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Hôpital Al-Shifa de Gaza : « les conditions sont tragiques, les personnes crient de soif »

samedi 18 novembre 2023, par Michel Berthelemy

Rédaction de Mediapart, 16 novembre 2023

Le directeur de l’hôpital Al-Shifa à Gaza, cible d’une opération de l’armée israélienne depuis la veille, a fait une déclaration à la presse jeudi 16 novembre, décrivant les conditions de l’hôpital, selon des propos rapportés par la BBC. Muhammad Abu Salmiya a affirmé que l’établissement est désormais à court d’oxygène et d’eau : « Les conditions sont tragiques et les personnes présentes dans l’hôpital crient de soif. »

Toujours selon la BBC, le directeur a expliqué que des chars encerclent l’hôpital, des drones le survolent et des soldats israéliens se déplacent à l’intérieur, en particulier dans le service des urgences. Selon lui, les troupes israéliennes ont fait sauter la principale conduite d’eau d’Al-Shifa. 

« Les opérations de sniping se poursuivent, personne ne peut se déplacer d’un bâtiment à l’autre, et nous avons perdu la communication avec nos collègues », a encore indiqué Muhammad Abu Salmiya, précisant que les forces israéliennes ont retiré certains corps de l’hôpital, où quatre patients sous dialyse sont actuellement dans un état critique.

Dans la matinée, un témoin oculaire à Al-Shifa avait déclaré, toujours à la BBC, que les forces armées israéliennes exerçaient un « contrôle total » de l’hôpital et qu’il n’y avait pas de tirs à l’intérieur de l’enceinte.

De son côté, le ministère de la Santé de l’administration du Hamas dans la bande de Gaza a affirmé jeudi matin, dans un bref communiqué en arabe, que l’armée israélienne avait déployé des bulldozers à l’hôpital Al-Shifa : « Des bulldozers israéliens ont détruit certaines parties de l’entrée sud » de l’hôpital.
« Ce soir, nous menons une opération ciblée dans l’hôpital Al-Shifa. Nous continuons d’aller de l’avant », avait annoncé mercredi soir le major-général Yaron Finkelman, chargé des opérations israéliennes dans la bande de Gaza, sur la chaîne Telegram de l’armée israélienne.

La résidence d’un chef du Hamas visée

L’armée israélienne a attaqué, dans la nuit de mercredi à jeudi, la maison du chef du bureau politique du Hamas, Ismaël Haniyeh, dans le camp de réfugié·es d’Al-Shati, au nord de Gaza. Selon le communiqué de l’armée, diffusé sur X, la maison, qui était inhabitée, servait de base terroriste et de lieu de réunion pour les hauts responsables du Hamas.

L’armée a également rapporté que les soldats israéliens opérant dans le camp de réfugié·es ont localisé et détruit un stock d’armes appartenant à la force navale du Hamas. Les forces armées ont également attaqué le personnel du Hamas et trouvé d’autres armes, notamment des ceintures explosives et des missiles RPG.

Une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU

Sortant du silence pour la première fois depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé mercredi à des « pauses et des couloirs humanitaires » dans la bande de Gaza.

La résolution, rédigée par Malte, adoptée par douze voix « pour » et trois abstentions (États-Unis, Royaume-Uni, Russie), « appelle à des pauses et à des couloirs humanitaires étendus et urgents pendant un nombre de jours suffisant » pour permettre d’apporter une aide humanitaire aux civils de Gaza.

Cette formulation soulève la question du nombre de jours qui serait considéré comme « suffisant ». Une précédente version du texte vue par l’Agence France-Presse (AFP) réclamait une pause initiale de cinq jours consécutifs dans les 24 heures suivant l’adoption de la résolution.
« Il faut que ce soit suffisamment long pour nous permettre de mobiliser les ressources une fois que nous aurons suffisamment de carburant, pour apporter à la population ce dont elle a besoin », a commenté mercredi Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, refusant de donner plus de détails. En général, les résolutions du Conseil de sécurité sont contraignantes, ce qui n’empêche pas certains pays de les ignorer.

La présente résolution, qui insiste à presque tous les paragraphes sur la situation des enfants, « exige que toutes les parties respectent leurs obligations en vertu du droit international, surtout concernant la protection des civils, en particulier des enfants ».

Elle « appelle » également à la « libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages détenus par le Hamas et d’autres groupes, en particulier les enfants », sans condamner l’attaque sanglante du mouvement palestinien contre Israël le 7 octobre, qui a fait environ 1 200 morts selon les autorités israéliennes. Le Conseil de sécurité avait tenté en vain de réagir d’une seule voix, après l’attaque du Hamas et le pilonnage de Gaza en représailles par Israël, des bombardements qui ont désormais fait au moins 11 500 morts, dont 4 710 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.
« Je sais que nous sommes tous déçus de l’inaction du Conseil ces quarante derniers jours », a commenté mercredi avant le vote l’ambassadeur chinois Zhang Jun.

Exposant au grand jour ses divisions de longue date sur le dossier israélo-palestinien, le Conseil avait rejeté coup sur coup en octobre quatre projets de résolution, rejets marqués notamment par des veto russe et chinois d’un côté, américain de l’autre, sur des textes concurrents.

Un bilan des morts dans l’armée israélienne

L’armée israélienne a annoncé jeudi la mort de trois nouveaux soldats dans les combats dans la bande de Gaza, portant à 51 le total de ses militaires tués depuis le début de la guerre avec le Hamas. 

L’armée israélienne avait annoncé en début de matinée jeudi que le cap de 50 soldats tués avait été atteint, avant d’en ajouter un 51 ?, mort mercredi dans le nord de la bande de Gaza. Le capitaine Shlomo Ben Nun était âgé de 22 ans.

Quatre blessés dans une attaque à Jérusalem

La police israélienne a annoncé jeudi avoir « neutralisé » trois assaillants après une « fusillade » près d’un barrage de sécurité reliant Jérusalem à la Cisjordanie occupée, les secours israéliens faisant état de « quatre blessés par balles », dont « un homme d’environ 20 ans dans un état critique ». Deux autres personnes ont été légèrement blessées.

Tous les blessés étaient membres des services de sécurité. Un journaliste de l’AFP sur place a entendu des rafales nourries de tirs à l’arme automatique au niveau de ce check-point.

De son côté, la police israélienne assure que « trois terroristes arrivés en voiture depuis la Cisjordanie ont tiré sur les forces de sécurité » avant d’être « neutralisés ».

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël, plus de 190 Palestiniens ont été tués par des colons et des soldats israéliens depuis le 7 octobre, selon le ministère palestinien de la santé.

L’armée israélienne y multiplie les raids et les incursions, assurant répondre à une « augmentation significative des attaques terroristes » en Cisjordanie, avec « plus de 550 tentatives d’attentat depuis le début de la guerre ».

Biden « relativement optimiste » pour les otages

Le président américain Joe Biden s’est dit mercredi « relativement optimiste » quant à une prochaine libération d’otages détenu·es par le Hamas et a assuré avoir demandé à Israël d’être « extrêmement prudent » dans la conduite de ses opérations dans le principal hôpital de Gaza.
« Je ne veux pas m’avancer, car je ne sais pas ce qui s’est passé au cours des quatre dernières heures, mais nous avons bénéficié d’une grande coopération de la part des Qataris », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à l’issue d’une rencontre en Californie avec le président chinois Xi Jinping.

Évoquant la « pause que les Israéliens ont acceptée », il s’est ensuite interrompu et a dit : « Je vais m’arrêter […] Mais je suis relativement optimiste. » Le Qatar est un médiateur clé dans les négociations sur la libération des otages aux mains du Hamas. Environ 240 personnes ont été enlevées le jour de l’attaque du Hamas, le 7 octobre, selon les autorités israéliennes.

Interrogé par ailleurs sur les opérations menées par l’armée israélienne dans le principal hôpital de Gaza, Joe Biden a répondu : « Nous avons discuté de la nécessité pour eux d’être extrêmement prudents. » « L’idée qu’ils [Israël – NDLR] vont simplement s’arrêter et ne rien faire n’est pas réaliste. Il ne s’agit pas d’un tapis de bombes. C’est différent. Ils vont dans les tunnels, ils vont à l’hôpital », a encore affirmé Joe Biden. « Ils apportent également des couveuses. Ils apportent d’autres moyens d’aider les gens à l’hôpital », a-t-il ajouté.

Plus tôt mercredi, la Maison-Blanche avait dit n’avoir pas « donné de feu vert aux opérations autour de l’hôpital Al-Shifa ». « Nous avons toujours été très clairs avec nos partenaires israéliens sur l’importance de minimiser les pertes civiles », a dit le porte-parole John Kirby.

Washington, qui fournit une importante aide militaire à Israël, apporte un soutien sans faille à son allié depuis l’attaque du 7 octobre, disant qu’il a le devoir et l’obligation de se défendre contre le Hamas, tout en s’inquiétant du nombre élevé de Palestinien·nes tué·es.

Source Mediapart abonnés :

https://www.mediapart.fr/journal/international/161123/le-fil-du-jour-le-directeur-de-l-hopital-al-shifa-gaza-decrit-des-conditions-tragiques?utm_source=quotidienne-20231116-185628&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-quotidienne-20231116-185628%20&M_BT=190026569658

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