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Commémoration du 8 mai 1945, ne pas oublier le massacre de Sétif

dimanche 12 avril 2015, par Alain Desjardin

Dans les communes de toute la France des cérémonies sont organisées pour commémorer le 8 mai 1945. Cette date marque la victoire des Alliés sur les puissances de l’Axe et la fin des combats de la seconde guerre mondiale en Europe.
Ce jour là, le peuple français est dans la joie de la paix et de la liberté retrouvées ; c’est le début d’un nouvel espoir fondé sur les valeurs profondes de notre humanité et d’une reconstruction du pays sur les bases du programme du Conseil National de la Résistance.

Le 8 mai s’impose comme une date symbolique. Elle célèbre chaque année la victoire de la démocratie sur la barbarie nazie et rappelle à la mémoire de chacun ceux qui sont morts du fait de l’intolérance raciste et xénophobe, victimes civiles ou combattants.

Toutefois, il est de notre devoir de rappeler que cette date est aussi le début d’une guerre. Cette guerre, c’est la guerre du peuple algérien pour son indépendance.
Parmi les combattants de nombreux Algériens et Français d’Algérie ont participé à la libération de la France. En 1945, l’Algérie est un département français et des manifestations y sont prévues le 8 mai pour célébrer la victoire.
Dans les villes de Sétif, de Guelma, de Kerrata, des manifestants autorisés à défiler mais sans emblèmes ni slogans outrepassent la permission et portent l’emblème algérien et crient des slogans nationalistes. Ces pratiques sont considérées comme subversives, remettant en cause l’ordre colonial. Pour les Algériens les mots d’ordre sont la réponse à la question nationale qu’une politique d’évitement refusait d’examiner. [1]. A Sétif et Guelma, les forces de police tirent sur les porteurs de drapeaux algériens. Dès lors, les manifestations se muent en violentes émeutes entraînant la mort de 102 colons. Ce qui déclenche une répression féroce des forces de l’ordre françaises secondées par les milices de colons, avec des massacres d’une violence inouïe, aboutissant à la mort de milliers d’algériens (certaines sources dont l’ambassade américaine, avancent un chiffre avoisinant les 40 000). Comme l’écrit l’historien Mohamed Harbi [2] : « la guerre d’Algérie a bel et bien commencé à Sétif le 8 mai 1945 ».
Mais le drame passe inaperçu de l’opinion métropolitaine du fait du silence complice de l’armée et des autorités françaises.

Ce 8 mai 2015 est donc le 70e anniversaire de ce jour, heureux pour les uns, funeste pour les autres. A l’occasion des commémorations à venir, la 4ACG souhaite rappeler ces événements trop méconnus. « Rien ne se construit dans la dissimulation, dans l’oubli et encore moins dans le déni. La vérité, elle n’abîme pas, elle répare. La vérité, elle ne divise pas, elle rassemble ». [3]
Compte tenu de leur histoire commune, du passé douloureux qui lient Algériens et Français et au delà des culpabilités et des rancœurs, il est urgent que nos deux peuples puissent fraterniser en se retrouvant dans les mêmes valeurs de tolérance et de respect de l’autre.

Le 11 avril 2015
Pour le CA / Alain DESJARDIN
Président de la 4acg

[1] d’après Ouanassa Siari Tengour Histoire de l’Algérie à la période coloniale 1830-1962 Barzakh La Découverte

[2] le Monde diplomatique, mai 2005

[3] Extrait du discours du président de la République F. Hollande le 20 décembre 2012 à Alger.

Messages

  • A cette époque, j’avais quatorze ans, j’étais lycéen à Oran et je n’ai gardé pour tout souvenir que celui de l’armistice où nous nous sommes répandus, avec joie, dans la ville.

    Les massacres de Sétif n’ont pas été évoqués dans ma famille mais je les ai découverts beaucoup plus tard lors de rencontres avec des Algériens originaires du Constantinois.

    Je peux affirmer que la marine de guerre française, en cours de démobilisation sur sa base de Mers-El-Kebir, a repris du service et est allée s’installer dans l’est de l’Algérie, tirant avec de gros obus sur cette zone "en rébellion". Je tiens ce témoignage de mon beau-frère, marin, qui me parlait plus, avec fierté, de la bataille de Narvik (avril 1940) que de ses combats dans le Constantinois.

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