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L’Algérie refuse d’accorder un visa à l’écrivaine Annie Ernaux

jeudi 26 octobre 2023, par Michel Berthelemy

L’Algérie refuse d’accorder un visa à l’écrivaine Annie Ernaux

Aucune explication n’a été donnée par les autorités d’Alger. Selon des observateurs, la décision pourrait être liée à une tribune cosignée en mai par Annie Ernaux, réclamant la libération du journaliste algérien Ihsane El Kadi.

Le Monde Afrique, Karim Amrouche, 24 octobre 2023 (Alger, correspondance)

L’écrivaine française Annie Ernaux, Prix Nobel de littérature 2022, n’assistera pas au Salon international du livre d’Alger, dont la 26 ? édition s’ouvre mercredi 25 octobre. L’autrice des Années (Gallimard, 2008), s’est vu refuser le visa d’entrée dans le pays, d’après une source proche du dossier, interrogée par Le Monde. L’ambassadeur algérien en poste à Paris, Saïd Moussi, serait personnellement intervenu en ce sens, selon cette même source.

Aucune explication n’a été donnée par les autorités d’Alger. Selon des observateurs, la décision pourrait être liée à une tribune cosignée en mai par Annie Ernaux réclamant la libération du journaliste algérien Ihsane El Kadi. Le texte, publié dans les colonnes du Monde, dénonçait « l’acharnement sécuritaire et judiciaire que subissent Ihsane El Kadi et tous les prisonniers d’opinion en Algérie ».

S’adressant au président algérien, Abdelmadjid Tebboune, les auteurs de la tribune – qui avait fait grand bruit sur la rive sud de la Méditerranée – estimaient que « l’Algérie est un idéal plus vaste que le cachot qu’elle est en train de devenir pour les journalistes critiques et les voix discordantes. Elle est la terre retrouvée des damnés de la terre ».

« On ne ferme pas la porte à une amie »

En refusant d’accorder un visa à l’écrivaine, « le régime algérien ne sait même plus identifier ses amis », s’indigne un universitaire, qui a souhaité garder l’anonymat, rappelant qu’Annie Ernaux a également fait partie des signataires d’un « appel du monde de la culture pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza », publié dimanche 22 octobre dans L’Humanité.

Ce texte, qui condamne « les crimes de guerre, ceux du Hamas et ceux du gouvernement israélien », ainsi que « l’oppression et le racisme, sous toutes [ses] formes », a été bien accueilli en Algérie, où la position des autorités françaises, perçue comme trop favorable à Israël, est l’objet de sévères critiques.

« On ne ferme pas la porte à une amie dans ces moments graves de confrontations culturelles aux contours dramatiques où chaque pays compte ses amis, ses alliés, pour poser sa voix et se faire entendre », s’est indignée, sur sa page Facebook, la journaliste Ghania Mouffok. « En ne recevant pas Annie Ernaux, poursuit-elle, l’Algérie donne des armes contre ce qu’elle-même défend, depuis la profondeur de notre histoire, anticoloniale et pour un partage équitable des ressources, depuis la Palestine, le Sahara occidental, le Sahel jusqu’aux musulmanes insultées dans le droit de pratiquer leur foi avec ou sans hijeb. »

Karim Amrouche (Alger, correspondance)

Source Le Monde abonnés :

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/10/24/l-algerie-refuse-d-accorder-un-visa-a-l-ecrivaine-annie-ernaux_6196252_3212.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=ios&lmd_source=mail

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