sur la période coloniale de l’Algérie, un livre qui, par ses caractéristiques de double édition et de travail collectif de 83 auteurs en majorité français et algériens, est une étape importante sur le chemin de la réconciliation.

Les "cycles" culturels consacrés au cinquantenaire.

A l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance en Algérie, peu de villes ont proposé un cycle complet d’évènements couvrant tous les aspects culturels et historiques partagés entre la France et l’Algérie.

Les Champs libres de Rennes avaient ouvert la voie de janvier à mai avec une série remarquable de vingt manifestations diverses (exposition, conférences, films et concerts) et deux rencontres permettant aux représentants de 4acg de témoigner devant des adultes et des élèves de 4 établissements.

Le théâtre de la Liberté de Toulon a proposé une exposition et une douzaine de spectacles en octobre.

Mais c’est la ville de Paris qui aura consacré au cinquantième anniversaire le cycle le plus conséquent - capitale oblige ! - [1]. Puisque de fin septembre à la mi-décembre, dans 40 bibliothèques de la ville et quelques autre lieux, les rapports entre l’Algérie et la France seront évoqués dans 16 rencontres-débats, un forum d’écrivains, 5 expositions, 10 concerts-spectacles, 11 projections-débats...et une trentaine de lectures de contes. Le livre de 4acg sera présent au forum des écrivains ; on regrettera cependant l’absence de 4acg aux débats concernant les appelés.

La présentation à Paris du nouveau livre sur la pèriode coloniale 1830-1962.

Ce cycle parisien a été officiellement lancé le 27 septembre par la présentation du nouveau livre "1830-1962. Histoire de l’Algérie à la période coloniale". Nous étions trois membres de 4acg à assister à cette rencontre-débat organisée au musée de l’Hotel de Ville de Paris, devant une salle bien remplie, autour de responsables des Éditions de la Découverte, de Catherine Simon du "Monde" et de trois directeurs de l’édition, dont notre amie "préfacière" Ouanassa Siari Tenghour.

Nous avons déjà présenté ce gros document de 700 pages dans une brève du site. Mais cette rencontre et la lecture du livre nous a apporté d’autres éléments d’information et de réflexion.

Il faut rappeler que c’est d’abord une expérience unique de co-édition franco-algérienne. Un travail de 83 auteurs co-dirigés par 2 auteur(e)s algériens et 2 auteur(e)s français qui ont décidé d’élaborer, pour la première fois une histoire partagée. Et parmi les auteurs étrangers, environ 25 sont d’origine algérienne, 3 viennent des USA, 4 du Royaume-Uni, 2 du Canada et 1 d’Allemagne. L’histoire de l’Algérie coloniale n’intéresse pas que les français et les Algériens.

Le livre est très didactique. Il se divise en 4 périodes : 1830-1880, 1881-1918,1919-1944 et 1945-1962, pour rappeler la période de conquête, la construction de deux Algérie (la française et l’algérienne), l’émergence des initiatives proprement algériennes et le chemin vers l’indépendance.

Chaque période, complétée par une chronologie détaillée et spécifique, présente une suite de chapitres de contenus très divers, sociaux, historiques, économiques..., distinguant aussi les "lieux et espaces" ainsi que les "acteurs" et le "contexte". Chaque auteur nous livre une analyse pointue, complétée d’une bibliographie ciblée, sur un aspect qu’il a particulièrement étudié. Ce qui permet la découverte de faits souvent ignorés de l’histoire classique, surtout durant la période précédant 1945. Comme la spoliation foncière en 1830, l’insurrection de 1871, l’influence du saint-simonien Ismaÿl Urbain entre 1850 et 1870 , le code de l’indigénat de 1881, la révolte de 1916 dans les Aurès, la peinture orientaliste, les célébrations du centenaire, ou l’influence des scouts musulmans à partir de 1930.

Les historiens présents lors du débat ont rappelé leur volonté de mettre l’accent sur des aspects peu traités voire inédits de la période coloniale.

Une mise au point nécessaire.

Ce débat a également été l’occasion d’une mise au point importante. Un assistant regrettait que l’on n’insiste pas assez sur les excès du colonialisme et les souffrances du peuple algérien allant jusqu’à parler de reconnaissance d’un génocide. Les auteurs "des deux rives" lui ont rétorqué qu’ils avaient sciemment écarté le discours victimaire qui n’ajoutait rien à l’analyse et risquait de cristalliser les rancœurs.

L’un a même rappelé la parole d’un responsable du FLN, maltraité en détention, qui préférait que son calvaire soit reconnu comme celui d’un héros, plutôt que celui d’une victime.

Étant donné le parallèle évident entre le livre et l’exposition du musée de l’armée qui l’avait précédé, l’habituelle question sur les motivations des responsables militaires qui ont "tout mis sur la table" n’ a pas eu de réponse parmi les trois auteurs du livre. Les historiens s’interrogent toujours !

En conclusion, s’il ne fallait acquérir qu’un livre retraçant toute l’histoire coloniale de l’Algérie c’est celui-ci qui devrait avoir la préférence...en le complétant bien sur par le nouveau livre de 4acg...!


[1Toutes les manifestations sont précisées dans l’article "Évènements"

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