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Participation de la 4acg aux « Rendez-vous de l’histoire à Blois »

vendredi 19 octobre 2018, par Christian Travers

Les Rendez-vous de l’histoire, créés par Jack Lang il y a plus de 20 ans, sont devenus le rendez-vous incontournable des historiens et de ceux qui s’intéressent à l’histoire : 45000 festivaliers, 700 rencontres, débats et conférences, 1000 intervenants. La 21e session, qui s’est tenue du 10 au 14 octobre, était consacrée à la Puissance des images.

Au milieu de ces multiples activités plusieurs rencontres organisées par l’ONACVG ont eu lieu le 12 octobre avec pour thème : Des images et des outils pour enseigner la guerre d’Algérie.
Le matin, il s’agissait de présenter à un groupe d’élèves de deux classes de terminales les tableaux réalisés par l’ONACVG sous la conduite de Raphaëlle Branche, Jean-Jacques Jordi, et Abderahmen Moumen. C’est Paul-Max Morin (chargé de mission pour les interventions scolaires) qui de façon compète et didactique a réalisé cette présentation.

Paul Max Morin présentant l’exposition aux élèves de Terminale de Beaugency
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Ensuite cinq intervenants ayant connu et souffert de la guerre, accoutumés à des interventions dans les établissements, ont pris chacun un groupe d’élèves afin de leur faire part de leur expérience et de la façon dont ils en ont été marqués. Ensuite ils se sont chacun soumis aux questions des élèves pendant plus d’une heure. Ce sont les professeurs qui avaient choisi ce format. Ils ont ensuite prévu de mettre en commun ce travail des groupes et je leur ai suggéré de demander ensuite aux élèves de faire part de leur ressenti de façon individuelle ou collective.
Chacun des groupes était animé par : un ancien appelé, Christian, un ancien FLN , Rahim, un ancien supplétif, Messaoud, et deux ex-européens d’Algérie Jacqueline et Héliette.

L’après-midi c’est devant un groupe de 50 professeurs que les mêmes personnes ont eu à intervenir. Il s’agissait de leur donner un supplément de moyens pour évoquer la guerre d’Algérie, et de dire combien l’intervention d’acteurs ou de témoins de cette guerre était profitable pour enraciner l’enseignement dans le vécu, et qu’ajouter de l’émotion aux savoirs objectifs dispensés par les professeurs permettait de susciter la réflexion des élèves sur leur responsabilité.
Outre Paul-Max Morin qui assurait le rôle de médiateur, c’est Raphaëlle Branche, Maître de conférences à l’université de Rouen, qui a introduit les problématiques historiques en soulignant les difficultés et en essayant d’apporter quelques réponses aux écueils que peuvent rencontrer les professeurs.
Ensuite Abderahmen Mounen, historien, aujourd’hui salarié de l’ONACVG et chargé de mission au même titre que Paul-Max Morin d’organiser des interventions scolaires, a indiqué aux professeurs le rôle central de l’Office qui gère les anciens combattants mais aussi les anciens supplétifs et les rapatriés.
Il a surtout détaillé les nombreuses ressources qui sont mises à disposition des professeurs pour exercer leur enseignement.
Lorsque le tour des acteurs/témoins est venu j’ai pu, en me présentant, souligner la spécificité de la 4acg et détailler ses objectifs et les actions qu’elle mène pour aller vers la réconciliation et plus de fraternité avec le peuple algérien.
Et puisqu’il s’agissait d’exprimer devant les professeurs l’intérêt de faire venir notamment des anciens appelés dans leurs classes, j’avais préparé le schéma de mon intervention. Je le livre ici pour le cas où des adhérents pourraient y trouver ici ou là des éléments qui pourraient les aider dans leurs interventions.

Les anciens appelés

Ils ont le plus souvent été entraînés dans cette guerre par un pouvoir qui refusait de voir l’évidence : manque de maturité et de formation politique, crainte de passer pour lâches, respect des ordres de la République et d’un gouvernement démocratiquement élu.
Pour finir, ils n’ont pas eu le courage de dire : "non je ne combattrai pas des résistants algériens qui n’aspirent qu’à se libérer du joug de la colonisation".

Aujourd’hui, certains sont honteux des actes qu’ils ont commis, d’autres plus nombreux n’ont pas de sang sur les mains mais ils portent le déshonneur de la France qui n’a pas alors respecté notre belle devise : Liberté, Égalité, Fraternité, et qui s’est engagée dans cette guerre imbécile.

De cette honte, de l’horreur de la guerre qu’ils ont connue, ils souhaitent témoigner et poser notamment la question de la résistance et de la soumission : doit-on obéir à un ordre injuste, contraire à ses valeurs et au respect des droits de l’homme et à leur dignité ?

Les professeurs

Qu’attendent de nous les professeurs lorsqu’ils nous invitent à témoigner et à débattre devant les élèves, ou plutôt que pouvons nous leur apporter ?
Ils ont traité le sujet avec leur savoir d’historiens. Ils ont raconté les faits et expliqué leur enchaînement.
Alors peut-être attendent-ils de nous un récit parcellaire, subjectif, plein d’émotion tel que des acteurs et témoins survivants peuvent apporter...
C’est cet ancrage humain, dans le réel, dans le vécu qui fige l’attention des élèves, leur fait venir les larmes aux yeux, les pousse à la réflexion les interroge au plus profond d’eux mêmes.
L’origine diversifiée des témoignages révèle la complexité de cette guerre, des situations, et que mémoires (au pluriel) n’est pas histoire.
Et, cerise sur le gâteau, le fait que sur la même estrade se présentent un ancien appelé, un ancien moudjahidin, un ancien pied noir et parfois même un harki, est un message de réconciliation et de paix irremplaçable.

Les anciens ennemis sont devenus des frères

Cela parle aux élèves, qui bien souvent ont connu cette guerre à travers une histoire familiale parfois partisane. Cela leur parle aussi parce qu’ils sont parfois confrontés au racisme, que souvent, ils rejettent le monde que nous avons construit, et que nos interventions peuvent leur redonner espoir.

Les élèves

C’est l’élément le plus intéressant et le plus important car c’est pour eux que ces séances sont organisées. Nous sommes là pour éveiller leur conscience, développer leur esprit critique, les inciter à la vigilance, leur dire qu’il ne faut pas avoir peur de s’engager.
Leurs réactions peuvent être bouleversantes et la reconnaissance qu’ils expriment est notre meilleur remerciement. J’ai alors cité 10 ou 15 témoignages d’élèves ponctionnés dans les comptes-rendus qui figurent sur notre site dans la rubrique « interventions scolaires ».

En fin de séance j’ai pu signaler, en leur montrant, que parmi les moyens que l’on peut recommander aux professeurs il y a :
 notre livre : « Guerre d’Algérie, Guerre d’indépendance : Paroles d’humanité »
 le film d’Emmanuel Audrain « Retour en Algérie »
 notre site dont la richesse les étonnera.
 et je leur ai distribué une quinzaine de plaquettes.

Christian Travers

Rendez-vous de l’histoire

http://www.rdv-histoire.com/le-festival

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