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17 octobre 1961 : Samia Messaoudi se souvient

lundi 12 octobre 2020, par Michel Berthelemy

Octobre 1961 : voilà sept ans que qu’Algériens et Français tentent de régler par la violence le conflit qui les oppose. Des négociations viennent de s’ouvrir entre le gouvernement français et le GPRA, le gouvernement provisoire de la République algérienne. Mais les violences se poursuivent en France et en Algérie. A Paris, le préfet de police Maurice Papon décrète le couvre-feu qui condamne les « Franco-musulmans d’Algérie » à ne plus sortir de chez eux après 19h. En réponse, la Fédération de France du FLN organise le 17 octobre une manifestation pacifique à laquelle sont conviés hommes, femmes et enfants. Vingt-deux mille Algériens répondent à l’appel. La répression policière est féroce. Coups de feu, matraquages, violences, les policiers se déchaînent et poursuivent les manifestants dans les rues, le métro, jusque dans la cour de la préfecture de police. A Saint-Michel, des hommes sont jetés dans la Seine. Combien ? Trois, selon le bilan officiel. En vérité, pour les historiens ce sont des centaines de manifestants qui seront victimes de cette répression sauvage.

Aujourd’hui journaliste à Beur-FM et à Clara Magazine, Samia Messaoudi se souvient (Courrier de l’Atlas d’octobre 2020) : « avec des camarades, mon père s’est mobilisé pour préparer la grande manifestation du 17 octobre. Pour les Algériens de la proche banlieue ouest, dont ceux du bidonville de Nanterre, le rendez-vous était fixé au Pont de Neuilly. Mon père s’y est rendu avec ma mère, alors enceinte, mon frère et ma sœur aînés.Mais ils n’atteindront jamais les Grands Boulevards. Le lendemain, il a fallu compter ceux qui étaient là, et ceux qui ne sont pas revenus. Plus tard, adolescente, j’ai été étonné des non-dits entourant cet événement. Pour un devoir de lycée, j’ai décidé d’interroger mon père afin de questionner ce silence. Vingt ans plus tard, j’ai consacré ma première émission sur Radio-Beur à ces événements du 17 octobre. On a été débordés d’appels d’auditeurs qui voulaient témoigner et avaient besoin de parler. En 1991, avec Mehdi Lallaoui, nous avons fondé l’association Au nom de la Mémoire, et nous avons travaillé sur le livre et le film Le Silence du Fleuve. »
Depuis cette date, avec de nombreuses associations et organisations (dont la 4acg), Samia Messaoudi et Mehdi Lallaoui participent chaque année, sur le Pont Saint-Michel, au rassemblement commémorant ce drame (voir le texte de l’appel en PJ).

Pour aller plus loin :
 La bataille de Paris, 17 octobre 1961, un livre de Jean-Luc Einaudi, Le Seuil 2007
 Meurtres pour mémoire, un roman de Didier Daeninckx Série noire, 1983
 « Du nouveau sur le 17 octobre 1961 », un billet de Gilles Manceron du 16 octobre 2017, à lire sur son blog : blogs.mediapart.fr/gilles-manceron

et deux films :
 Le Silence du fleuve, un documentaire de Mehdi Lallaoui et Agnès Denis (52 min, 1991)
 Octobre à Paris, un documentaire de Jacques Panijel (éditions Montparnasse, 1962)

17 octobre 1961 - 17 octobre 2020
59e Anniversaire - Vérité et Justice

Un rassemblement est également organisé à Valence, dans la Drôme :
Samedi 17 Octobre 2020 à 10h00 Place Porte Neuve, Valence.
(Dans le respect des conditions sanitaires actuelles)
Suivi d’une marche jusqu’au Pont Mistral pour jeter des fleurs dans le Rhône.

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