Disparition de Maurice Audin : enfin la vérité ?

Saura-t-on jamais ce qui s’est passé, le 11 juin 1957, jour où Maurice Audin a été enlevé chez lui, en pleine bataille d’Alger, par les parachutistes du général Massu, puis emprisonné, torturé avant d’être officiellement « porté disparu » ?

A l’époque, le général Aussaresses, chef des Renseignements, était sous les ordres du général Massu. Aussaresses est mort en décembre 2013. Dans les derniers mois de sa vie, il aurait enfin révélé au journaliste et documentariste Jean-Charles Deniau, qu’il avait lui-même organisé l’assassinat de Maurice Audin, sur ordre de Massu.
Dans l’ouvrage qu’il vient de publier, Jean-Charles Deniau affirme avoir reçu les aveux d’Aussaresses, corroborés par le témoignage du conducteur de la jeep ayant emmené le jeune mathématicien.

De nombreux ouvrages ont enquêté pour tenter d’établir la vérité. Mais leurs auteurs se sont systématiquement heurté au « secret défense », au verrouillage des archives, et au silence des acteurs de l’époque, militaires et politiques. La « confession » d’Aussaresses comblerait-elle enfin ce vide ? Josette Audin, la veuve de Maurice Audin, en doute, rappelant la succession de versions contradictoires des témoins, ainsi que la propension, rappelle-t-elle, qu’avait le général Aussaresses à alterner dans ses propos mensonges et vérité. Son intervention a été l’occasion pour elle de rappeler que si François Hollande a regretté les méthodes utilisées par l’armée française durant la guerre d’Algérie, il lui reste à condamner publiquement, et officiellement, la torture. Invité sur France-Inter le 8 janvier, en compagnie de l’auteur, Benjamin Stora s’est contenté de resituer l’affaire dans son contexte, sans aller plus loin sur ce que présente l’auteur comme une vérité enfin établie.

« La Vérité sur la mort de Maurice Audin », de Jean-Charles Deniau, paraît aux Editions des Equateurs.

Michel Berthelemy