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Lettre culturelle franco-maghrébine #73

mercredi 8 février 2023, par Anne Doussin

Quelques extraits de la lettre culturelle de l’association partenaire de 4acg « ?Coup de Soleil ? »

Éditorial Les activités de Coup de soleil et ses centres d’intérêt sont décidément très multiples. Et nous tenons beaucoup à cette diversité, pour que des lecteurs aussi différents que possible trouvent leur compte à la lecture de La Lettre.

« L’ARCHIPEL IBADITE, UNE HISTOIRE DES MARGES DU MAGHREB MEDIEVAL », par Cyrille Aillet, CIHAM éditions Lyon Avignon 2021

Que nos lecteurs ne soient pas inquiets : le Maghreb médiéval leur paraîtra peut-être un monde aussi lointain qu’obscur et pour comble voilà que l’auteur de ce livre annonce son intention de l’aborder par ses marges, ce qui pourrait ajouter une complication supplémentaire au savoir couramment reçu sur cette période et sur ces lieux. Or ce qui s’impose en premier lieu est une bonne surprise : s’il est vrai que l’auteur de ce travail est d’une minutie extrême et d’un savoir considérable, il est aussi d’une très grande lisibilité, sans doute par la clarté de son écriture et par l’organisation des chapitres, permettant à chaque fois de rebondir et d’enchaîner les faits marquants qui caractérisent l’ibadisme.

« SAARA » par Beyrouk, roman, éditions Elyzad, 2022
Les lecteurs fidèles de « La Lettre » de Coup de soleil connaissent déjà Beyrouk, grand écrivain mauritanien, et retrouveront dans ce dernier roman (à la magnifique couverture) ses thèmes habituels, sous une forme sans doute plus violente (faut-il dire moins nuancée) que dans les précédents.
Comme d’habitude et de manière plus tranchée que jamais, il y est question des différentes composantes de la société mauritanienne, malheureusement incompatibles, en sorte que certaines apparaissent ici comme vouées à la disparition. Les formes traditionnelles (ce qui ne veut aucunement dire réactionnaires, car on voit dans le livre qu’elles seraient au contraire susceptibles de s’adapter si elles ne subissaient d’insupportables pressions) ne sont d’ailleurs pas d’un seul modèle et les deux personnages principaux de « Saara » sont la preuve qu’il y en a au moins deux, incarnés l’un par Saara, superbe femme magnifique et libre, et l’autre par le Cheikh, qui se trouve à la tête d’une petite société de croyants attachée au territoire d’une oasis appelée Louad, hors de laquelle elle ne saurait vivre. Sans que l’auteur intervienne directement pour donner son opinion sur cette dualité, on sent bien que son désir profond est une conciliation entre ces deux tendances, qui dans le livre prendrait la forme d’un amour réciproque entre ces deux personnages, aussi séduisants l’un que l’autre pour des raisons bien différentes mais compatibles — c’est du moins ce que l’auteur veut croire. Le malheur des temps veut que ce rapprochement n’ait lieu qu’in extremis dans le livre, alors que l’un et l’autre sont expulsés de Louad comme des proscrits et voués à disparaître par les nouveaux maîtres des lieux qui les traitent sans ménagement—c’est un euphémisme, mieux vaudrait dire avec une implacable et inhumaine férocité…/…

« L’HOMME DE TANGER », roman policier de Gilles Gauthier, éditions Riveneuve, 2023

Quelle bonne idée d’avoir traité ce sujet sous la forme d’un roman policier, avec des personnages innocents ou presque et d’autres au contraire très méchants qui poursuivent les précédents avec les pires intentions. Comme il y a des policiers et même de haut grade des deux côtés, on ne peut accuser l’auteur de la démagogie facile qui consiste à accuser les représentants de l’État de tous les maux tandis que la pègre et les hors la loi rayonneraient par la justesse de leur cause. De toute façon le roman n’est pas chargé d’intentions politiques, il est même probable qu’il revendique son titre de « policier » pour signifier d’emblée que son but n’est pas de véhiculer un discours idéologique.
Le sentiment le plus fort qui se dégage du livre concerne la ville de Tanger et c’est un sentiment d’amour pour cette ville, bien qu’elle ne soit l’objet d’aucune idéalisation.

Théâtre

« MEMOIRES COLLECTEES » Pièce de Théâtre du collectif 81 %, mise en scène Rodolphe Harrot.

Issue d’un travail de collecte d’archives et de recueil de mémoires, auquel certains membres de notre association ont contribué, cette pièce a été représentée au Théâtre des Marronniers de Lyon du 16 au 20 janvier 2023. Il est à souhaiter qu’elle soit programmée à l’avenir dans d’autres théâtres et lieux de diffusion tant ce travail d’écriture et de jeu mérite de trouver ses publics. En particulier, selon nous le public lycéen qui se penche sur la question des mémoires entremêlées de la guerre d’Algérie.

Film : Youssef Salem a du succès
Il y a plus d’une raison de voir ce film et d’y prendre plaisir. Comme c’est l’histoire d’un romancier jusque-là sans succès et soudain promu jusqu’au Prix Goncourt, il donne l’occasion d’évoluer dans le milieu éditorial parisien, lequel pourrait bien être un véritable vivier de figures pittoresques et vaguement comiques, en tout cas c’est souvent ainsi qu’il est représenté, avec abondance de mondains défraîchis et de vieilles alcooliques maniérées. Autre milieu, autre folklore, c’est la famille de Youssef, parents, sœurs, conjoints conjointes, une famille maghrébine de France dont on s’attend à ce qu’elle nous soit présentée sur un mode satirique ravageur et digne de Woody Allen.

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