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L’arrestation de Djamila Boupacha

samedi 24 août 2019, par Gérard C. Webmestre

La séquence 8 de "La chanson et la guerre d’Algérie", consacrée à Djamila Boupacha, nous donne l’occasion d’apporter quelques éléments d’information complémentaires sur l’arrestation de cette résistante algérienne dont le destin est resté dans les mémoires.

Interpellée chez ses parents, à 22 ans, dans la nuit du 10 au 11 février 1960, suspectée d’avoir posé une bombe à la Brasserie des Facultés à Alger, elle a été brusquement réveillée par des militaires qui l’ont entraînée dans la cour sans lui laisser le temps de s’habiller. Là, un capitaine "m’a frappée", dit-elle, "m’a giflée à plusieurs reprises, me portant des coups de poing au corps, pour ensuite me demander si je connaissais Si Djamal et Si Mourad, deux "frères". (...) Ils m’ont ensuite conduit sur la route où j’ai été à nouveau maltraitée (...) J’ai été amenée dans une 403 au centre de tri d’El Biar, où le même capitaine m’a encore giflée (...) et m’a encore porté des coups de poing. Un ou deux jours après, un capitaine parachutiste que je voyais pour la première fois m’a porté des coups, m’a saisie par les cheveux, tordu le cou. Tombée à terre, j’ai reçu sur la poitrine des coups de talon".

Examinée quatre jours plus tard par un médecin militaire, elle est ensuite conduite à la caserne du Génie à Hussein-Dey. "C’est dans cette caserne que j’ai été soumise au courant électrique. Un fil, maintenu par du scotch, a été placé sur mes seins, mes jambes, à l’aine, et aux parties génitales. J’avais été préalablement attachée avec des sangles sur un fauteuil de bois très incliné. Les inspecteurs me posaient des questions sur mes "frères". j’ai déclaré avoir reçu des "frères" et leur avoir fourni des médicaments". A nouveau soumise à la magneto et aux brûlures de cigarettes, torture répétée le lendemain matin, elle a été traînée dans une nouvelle salle : "j’ai été attachée aux poignets, , tandis qu’un bâton était glissé entre mes avant-bras et mes genoux. Ce bâton devait ensuite être placé au-dessus d’une baignoire pleine d’eau. En me faisant pivoter autour de ce bâton, ils me plongeaient par intervalles la tête dans l’eau... pour me demander où se trouvaient les frères, ce que j’ignorais... ils m’ont jetée à terre, j’étais nue, les bras relevés et maintenus au sol. Une bande de toile me serrait à la ceinture. Ces hommes m’ont introduit successivement dans le vagin le goulot d’une bouteille de bière et une brosse à dents, j’ai perdu connaissance". Interrogée à nouveau, elle a cité son père Abdelaziz comme témoin. "En sa présence, j’ai été frappée par le même capitaine".

Abdelaziz Boupacha a ensuite témoigné, le 29 mai 1960, à Beni-Messous, des violences subies par lui, Djamila et sa famille, le jour de l’arrestation de sa fille. Lui aussi a été maltraité, emprisonné et torturé durant plusieurs semaines. Il lui en est resté des séquelles importantes.

Les récits de Djamila et de son père ont été publiés pour la première fois dans la revue Vérité Liberté de juillet/août 1960 (d’où est extrait cet article), ce même numéro dans lequel Pierre Vidal-Naquet a signé son article intitulé "La justice hors-la-loi".

A lire : Djamila Boupacha, Gisèle Halimi, éd. Gallimard, 1962,

A voir : Pour Djamila, téléfilm réalisé par Caroline Huppert et diffusé pour la première fois le 20 mars 2012 sur France 3.

Pour Djamila
Comment en pleine guerre d’Algérie, la jeune avocate Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir ont transformé la condamnation d’une militante du FLN en tribune pour l’indépendance. Un téléfilm historique émouvant de Caroline Huppert, avec Hafsia Herzi


Djamila Boupacha

Djamila BOUPACHA

https://fr.wikipedia.org/wiki/Djamila_Boupacha

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