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La sale guerre...

samedi 24 juin 2017, par Jacques Pous

Notre ami Jacques Pous nous adresse ce texte écrit en réaction à l’intervention occidentale en Irak et en Syrie. Ce texte a été publié une première fois le 7 septembre 2016 dans la revue suisse "L’événement syndical".

 
Lisez les journaux, écoutez la radio, regardez la télévision non pas pour vous informer – vous perdriez le plus souvent votre temps – mais pour savoir quelle est l’information incontournable car on n’en parle pas, car on ne la montre pas, celle que l’on tente de faire disparaître sous le tapis, mais celle qu’il faut justement hurler sur tous les toits en essayant d’utiliser le peu de liberté d’expression qui nous reste.
L’information qu’aujourd’hui il faut faire circuler car personne ou presque ne la donne est que nous (ceux qui la font et ceux qui se taisent) menons une sale guerre, une guerre de bombardements aveugles en Iraq et en Syrie.
Il y a les bombardements ‘ignobles’ comme à Alep – et ils le sont – ceux du pouvoir syrien et du pouvoir russe, et il y a les bombardements ‘nobles’ – les frappes chirurgicales, esthétiques et morales (un léger nuage de poussière qui surplombe une croix) qui signalent au peuple reconnaissant que justice a été faite. Les premiers ne feraient que des victimes civiles, les seconds – les nôtres – ne tueraient que des terroristes sauf – car il y a toujours un sauf – lorsqu’ils font des victimes dites collatérales car il s’agit de victimes que l’on ne peut pas cacher : un site d’une ONG occidentale ou un hôpital tenu par Médecins sans frontières.
Or tout le monde sait, car il y a eu de nombreux précédents, que la réalité n’est pas celle que l’on nous montre et, dans quelques mois, lorsque nous aurons gagné cette nouvelle « bataille contre la barbarie et le terrorisme » et comme d’habitude perdu la guerre, les silencieux d’aujourd’hui dénonceront, les sanglots dans la voix, les crimes commis et pleureront, trop tard, les victimes innocentes.
En effet, pour se faire une idée de l’ampleur des victimes civiles, il suffit de regarder les quelques images des villes dites libérées (Ramadi, Palmyre ou autres) que, pour bien nous convaincre de la réalité de nos victoires, des télévisions distraites nous montrent.
Dans les semaines et les mois à venir, cette sale guerre qui, comme les précédentes, crée les terroristes de la prochaine (nos lâches bombardements suscitent leurs lâches attentats et leurs lâches attentats suscitent nos lâches bombardements) va prendre, dans des villes comme Mossoul de plusieurs centaines de milliers d’habitants, avec les offensives qui se préparent et qui seront du côté de la coalition essentiellement aériennes, une ampleur jusqu’ici inégalée.
Or, une ville, même si elle est sous la coupe d’un pouvoir ennemi, est peuplée, comme les nôtres, avant tout de femmes et d’enfants, de civils qui, de plus, dans le cas présent, n’ont pas choisi ceux qui les dirigent, alors que nous, nous avons élu ceux qui prétendent défendre nos valeurs. Il est peut-être encore temps, si nous parvenons à nous faire entendre, d’empêcher le massacre des habitants de Mossoul ou autres localités moins importantes en exigeant l’arrêt total de toute guerre aérienne qui, dans une guerre asymétrique où les combattants sont étroitement mêlés aux civils, se réduit le plus souvent à un massacre des innocents.
Arrêtons le massacre des innocents chez eux pour espérer l’arrêter chez nous.
 
Jacques Pous, ami 4acg

Messages

  • Je ne peux que vouloir la parution de ce texte. Aujourd’hui, à Mossoul des combattants de Daech se mèlent aux civils qui fuient et se font exploser parmi eux. Engager des débats au sein des 4ACG, avec des partenaires au sujet des conflits et guerres dans lesquels la France est impliquée est urgent. A.Desjardin

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