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A Nantes, ce colloque a été un succès :

"Mémoires des anciens appelés en Algérie et construction d’historicités"

mercredi 28 novembre 2012, par Gérard C. Webmestre

L’amphithéâtre Kerneis a accueilli ce colloque de l’Université Permanente de Nantes (UPN), dans le programme duquel une large place était faite au travail groupe 4acg qui a travaillé deux ans pour éditer ce livre. C’était le 21 novembre 2012.Des présentations et des échanges riches autour de la construction, ou reconstruction des évènements par la mémoire, avec l’après-midi la participation de Boris CyrulniK.

L’UPN souhaitait organiser à Nantes une manifestation pour marquer le cinquantenaire de la fin de la guerre d’Algérie.
Gaston Pineau, chercheur-enseignant à Tours, et Martine Lani-Bayle, enseignante à l’université de Nantes, tous deux intéressés par la mémoire et les histoires de vie, ont proposé de réfléchir autour du thème : "Mémoires des anciens en Algérie et construction d’historicité".
Les Mémoires... Celle de chacun...en quoi participent-elles à la construction des histoires individuelles et collectives ?

Jean-Claude Doussin et Gaston Pineau

Gaston Pineau, adhérent 4acg, a fait appel au groupe qui a travaillé au recueil de témoignages, à leur mise en forme, jusqu’à l’édition du livre "Guerre d’Algérie, guerre d’indépendance - Paroles d’humanité."

Une journée en plusieurs temps.

Une introduction de la journée par Gaston Pineau:la construction d’historicité... Quels sont les différents entre historiens, politiciens et les acteurs de terrain, trop souvent muets. Il leur est souvent reproché d’être trop subjectifs, pas neutres, donc de ne pouvoir faire l’histoire.Comment construire la paix avec des faits de guerre ? Qu’est-ce que cela produit chez l’auteur d’écrire ces souvenirs douloureux ?

Bernard Pointecouteau, président de l’association, a présenté les 4acg, origine, valeurs et objectifs de l’association.

Nous étions une vingtaine de membres de l’association présents au milieu d’une assemblée déjà nombreuse.

Jean-Claude Doussin, qui animait le comité de rédaction du livre, a présenté avec un diaporama, la méthode, les différentes étapes du travail, les difficultés, les questions qui se sont posées, les craintes, les satisfactions...
Ils avaient conscience de la confiance totale qui leur était accordée par les auteurs des témoignages. Ces écrits suscitaient chez eux émotions, respect, interrogations. L’édition d’un livre était, pour tous les membres du comité, une "première" qu’ils sont heureux d’avoir vécue et partagée, et ont le sentiment d’avoir vécue une belle aventure. Se sont exprimés ensuite d’autres membres du comité de lecture sur leurs vécu de cette guerre.
Nous retenons cette question qui hante Pierre, dont le frère a été tué en Algérie : "Quand un conflit armé se prépare, comment pourrait-on faire pour, rapidement, partir sur la voie de la raison et éviter les carnages ?"

La parole est laissée à la salle, des personnes s’expriment, anciens appelés et familles, toujours avec beaucoup d’émotion et des questions en suspens... dont voici un exemple. Un débat serein.

Jean-Yves et Gilles, du comité de rédaction

Suit un autre moment très fort : le film de Bernard Andrieux "Chronique de la guerre d’Algérie- Facettes d’une guerre".
Bernard ne désirait pas faire un travail d’historien ou de documentaliste. Il a recueilli cinquante trois témoignages, en France et en Algérie, des différents acteurs de cette période : appelés, membres de l’ALN, du FLN, pieds-noirs, militaires de carrière, membres de l’OAS... Il a interviewé des combattants, mais aussi des femmes, des enfants. Un film qui respire la tolérance et le respect.

La matinée s’est achevée, et surtout, de l’avis général des spectateurs, l’émotion est trop forte, elle entraverait l’expression immédiate de la parole. La discussion prévue n’aura pas lieu.

Le colloque reprend avec Xavier Jacquey, ancien appelé et membre de 4acg, auteur de « Ces appelés qui ont dit non à la torture », Jean-Claude Doussin et Corine Chaput-Le Bars, fille d’appelé, et qui se qualifie d’ "héritière du silence".

Xavier témoigne des difficultés rencontrées par la mémoire, des réflexions et ajustements opérés lorsqu’elle est confrontée aux faits reconstitués par les historiens, et aux souvenirs des anciens moudjahidine rencontrés (texte ici).

colloque de Nantes : l’assemblée

Corinne Chaput-Le Bars dans sa prise de parole, interroge : "En quoi faire le récit de sa vie, lorsqu’on a subi une situation extrême, en l’occurrence une situation de guerre, et donc les traumatismes qui s’y rattachent, peut-il contribuer à réduire ou effacer les séquelles des dits traumatismes ?"

Ensuite, Boris Cyrulnik et Augustin Barbara interviennent sur le thème "Avec ce qui s’est passé, comment construire ?". Sans reprendre toute l’intervention de Boris Cyrulnik ( mieux vaut lire ses ouvrages...), nous avons retenu quelques paroles qui ont paru fortes aux anciens appelés :
Il y a un "devoir de savoir" pour les extrémistes actuellement...
La fin de la guerre n’est pas la fin des problèmes, mais les début d’autres problèmes... (Soldats de retour d’Afghanistan, suicides aujourd’hui dans l’armée française).

  • Il faut ’’parler guerre’’ et non ’’parler de la guerre’’
  • Dire "Choisis ton camp" équivaut à une déclaration de guerre
  • Si vous cherchez à être "très heureux", soyez très obéissant... ( soumis). Afin de ne se poser aucune question, n’avoir aucune revendication etc...

Pour terminer la journée, Thierry Piel commente des images d’archives de l’INA et explique comment et dans quel contexte le conflit s’est développé, "de la drôle de guerre à la guerre ouverte, de 1954 à 1958"


Nous ne manquerons pas de vous informer de la sortie du film de Bernard Andrieux.

Messages

  • Appelé comme soldat du contingent, alors qu’il est étudiant, militant contre la guerre d’Algérie et pour l’indépendance, Michel a juste vingt ans quand il découvre ce pays. Dès son arrivée, il est ébloui par la lumière et la beauté du Sud où il est affecté. Mais il est révolté par les exactions, la torture, les violences contre les femmes, pratiquées par l’Armée Française. Cette guerre"sans nom", en même temps qu’elle l’interroge sur son propre rapport au danger et à la peur, le confirme dans son attachement aux droits de l’homme et aux valeurs de respect et de fraternité. Ces deux années d’Algérie sont à l’origine des combats de toute sa vie.
    A partir de 2003, il décide de rompre le silence afin de mieux comprendre par l’écrit pourquoi, depuis son retour, il éprouve un tel sentiment d’exil, comment concilier vie passée et vie présente : ces cahiers sont " le journal de bord d’un retour[...] vers une terre commune au présent et au passé, une île, à égale distance de l’une et l’autre rive de la Méditerranée[...]"
    Michel souhaitait publier ces carnets. Avec ses amis Agnès Spiquel et Christian Phéline, nous avons tenu à rendre ce témoignage accessible à tous.
    Claudie Barré
    Michel Barré nous a quittés le décembre

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