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Les collégiens d’Asnières dépoussièrent le cinquantenaire

samedi 16 juin 2012, par Michel Berthelemy

Et si les jeunes montraient le chemin ? Et s’ils apportaient leur pierre, essentielle, à la mémoire collective, en bousculant légèrement les adultes ?
Récit d’une soirée exceptionnelle.

Au collège Auguste-Renoir d’Asnières-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine, j’étais invité, le vendredi 8 juin, à participer à une initiative tout à fait novatrice : deux professeures de 3e, soutenues par la Directrice de l’établissement, ont proposé en début d’année à leurs deux classes de choisir un thème, de le travailler en vue d’une rencontre à laquelle seraient conviés l’ensemble des élèves, leurs parents, les enseignants, et des invités de leur choix. Principe de départ : vous choisissez votre sujet, vous le traitez comme vous l’entendez, et nous les enseignants ne seront là qu’en soutien éventuel.

Ils se sont réunis, ont débattu, et choisi pour thème... le cinquantenaire de l’indépendance algérienne, en prenant pour titre : Cultures croisées : commémoration des 50 ans de l’indépendance de l’Algérie.

Des mois de travail

Agés d’une quinzaine d’années, issus pour bon nombre de l’immigration algérienne, ces filles et ces garçons se sont mis au travail. Ils ont rencontré des historiens, effectué des démarches à l’Institut du Monde arabe et au Centre culturel algérien, constitué une documentation, rassemblé une importante bibliographie, qu’ils ont mis ce soir-là à disposition des visiteurs. Une équipe a réalisé un diaporama qui tournait en boucle dans un coin aménagé de la salle. Un autre groupe s’est plongé dans les archives cinématographiques pour en extraire un film d’une dizaine de minutes retraçant les grandes lignes de la guerre d’Algérie.

Du sérieux, mais aussi des rythmes et des couleurs

En intégrant chants, danses et théâtre, ils ont aussi tenu à donner un air de fête à leur soirée.
Symboliquement, la soirée a commencé par l’interprétation des hymnes français et algérien, chantés et joués par deux filles et deux garçons.
Puis est venue, après la projection du film réalisé par les élèves, la conférence-débat, dialogue entre la salle et trois intervenants : Naïma Yahi, historienne, Jacques Loux, qui a vécu en France la période de la guerre, et Michel Berthelemy, de la 4acg. Echange informel, auquel se mêlent les adultes. Bientôt suivi de danses traditionnelles - danse du ventre, danses kabyles, danse regada - par des jeunes filles qui s’en donnent à cœur joie, accompagnées par les youyous du public et les encouragements des garçons. Le plaisir se lit sur les visages, on rit, on s’interpelle, on improvise, on ne veut pas que ça s’arrête... Succèdent à ce moment de joie, lu par une collégienne, un poème de Ahmed Taleb, extrait des "Lettres de prison, 1957/1961", et une courte adaptation théâtrale, par trois garçons, d’un film de Mohamed Lakhdar-Hamina, intitulé "Hassan Terro" (Hassan le terroriste), où l’on assiste à l’interrogatoire d’un vieux fellah par un militaire français et un harki.

Un sacré coup de jeune

Invitées d’honneur : trois sœurs, trois chanteuses qui ont formé un groupe, "La voix des racines". Leurs chants, puisés dans le répertoire kabyle, relatent les différentes étapes de la colonisation et de la guerre de libération, jusqu’au chant de victoire de l’indépendance. Moment fort de communion avec le public.

Et tout le monde se retrouve, invités, intervenants, élèves, parents, enseignants, autour d’un buffet préparé par les collégiens, avec pâtisseries traditionnelles, dattes, figues et boissons en tous genres.

Merci à ces deux professeures et à l’établissement tout entier d’avoir offert à leurs élèves la liberté de concevoir et organiser cette soirée, d’avoir suscité cet enthousiasme et ce bonheur de dire ce que, peut-être, ils n’auraient jamais osé dire et faire : parler librement de leur propre histoire.

Un souhait pour conclure : que cette rencontre en annonce beaucoup d’autres, dans les collèges, les lycées, ou ailleurs, afin que les jeunes générations insufflent une vitalité nouvelle à la mémoire collective.

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