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Au meeting aérien du Bourget

jeudi 3 mai 2018, par Albert Mériau

Ce dimanche 15 avril 2018, j’allais au meeting aérien du Bourget voir les vieux avions du musée de l’air, à l’occasion des 120 ans de l’Aéro-club de France.

En arrivant sur le tarmac je reconnais au son le vol du T6, ces avions qui nous accompagnaient dans nos opérations en Algérie chaque fois que nous accrochions. C‘étaient des avions d’observation qu’on avait équipés d’une mitrailleuse. À leur sujet, je raconte une mésaventure dans mon témoignage. Le speaker en louait l’usage et la longévité.

J’ai failli faire demi-tour. Mais j’étais intéressé par le vol de ces vieux avions de légende du musée de l’air. La plupart des avions plus récents étaient militaires. Le speaker soulignait les connivences entre pilotes civils et militaires dans leurs formations comme dans les opérations d’entretien. Ils faisaient les évolutions les plus acrobatiques possibles, adaptées à leur âge et leur usage, juste devant nous, avec des explications bien documentées. Un mélange bon enfant, comme pour apprivoiser ces monstres de technicité et les rendre sympathiques, en omettant leur finalité.
Le bouquet final fut les évolutions acrobatiques de la patrouille de France, avec force commentaires. Une fois les avions posés devant nous, ils sont montés sur l’estrade ; j’étais à 5 mètres d’eux. Ils commencent : « Il y a 48 heures nous étions en mission en Syrie ». Pour ce que vous savez, toute la presse venait de parler de ces bombardements. Ils disaient leur joie d’être aujourd’hui parmi nous. Et ils se sont mêlés à la foule.

La guerre si proche : 48 heures ! J’ai quitté le tarmac pour me réfugier dans le hall proche de la centaine d’exposants, clubs ou associations, des mordus de l’aviation, dispersés dans toutes les régions de France. Avec souvent de petits moyens, mais beaucoup de passion.

Toute la grande aventure de l’aviation était condensée là.

Ce mélange des genres me laissait mal à l’aise. A côté du A380 qu’il fallait contourner, on pouvait admirer ces vieux tacots du musée, rapiécés par des morceaux de tôles visiblement rajoutés mais solidement soudés. Ces fadas qui les entretiennent avec passion et bénévolement en font voler quelques-uns au-dessus de nos têtes, dans ma cité voisine : oh ! juste pour un tour de piste ! Et à côté, ces gros frelons bourrés de technologie. Mais pour quoi faire ? Ce voisinage m’a décidément mis mal à l’aise.

Le mois prochain se teindra un salon exclusivement militaire, disons militaro-industriel, Satory, au parc d’expositions de Villepinte : une expo qui sera, cette fois, purement commerciale !

Albert Mériau, membre de la 4ACG