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Football et pacifisme : Zitouni l’exemplaire

mardi 10 juin 2014, par Gérard Webmestre , Jean Péaud

Mustapha Zitouni nous a quittés récemment. Né à Alger en 1928, il est décédé à Nice le 5 janvier 2014.
Sa vie de militant politique fut aussi remarquable que celle du footballeur de très haut niveau qu’il fut en Algérie et à Monaco, et en reste indissociable. Voici les extraits d’un article de Jean Péaud relatant la carrière et les engagements de Zitouni
.

« Monsieur football  »

Il joue d’abord dans son pays, dans une banlieue d’Alger. Ses qualités de joueur athlétique et brillant à la fois, et de leader lui valent rapidement le surnom de « Monsieur Football  » et d’être retenu plusieurs fois dans la sélection de l’Algérois. Il devient professionnel en France à l’âge de 25 ans.

Le Onze de l’Indépendance

Début 1958, la guerre d’Algérie prend une ampleur brutale sur le terrain et une dimension politique internationale. C’est dans ce contexte international de guerre froide que Tayeb Boulharouf, membre du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne, lance alors l’idée d’une équipe de football du FLN, qui deviendra par son jeu, son spectacle, l’ambassadrice de la nation algérienne dans le monde. Ainsi nait le “Onze de l’Indépendance”, au total, 32 joueurs, dont cinq internationaux pour la France  : Ibrir, Zitouni, Ben Tifour, Brahimi et Mekhloufi.
Les footballeurs professionnels algériens se sont refusés d’apporter au sport français un concours dont l’importance est universellement reconnue. Comme tous les Algériens, ils ont eu à souffrir du climat raciste, anti-Nord-Africain et anti-musulman qui s’est rapidement développé en France au point de s’installer dans les stades. Plaçant l’indépendance de leur pays au-dessus de tout, ces footballeurs ont tenu à donner à la jeunesse d’Algérie une preuve de courage, de droiture et de désintéressement. 
Le retentissement de cette initiative est considérable , non seulement dans le milieu footballistique, mais aussi diplomatique et politique, débordant largement le bassin méditerranéen  ; l’équipe bâtie par le FLN entreprend plusieurs tournées, régale partout les spectateurs par la qualité de son jeu.
Le Onze de l’Indépendance, ambassadeur pacifique non reconnu par la FIFA, rencontrera pendant les deux premières années des sélections des pays arabes et asiatiques ainsi que des pays du Pacte de Varsovie, avec des résultats mémorables.
L’étoile technique de la sélection est Rachid Mekhloufi. Mais la tête politique en est Mustapha Zitouni. A un journaliste de L’Equipe qui lui fait observer qu’il a ruiné sa carrière internationale, il répond  : « J’ai beaucoup d’amis en France. Mais si ton pays était en guerre et qu’il t’appelait, que ferais-tu  ?  »
Bien sûr, la Fifa ne peut admettre cette manifestation de liberté. Elle interdit tout match avec l’équipe du FLN . 

Le onze de l’Algérie

Le 5 juillet 1962, l’Algérie devient indépendante. Le président Ahmed Ben Bella remercie à Tunis les footballeurs de l’équipe du FLN pour leur participation à une lutte nationale qui a aussi connu le soutien actif du Martiniquais Frantz Fanon.
Le Onze de l’Indépendance devient l’équipe nationale de l’Algérie et dispute des rencontres désormais reconnues par la Fifa. Devenu entraîneur-joueur de Kouba, Mustapha Zitouni, connaîtra sept sélections en 1963 et 1964 . 
La décennie de la dignité
La plupart des joueurs du Onze de l’Indépendance resteront en Algérie. Les plus jeunes reprendront leur carrière professionnelle en France.
Le 14 avril 1988, au Stade du 5-Juillet-1962 à Alger, les Trente-Deux célébrèrent balle au pied face à leurs frères tunisiens et libyens le trentième anniversaire de ce qui avait été l’équipe du FLN.
Les Trente-Deux ont donné, dans la fraternité de matches de football joués aux quatre coins de la planète humaine, l’exemple de ce que pourraient être les rapports entre tous les pays qui la composent, pourvu qu’ils soient libres. C’était près d’un demi-siècle après la conférence de Zimmerwald en Suisse, qui lança en 1915, sous l’égide de responsables de mouvements des socialistes des pays européens en guerre, l’idée de la paix comme horizon du genre humain.

Le onze de l’Algérie

Jean Péaud. Alain Anselin

L’article intégral est disponible ici :

Football et pacifisme : Zitouni l’exemplaire

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